L’Esprit nous entraîne sur les chemins où Dieu se révèle à nous (4ème Dimanche de l’Avent – Année C) Textes : Mi 5, 1-4a ; Ps 79 (80), 2-3.15-16.18-19 ; Hb 10, 5-10 ; Lc 1, 39-45. A l’approche de la fête de Noël, l’Eglise nous met face au mystère de celui qui doit naître à Bethléem et qui est le berger du troupeau de Dieu. Ce berger nous conduit au nom de Dieu, avec la toute puissance d’amour de Dieu. En même temps que l’ange lui annonce sa propre maternité, Marie apprend aussi celle de sa parente Elisabeth. Sans craindre la distance, elle se met immédiatement en route pour lui rendre visite. Ce récit de la Visitation nous achemine vers la joie de Noël qui célèbre le mystère de l’incarnation, la rencontre par excellence entre Dieu et notre humanité en Jésus Christ, Dieu et homme. Ce mystère est au cœur de toute notre vie, parce que, tout simplement, c’est le mystère de Dieu entrant dans notre vie. A l’arrivée de Marie chez Elisabeth, sa parole de salutation suscite un tressaillement d’allégresse de Jean, encore dans le sein de sa mère. Et, à son tour, Elisabeth répond, d’une voix forte, par une parole de bénédiction qui concerne Marie et son fils Jésus : « Tu es bénie entre toutes les femmes et le fruit de tes entrailles est béni » (Lc 1, 42). Marie est vraiment la bénie. En disant cela, Elisabeth nous fait remarquer que Marie est bel et bien le lieu privilégié de Dieu, expérimentable justement par la bénédiction. « Bénir », en effet, c’est découvrir l’intervention salvifique de Dieu, son agir mystérieux et efficace. Marie devient vraiment « l’arche de l’alliance » où Dieu se rend présent et bénit l’humanité dans une forme nouvelle et définitive (Ex 25, 10-22 ; Jos 3, 3). Oui, elle est bénie par le Père et elle, mieux que toute autre personne, peut nous aider à entrer dans le mystère de Dieu. Elisabeth s’étonne que la mère de son Seigneur vient jusqu’à elle. Il faut que nous nous étonnions nous aussi quand nous rencontrons Dieu. Quand nous le reconnaissons dans les différents événements de la vie. Il y a un étonnement qui jaillit de nos cœurs : le Seigneur est venu pour nous. Il est venu nous transformer et nous transfigurer. Il est venu simplement parce que l’amour est au cœur de son être. Il est l’Amour. Nous avons aussi entendu l’éloge que fait Elisabeth à Marie : « Heureuse celle qui a cru en l’accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur » (1, 45). Cette béatitude dite cette fois-ci sur Marie, n’a rien d’une claire vision, mais relève de l’adhésion confiante à la parole, du consentement à se laisser dessaisir de ses propres évidences pour oser l’aventure avec et en Dieu. C’est bien la foi qui permet à l’Esprit d’agir et de nous entraîner sur les chemins où Dieu se donne à pressentir. Nous le voyons ici présider cette rencontre pour ouvrir les cœurs au mystère de l’identité unique et véritable de celles et ceux qu’il côtoie. C’est ainsi qu’Elisabeth reconnaît en Marie la mère de son sauveur et que Jean Baptiste tressaille d’allégresse en présence de Jésus. Dieu semblait avoir oublié son peuple, ne lui envoyant plus de prophètes. Et, soudain, voici que l’histoire se remet en route. Dieu n’a pas abandonné les siens. Le salut advient en cet enfant marqué par la fragilité. Sa naissance ouvre un avenir là où tout paraissait irrémédiablement bloqué. Alors peut éclater la joie du salut. Autant dire que nous sommes conviés à ne pas fuir les sentiments d’absence et d’impuissance, mais à les habiter dans l’espérance, comme le lieu où se creuse l’espace nécessaire pour accueillir le sauveur. Pendant les quelques jours qui restent du temps de l’Avent, l’Eglise voudrait nous voir pratiquer avec ferveur les vertus de confiance, d’ouverture aux autres et d’adhésion à la volonté ainsi qu’au plan de Dieu. Marie s’était si bien préparée pendant ce premier Avent qu’Elisabeth sait presqu’instinctivement que le Seigneur était avec elle. Notre Avent a-t-il été tel que les autres verront le Christ en nous, à Noël ? Abbé Camille Biemoundonghat Théologien
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