Préparez le chemin du Seigneur (2ème dimanche de l’Avent - Année B)
Texte 1 : Isaïe 40, 1-5.9-11 Après la destruction de Jérusalem en 587 avant Jésus Christ, est arrivé l’exil à Babylone, une des périodes les plus sombres de l’histoire d’Israël. Le peuple est totalement désespéré. Mais soudain, en 539, arrive un autre puissant, Cyrus, qui provoque la chute de Babylone et autorise les Juifs à repartir chez eux. C’est dans ce contexte que se situe la deuxième partie du livre d’Isaïe, appelé encore le livre de la consolation. Même s’il est difficile de dire qui parle, nous pouvons considérer le passage comme un ordre que le prophète reçoit de la part du Seigneur pour le transmettre au peuple, avec un accent particulier sur Jérusalem (v.2 et 9). Le message doit être proclamé avec vigueur et assurance (v9). Les vv. 3-5 et surtout le v.11 orientent le message vers une interprétation plus spirituelle qui concerne le Seigneur dont il faut préparer la route. De l’image de Dieu comme roi puissant, le passage se termine par l’image très familière du Dieu Pasteur qui prend soin de ses brebis. Texte 2 : Psaume 84 : Montre-nous, Seigneur ta miséricorde Ce psaume se présente comme une prière adressée au Seigneur après la faute, avec la certitude sur la bienveillance de Dieu. Avec la justice étroitement liée à l’amour, nous comprenons pourquoi la confiance et une certaine joie dominent ce psaume. Texte 3 : 2 Pierre 3, 8-14 : Faisons tout pour que le Christ nous trouve nets et irréprochables L’auteur de la 2e lettre de Pierre est bien inséré dans sa communauté, juste après le départ du Seigneur, avec les préoccupations concernant la deuxième venue du Seigneur. Le problème abordé ici est toujours actuel. Une chose est certaine : le Seigneur reviendra un jour. Mais il est inutile de nous casser la tête pour essayer de préciser le moment de ce retour. Nous pouvons avoir l’impression que le Seigneur tarde à revenir. C’est notre façon à nous de voir les choses, mais ce n’est pas ainsi que le Seigneur se situe par rapport au temps. Mieux encore, nous devons savoir que ce qui intéresse Dieu, ce n’est pas le temps, mais les hommes qu’il a créés et sauvés, et dont il ne veut perdre aucun. Ce qui nous semble un retard est plutôt un signe de son amour et de sa miséricorde. Il patiente afin de laisser aux hommes le temps de se convertir et d’être sauvés. Ce qui nous est demandé, c’est de chercher toujours à être sans tache et irréprochables devant Dieu. Texte 4 : Mc 1, 1-8 : Préparez le chemin du Seigneur Nous somme ici au début de l’évangile de Marc, et d’une certaine manière aussi au début du genre littéraire que nous appelons l’évangile - la bonne nouvelle – puisque, selon de nombreux chercheurs, Marc serait le premier à présenter un évangile écrit. Dès le départ, l’objectif c’est bien Jésus-Christ, Fils de Dieu, qui nous a sauvés par sa vie, ses paroles et ses actes, en lien étroit avec le message du prophète Isaïe qui a parlé et de lui et de son précurseur. Dans cet évangile, Marc nous montre que la Parole de Dieu est vraiment une. Le premier testament prépare le second et le second complète le premier et lui donne enfin toute sa signification. Mieux, le premier et le deuxième testament s’unissent pour nous aider à mieux connaître et situer la personne de Jésus, comme c’est déjà le cas ici. L’évangéliste nous indique ce qu’a écrit le prophète Isaïe concernant Jésus et Jean Baptiste. Homme d’une foi profonde et inébranlable, Isaïe, dans un moment difficile de l’histoire d’Israël, a su donner au peuple des paroles d’espérance. Dans la situation du peuple d’Israël au temps de Jésus, la situation n’était sans doute pas aussi dramatique mais, tout de même, le pays était sous occupation romaine. Ce n’est pas juste de comparer les situations que nous pouvons vivre avec celles du temps d’Isaïe ou des premiers chrétiens, mais il n’est pas faux de dire que les situations qui sont les nôtres ont des points de convergence avec certaines situations du passé. Le point de vue sociopolitique aura toujours son importance, mais il est peut-être bon d’affirmer que les aspects religieux, spirituels et moraux ont beaucoup plus d’importance car c’est à ce niveau que se trouvent les véritables solutions aux différents problèmes ou questions qui nous préoccupent le plus, tant du point de vue individuel que du point de vue collectif. Si nous jetons un regard attentif sur nos sociétés, nos pays et notre monde, nous nous trouvons devant la manifestation désolante de l’égoïsme, de la haine, de l’injustice et de la violence sous toutes ses formes. En un mot, ce sont là les manifestations du péché de l’homme contre lesquelles Jean Baptiste est venu prêcher. Le psaume 84, qui nous parle de paix, de salut, de miséricorde ou d’amour, de vérité, de justice et de paix, nous donne un éclairage intéressant. Il nous présente, en positif, ce qui précède. Mais avant tout cela, nous sommes invités à écouter ce que dit le Seigneur, lui qui annonce la paix, (le mot revient deux fois), pour son peuple : ce qui suppose qu’il concerne tout le monde. Pour ses fidèles, c’est-à-dire qu’il concerne de façon particulière ceux qui se sont engagés vis-à-vis du Seigneur. Et il concerne toute personne qui revient à lui de tout son cœur. Le baptême que nous avons reçu est un baptême dans l’eau et dans l’Esprit Saint, mais il est aussi pour la conversion pour le pardon des péchés. Pendant le temps de l’Avent, il est bon de bien souligner cet aspect, dans un monde où le sens du péché semble disparaître, ou du moins s’affaiblir. La même remarque vaut pour le sacrement de la réconciliation que beaucoup auraient tendance à négliger, et qu’il faut essayer de redécouvrir ou de mettre en valeur pendant ce temps de l’Avent. Plus que sur des idées, focalisons-nous surtout sur les hommes choisis par Dieu comme Jean- Baptiste. Il ne s’est pas contenté de prêcher le baptême de conversion, mais il a incarné son message par un habillement et une alimentation conséquents. C’est la totalité de sa personne qui a fait de lui un homme rayonnant, capable d’attirer à lui et les habitants de Jérusalem et ceux de toute la Judée. Nous préparerons, de façon adéquate, la venue de Jésus à Noël, en suivant l’appel d’Isaïe et celui de Jean-Baptiste. Pour cela, il est nécessaire que nous puissions lire plus abondamment et plus attentivement leurs enseignements. C’est presque un travail de contemplation qui ne manquera pas de nous marquer profondément et qui nous aidera à devenir, à notre tour, d’autres Jean-Baptiste, pour aider nos contemporains à s’engager, eux aussi sur le même chemin. En effet, ils sont eux aussi appelés à devenir d’autres Jean-Baptiste, pour qu’ensemble nous puissions écouter la parole de Dieu, afin qu’elle soit lumière et la force dans notre vie, nos familles, nos communautés, notre monde et notre Eglise. Mgr Bernard NSAYI Evêque émérite de Nkayi
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