Détruisez ce temple, et en trois jours je le relèverai (3ème dimanche de Carême – Année B) Ex 20, 1-17 : Je suis le Seigneur ton Dieu, qui t’ai fait sortir du pays d’Egypte. Ce passage de l’Exode nous renvoie à Dieu, à son peuple et à Moïse, celui à qui Dieu a remis les dix paroles ou dix commandements. Il est inséparable de Dieu qui a révélé sa toute puissance en libérant son peuple de la maison de servitude. Cela est bien souligné par le fait que Dieu est mentionné plusieurs fois (vv2. 3. 5. 5. 7.7. 10. 11. 11. 12). Les dix commandements sont le chemin que le Seigneur nous indique pour nous rendre heureux avec lui, auprès de lui. A condition que nous suivions ses instructions : « Ecoute- Israël, les lois et les coutumes que je fais entendre aujourd’hui à vos oreilles ; vous les apprendrez et vous veillerez à les mettre en pratique » (Dt 5, 1). Ces commandements, repris par Jésus (Lc 18, 20), sont encore proposés par l’Eglise dans le Catéchisme de l’Eglise Catholique (N° 434-533). La première partie, vv1-4, concerne notre devoir envers Dieu notre Seigneur qui nous a libérés du péché par la passion, la mort et la résurrection de son Fils Jésus. Le premier commandement se présente sous forme de trois interdictions (vv3. 4. 5). Noter la particularité des vv.5-6 où Dieu reprécise notre double devoir vis-à-vis de lui : aimer Dieu et montrer cet amour en observant ses commandements. La finale de cette première série (vv8-11), présentée de façon fondamentalement positive, concerne le septième jour, jour de repos en l’honneur du Seigneur, et aussi en l’honneur de l’homme, l’être qui a été créé à sa ressemblance. Bien noter que cette prescription est également une hymne au travail, auquel est consacré six jours. La deuxième partie, inséparable de la première (vv.12-18), concerne de façon spéciale, à la fois la vie personnelle et la vie communautaire et familiale. Elle s’ouvre, de manière positive, sur le devoir du fils par rapport à ses parents, du moins âgé par rapport au plus âgé ; puis viennent les six autres commandements, tous présentés sous forme négative. Les deux commandements positifs (vv.8-11 et 12) sont comme la charnière, comme la clé de l’ensemble. Leur résumé consiste dans l’amour de Dieu et l’amour du prochain, ainsi que le lien inséparable entre la vie liturgique et la vie sociale, la théologie fondamentale et la théologie morale, la foi et la charité fraternelle concrétisée par les œuvres de charité. Ps18, 8-11 : La loi du Seigneur est parfaite Ce psaume fait l’éloge de la loi et donc des commandements que Dieu nous donne pour que nous ayons la vie. En la suivant, nous entrons en communion avec lui qui est la vie et la source du véritable bonheur. C’est donc une invitation à mettre en pratique ces commandements. 1Co 1, 22-25 : Nous, nous proclamons un Messie crucifié Ce passage, d’une beauté, d’une profondeur et d’une richesse exceptionnelles, peut être considéré comme une présentation véritablement globale de l’histoire des hommes dans leur relation avec Dieu. Les Juifs, qui réclament les signes, sont les représentants du peuple élu. Les Grecs, qui recherchent une sagesse, sont les représentants de tous les autres peuples, les représentants des non-Juifs, nos représentants à nous, appelés parfois peuples païens. Tous, dans un premier temps, se trouvent exclus du plan du salut. Mais avec la venue de Jésus, avec sa mort et sa résurrection, tous les hommes se divisent en deux groupes, par rapport à leur relation à Jésus, par rapport à l’acceptation du mystère de la croix, d’une part, scandale pour les Juifs, folie pour les païens, et de l’autre, - pour ceux que Dieu appelle, qu’ils soient Juifs ou Grecs (non Juifs) -, puissance de Dieu et