Fidélité à la parole du Christ et accueil de l’Esprit (6ème Dimanche de Pâques – Année C) Textes : Ac 15, 1-2. 22-29 ; Ps 66 (67) ; Ap 21, 10-14.22-23 ; Jn 14, 23-29 La joie de Pâques continue à habiter nos cœurs réconciliés avec Dieu notre Père, par le don que Jésus a fait de sa vie sur la croix. Désormais, nos cœurs sont la demeure privilégiée du Dieu Père, Fils et Esprit ; et ce Dieu qui vient demeurer en nous ouvre notre vie à l’accueil de nos frères et sœurs, par delà les différences ethniques ou sociales. L’évangile de ce jour nous ramène à la veille de la passion de Jésus, lorsqu’il prépare ses disciples à son départ vers le Père. Paroles précieuses car elles sont le testament de celui qui a vécu toute son existence terrestre sous le signe de la fidélité à Dieu son Père. Nous savons que cette fidélité du Christ au Père n’est pas une soumission servile, mais un élan permanent d’amour et de communion entre le Père et le Fils, dans lequel celui-ci nous invite à entrer. Quel cadeau formidable et inédit Dieu nous offre par Jésus : que nous puissions devenir le temple de Dieu ! « Si quelqu’un m’aime, il restera fidèle à ma parole ; mon père l’aimera, nous viendrons chez lui, nous irons demeurer auprès de lui » (v.23). Aimer Christ et rester fidèle à sa parole, telle est la voie qui prépare et ouvre la vie de tout être humain à la présence vivifiante de Dieu. Aimer Christ et rester fidèle à sa parole, c’est accepter qu’il devienne à la fois l’ami et le maître qui inspire et éclaire nos choix, nos pensées et nos actes ; c’est le suivre dans l’abaissement du lavement des pieds et de la croix, pour faire vivre et grandir les autres autour de nous. La piété de nos belles célébrations dominicales devient un fétu de paille, quand elle n’est pas hypocrisie, devant l’appel pressant et exigeant de Jésus à nous attacher à lui en vérité. Mais qui le peut, sinon celui qui ouvre son cœur et toute sa vie à l’effusion de l’Esprit qui fait de nous des disciples de Jésus et des enfants de Dieu ? Jésus sait qu’il est difficile de l’aimer et de rester fidèle à sa parole ; il sait aussi que ses disciples seront tentés de vivre une fidélité servile, du genre de l’attachement à la loi qu’il n’a cessé de combattre toute sa vie. C’est pour cela qu’il annonce la venue de l’Esprit que le Père enverra en son nom, pour que la parole de Jésus soit toujours vivante et actuelle en tout temps et en tous lieux, car l’Esprit a le pouvoir de faire comprendre les Ecritures et de faire toutes choses nouvelles. Les premières communautés chrétiennes en ont fait l’expérience qu’ils nous ont transmise à travers le livre des Actes des Apôtres, que l’on appelle également à juste titre les Actes de l’Esprit. Le conflit qui surgit peu après la naissance de l’Eglise quant à l’accueil des chrétiens qui ne sont pas d’origine juive risque de tuer l’unité des disciples si chère à Jésus : « Je ne prie pas pour eux seulement, mais aussi pour ceux qui, grâce à leur parole, croiront en moi, afin que tous soient un...afin que le monde croie que tu m’as envoyé. » (Jn17, 20-21). C’est grâce à l’Esprit que les paroles de Jésus seront relues par les Apôtres et les Anciens ; alors, ils vont décider de faire des communautés chrétiennes des lieux qui ne s’agrippent pas à la loi de Moïse, mais qui ouvrent les portes au souffle de l’Esprit créateur à l’origine de l’Eglise, lors de la Pentecôte : « L’Esprit Saint et nous-mêmes avons décidé... » (Ac15, 28). Aujourd’hui encore, nos communautés chrétiennes, paroisses, mabundu [mouvement d’apostolat], sont une œuvre de l’Esprit. Laïcs et pasteurs, nous sommes invités à écouter l’Esprit pour que nous ne fassions pas de la communauté chrétienne ou du dibundu notre chose, la dirigeant comme les grands de ce monde commandent aux peuples en faisant ressentir sur eux leur autorité écrasante. A l’approche de la fête de la Pentecôte, des neuvaines de prière de préparation vont se dérouler ; certains groupes du Renouveau charismatique sont entrés depuis Pâques dans les « Sept semaines » préparant à l’effusion de l’Esprit. Demandons tous à Dieu de nous donner L’Esprit Saint en abondance ; c’est lui qui fera de nos communautés des temples du Dieu-Trinité que nous avons reçu en nous au baptême, des communautés capables d’accueillir avec joie le frère ou la sœur qui ne parle pas ma langue maternelle, qui a des coutumes différentes des miennes et qui, pour autant, n’est pas moins que moi aimé de Dieu. Si nous aimons Christ et si sa parole demeure en nous, l’Eglise que nous sommes sera le ferment de l’unité de notre pays qui, cinquante ans après l’indépendance, traîne encore le boulet des divisions ethniques. « Viens, Esprit Saint, fais de l’Eglise le peuple qui préfigure la cité sainte qui resplendit de la lumière du Christ vainqueur de toutes nos haines, nos divisions et lâchetés. » Abbé Olivier MASSAMBA-LOUBELO
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