Le sacrement du corps et du sang du Christ (Année B) Textes : Ex 24, 3-8 ; Ps 115 (116 B) ; Hé 9, 11-15 ; Mc 14, 12-16.22-26. Il y a presque quatre décennies que, dans notre pays, les traditionnelles processions de la Fête-Dieu avec leur faste n’ont plus cours. L’acharnement des marxistes contre l’Eglise et l’urbanisation conjugués ont eu raison de ce qui représentait la plus grande démonstration de la piété populaire dans nos villes et villages. Les anciens sont nostalgiques de ces processions hautes en couleur ; mais ce que nous avons perdu en démonstration, nous pouvons et nous devons le gagner en profondeur spirituelle. 1-Communion au Christ La fête du corps et du sang du Christ est d’abord une invitation que Jésus lui-même-nous fait à communier à sa propre vie en le recevant comme la nourriture de notre vie divine. Le discours sur le pain de vie, dans l’évangile de Jean, est très explicite dans ce sens : « En vérité, en vérité, si vous ne mangez la chair du Fils de l’homme et ne buvez son sang, vous n’aurez pas la vie en vous. Qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle... Qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi et moi en lui. » (Jn 6,53-56) C’est une invitation qui exige de notre part la foi, c’est-à-dire une confiance d’amour en la parole de Jésus ; autrement, il ne nous resterait plus qu’à réagir comme plusieurs de ses disciples qui trouvèrent ces paroles dures et folles, et qui cessèrent de le suivre : après l’avoir entendu, beaucoup de ses disciples dirent : « elle est dure, cette parole ! Qui peut l’écouter ? » (Jn 6,60). Grâce à la foi, ce que d’autres considèrent comme une parole dure devient pour Simon-Pierre une parole de vie éternelle (« A qui irons-nous ? Tu as les paroles de la vie éternelle. » (Jn 6, 68). Un vieux féticheur de Kindamba converti au Christ me dit un jour : « Jésus est Ngudia Nganga Nzambi(le véritable prêtre) : dans le repas de l’Eucharistie qu’il prépare lui-même, il devient également notre nourriture pour que sa force vitale habite en nous et pour que nous n’allions plus chercher les nourritures qui empoisonnent, car c’est lui la Vie. » Cet homme avait compris, en allant puiser dans le trésor de sa culture ancestrale, de quoi il est question dans le sacrement du corps et du sang du Christ : communion à Jésus pour être habités par sa présence et pour devenir ce que nous recevons. 2-Communion des disciples Le corps et le sang du Christ reçus en communion avec lui réalisent également l’union des chrétiens entre eux afin que par-delà leurs différences ils soient un seul cœur et une seule âme, et qu’ensemble ils soient l’Eglise, le corps mystique du Christ. Je ne peux donc pas m’avancer jusqu’à la table eucharistique si je ne suis pas habité par le désir de l’unité avec mes frères et sœurs. Moi qui communie, je ne dois nourrir aucun sentiment de supériorité par rapport à celui qui, pour une raison ou une autre, ne communie pas. Personne n’est digne de manger le corps du Christ, c’est Lui qui se donne à nous par amour et il sait comment fortifier chacun de ses frères et sœurs dans leur situation ; c’est pour cela qu’avant d’approcher de la table eucharistique, la communauté dit ces mots : « Seigneur, je ne suis pas digne de te recevoir, mais dis seulement une parole et je serai guéri. » 3- En mémoire du Seigneur En chaque eucharistie, nous célébrons la mort et la résurrection du Christ jusqu’à ce qu’il revienne dans la gloire. C’est donc le don total de la vie du Christ pour la multitude qui se renouvelle pour nous par la force de l’Esprit et qui nous engage en même temps à nous offrir au Père comme le Christ. Faire mémoire du Christ, ce n’est pas seulement refaire dernier repas avec ses disciples, mais c’est aussi donner notre vie, c’est-à-dire nous mettre au service des autres à la suite de Jésus qui lave les pieds de ses disciples et qui nous demande de lui être fidèles en nous lavant les pieds les uns aux autres. Abbé Olivier MASSAMBA-LOUBELO
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