sagesse de Dieu. Il ne s’agit pas de raisonnement, mais seulement de foi et d’obéissance à Dieu. Jn 2, 13-25 : Détruisez ce temple et en trois jours je le relèverai Tout le plan de salut, toute l’histoire du peuple de Dieu trouve sa conclusion en Jésus Christ, le nouveau Moïse, le nouveau temple de Dieu, l’unique médiateur entre Dieu et les hommes. Au temps de Jésus, le peuple de Dieu était organisé, son culte également, avec comme centre Jérusalem et son temple. Ce temple ainsi que le culte qui y était rendu, avaient subi quelques déviations. Par exemple, la préoccupation pour les sacrifices et pour ce qui gravitait autour –vente de bœufs, de brebis, de colombes, changeurs d’argent - prenait trop de place. Le rôle central, celui du culte à Dieu par la prière et l’écoute de la Parole de Dieu, était presque relégué au deuxième plan. Cela était inacceptable pour Jésus, Fils de Dieu et véritable Prêtre de la Nouvelle Alliance, véritable « Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde ». Ici, Jésus décide de mettre de l’ordre dans la maison de Dieu qui doit redevenir une maison de prière et non pas « une maison de trafic ». Il chasse donc les vendeurs et les changeurs. Les Juifs sont scandalisés par son geste et ses paroles. Et lui : « Détruisez ce temple et en trois jours je le relèverai ». Paroles à la fois incompréhensibles et scandaleuses, si on s’en tient à une lecture immédiate et superficielle. Mais pourtant paroles justes, qui ne seront comprises vraiment qu’à la lumière de sa résurrection qui, effectivement, arrivera «trois jours » après sa mort, comme l’annonce bien le verset 19. « Il parlait du temple de son corps ». Ce passage de l’évangile est un témoignage précieux par rapport à la parole de l’écriture (v17) et par rapport à la parole de Jésus lui-même, qui n’en forment plus qu’une seule et ne trouvent leur réalisation qu’en la passion-mort-résurrection de Jésus : « Lorsque Jésus se releva d’entre les morts, ses disciples se rappelèrent qu’il avait dit cela. Ils crurent à l’écriture et à la parole qu’il avait dite ». Conclusion. Nous somme invités à donner une grande place à la Parole de Dieu dans notre vie, dans la liturgie qui se réalise dans la maison de Dieu – aujourd’hui dans toutes nos églises, dans toutes nos paroisses - en particulier le dimanche, Jour du Seigneur-. Aujourd’hui également, c’est Jésus Christ qui s’offre au Père, pour nous, avec nous et en notre nom. La liturgie trouve son sens et son efficacité dans l’unique sacrifice de la croix, sacrifice d’agréable odeur, que Jésus a offert une fois pour toutes, pour notre salut. Nous devons donner une place prioritaire à cette prière commune et unique, la prière de l’Eucharistie, surtout le dimanche, en la consacrant à la prière et à la Parole de Dieu. Dans l’évangile, de façon claire et précise, Jésus nous demande également de réfléchir à la place qu’occupe l’argent dans nos églises, dans nos diocèses, dans nos paroisses. L’argent est nécessaire pour le fonctionnement de l’Eglise, pour la subsistance des agents pastoraux, pour le fonctionnement des œuvres de l‘Eglise. Mais il est nécessaire que nous puissions réfléchir sur la place que prend l’argent dans l’Eglise, comment il est obtenu, comment il est géré et comment il devrait être géré pour qu’il ne soit pas une occasion de perdition, mais qu’il remplisse son rôle de service pour la gloire de Dieu, pour le salut et le service des hommes. Ici encore, nous avons besoin de la lumière et de la force du Saint Esprit, ainsi que de l’intercession maternelle de la Vierge Marie, Mère de Jésus, Mère de l’Eglise et notre Mère. Mgr Bernard NSAYI Evêque émérite de Nkayi.
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