Lutte contre le V.i.h-sida Le Pape Benoît XVI a demandé la gratuité des soins, pour les Africains Lors de son périple en Afrique, notamment au Cameroun et en Angola, le Pape Benoît XVI a demandé que les Africains bénéficient, gratuitement, de l’accès aux traitements contre le V.i.h-sida. Il a lancé cet appel, lors de la conférence de presse qu’il a tenue dans l’avion qui l’emmenait au Cameroun, mardi 17 mars. Mais, celui-ci n’a pas eu d’écho, les médias occidentaux s’étant accrochés à une phrase prononcée par le Saint-Père et qui, amputée, a suscité un grand tollé en Occident, comme en Afrique. Qu’a dit le Saint-Père, en réalité? Le Pape Benoït XVI Conscient que l’Afrique est l’un des continents les plus touchés par le fléau du V.i.h-sida et que pour cela, le continent noir a besoin de la mobilisation mondiale pour éradiquer ce fléau, le Pape Benoît XVI, dans la constance de la position traditionnelle de l’Eglise, a répondu à une question qui lui a été posée à ce sujet, en déclarant: «Si on n’y met pas l’âme, si on n’aide pas les Africains, on ne peut pas résoudre ce fléau par la distribution de préservatifs: au contraire, le risque est d’augmenter le problème». Les médias occidentaux ont diffusé une phrase amputée, en ne retenant que sa deuxième partie, c’est-à-dire: «On ne peut pas résoudre ce fléau par la distribution de préservatifs: au contraire, le risque est d’augmenter le problème». Cela a suscité ainsi un grand tollé dans le monde. Et l’on a voulu enfermer toute l’actualité du premier voyage du Pape Benoît XVI en Afrique, dans ce bout de phrase qui, amputée de sa première partie, la plus importante, d’ailleurs, donne un autre sens à l’idée exprimée par le souverain pontife. Il y a eu une grande vague de réactions très critiques, voire radicales contre le successeur de Pierre, comme en témoigne cette dépêche de l’A.f.p (Agence France presse): «Le directeur exécutif du Fonds mondial de lutte contre le sida, Michel Kazatchkine, a exprimé sa «profonde indignation» et demandé au pape de «retirer ses propos, et clairement», les jugeant «inacceptables». Le Ministère des affaires étrangères a exprimé la «très vive inquiétude» de la France «devant les conséquences» de ces propos qui mettent en danger «les politiques de santé publique et les impératifs de protection de la vie humaine» face au sida. Parlant de «contre-vérité scientifique», la ministre de la santé, Roselyne Bachelot, s’est dite «catastrophée» par des propos «irresponsables» et a rappelé que le préservatif est «le seul et unique moyen de prévention» de cette maladie «dont on ne guérit pas». «Ce pape commence à poser un vrai problème», on a l’impression qu’il vit «dans une situation d’autisme total», a déclaré l’ancien premier ministre, Alain Juppé (U.m.p)». Et un chapelet de réactions de la même trempe. Mais, en restituant l’idée du Saint-Père dans son contexte, on comprend sur quoi il a voulu mettre l’accent. Voici, telles que reprises par l’agence Zenit, la question du journaliste et la réponse de Benoît XVI: «Question: Votre Sainteté, parmi les nombreux maux qui affligent l’Afrique, il y a, également, en particulier, celui de la diffusion du sida. La position de l’Eglise catholique sur la façon de lutter contre celui-ci est, souvent, considérée comme n’étant pas réaliste et efficace. Affronterez-vous ce thème, au cours du voyage? Benoît XVI: Je dirais le contraire: Je pense que la réalité la plus efficace, la plus présente sur le front de la lutte contre le sida est, précisément, l’Eglise catholique, avec ses mouvements, avec ses différentes réalités. Je pense à la communauté de Sant’Egidio qui accomplit tant, de manière visible et aussi invisible, pour la lutte contre le sida; aux Camilliens; à toutes les religieuses qui sont à la disposition des malades... Je dirais qu’on ne peut pas surmonter ce problème du sida, uniquement, avec des slogans publicitaires. Si on n’y met pas l’âme, si on n’aide pas les Africains, on ne peut pas résoudre ce fléau par la distribution de préservatifs: au contraire, le risque est d’augmenter le problème. La solution ne peut se trouver que dans un double engagement: le premier, une humanisation de la sexualité, c’est-à-dire un renouveau spirituel et humain qui apporte avec soi une nouvelle manière de se comporter l’un avec l’autre, et le deuxième, une véritable amitié également et surtout pour les personnes qui souffrent, la disponibilité, même au prix de sacrifices, de renoncements personnels, à être proches de ceux qui souffrent. Tels sont les facteurs qui aident et qui conduisent à des progrès visibles. Je dirais, donc, cette double force de renouveler l’homme intérieurement, de donner une force spirituelle et humaine pour un juste comportement à l’égard de son propre corps et de celui de l’autre, et cette capacité de souffrir avec ceux qui souffrent, de rester présents dans les situations d’épreuve. Il me semble que c’est la juste réponse et c’est ce que fait l’Eglise, offrant ainsi une contribution très grande et importante. Nous remercions tous ceux qui le font». Dès lors, l’on comprend que le Pape conduit son Eglise à offrir autre chose dans la lutte contre le sida. Et cette autre chose, c’est «l’amour qui va jusqu’au sacrifice de soi en faveur des malades», l’éducation et un renouveau spirituel «qui apporte une nouvelle manière de se comporter l’un avec l’autre». C’est la contribution de l’Eglise. Mais, le plus important, pour les Africains, c’est que Benoît XVI a demandé, au cours de la même conférence de presse, «les soins gratuits pour les malades du sida en Afrique». Un message qui mérite d’être relayé amplement. Joël NSONI (source : La Semaine Africaine, n° 2878 du Mardi 24 Mars 2009)
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