Des palmes pour célébrer la vie et la mort (Dimanche des Rameaux et de la Passion - Année A) Textes : Mt 21, 1-11 ; Is 50, 4-7 ; Ps 21(22) ; Phil 2, 6-11 ; Mt 26, 14-27, 66. Introduction La Semaine Sainte s’ouvre par ce dimanche des Rameaux et de la Passion, dont le symbole le plus populaire est la procession des fidèles tenant en main les branches de palmiers bénies. Aujourd’hui, même ceux qui ne vont pas habituellement à la messe ne voudraient pas manquer l’événement, car on attribue à ces palmes bénies un effet ou pouvoir protecteur contre les mauvais esprits ; alors, il faut avoir sa palme et en rapporter à un voisin qui n’a pas pu venir à l’église. Professer notre foi en Jésus Sauveur, vrai homme et vrai Dieu Il nous faut pourtant dépasser l’aspect magique et fétichiste pour tirer un profit spirituel de ce dimanche, qui est d’abord la reconnaissance de Jésus de Nazareth comme le Sauveur que Dieu envoie à l’humanité en quête de bonheur ; c’est lui, Jésus, qui nous fera voir le bonheur, et il nous en a donné des gages tout au long de ce carême, en nous faisant découvrir la joie qu’il y a au bout de nos efforts de pardon et de réconciliation, de prière, de dépouillement et de privations volontaires de tout un tas de choses, qui nous possédaient au point que nous pensions ne pas pouvoir vivre sans elles, efforts de partage simple et vrai avec les autres… Nous avons commencé ou continué à expérimenter que les paroles de Jésus sont vie éternelle ; c’est pourquoi, imitant les habitants de Jérusalem qui avaient reconnu en Lui le Messie-Roi, fils de David, nous acclamons Jésus et nous le glorifions à la manière dont nos ancêtres rendaient hommage aux chefs et aux rois, en agitant les palmes de la fête. Mais la royauté de Jésus n’est pas sur le même plan que celle des hommes. Nous professons, aujourd’hui, Jésus vrai homme et vrai Dieu, dont l’apôtre Paul nous fait contempler le mystère de l’abaissement et de la glorification, dans l’extrait de la lettre aux Philippiens, qui nous est donné comme deuxième lecture de cette messe : Saint Paul commence par contempler l’abaissement du Christ Jésus, qui n’a pas jugé bon de revendiquer son droit d’être traité à l’égal de Dieu, mais qui, au contraire, s’est abaissé lui-même en devenant obéissant jusqu’à mourir sur la croix. Il termine par la contemplation de la gloire que Dieu donne au Christ Jésus, devant qui tout être vivant tombe à genoux et devant qui toute langue proclame : « Jésus Christ est Seigneur à la gloire de Dieu le Père. » En effet, la véritable gloire de Jésus, son triomphe, ce n’est pas l’acclamation que lui font les foules d’hier et d’aujourd’hui, foules souvent versatiles au point de vilipender Celui qu’elles ont encensé ; la véritable gloire, il la tient de Dieu le Père qui le ressuscite d’entre les morts ; et, déjà à l’ombre de la Croix, se dessine le triomphe du Serviteur souffrant que le centurion romain reconnaît comme étant vraiment le Fils de Dieu. Veiller et prier avec le Christ Le temps d’un baiser donné par Judas, d’un reniement par trois fois de Pierre, d’une foule retournée et avide de spectacle sanglant, d’un jugement dont la cause est déjà entendue parce que Pilate est plus préoccupé par son propre fauteuil que par une décision de justice équitable, voici le héros des foules devenu l’ennemi public numéro un. Lui qui a fait le bien partout où il est passé, le voilà mis à mort comme un dangereux malfaiteur. Mais, à travers ce qui paraît à nos yeux une injustice, Dieu rétablit les hommes pécheurs dans leur dignité de créatures capables du paradis, c’est-à-dire du désir de recevoir son pardon qui s’offre à eux pour envelopper leurs péchés de la fulgurance de son amour. C’est ainsi que s’accomplissent les Ecritures : « Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique afin que tout homme qui croit en lui ne périsse pas mais que, par Lui, il obtienne la vie éternelle. » (Jn 3, 16-18). A la proclamation de l’évangile de la Passion, nos palmes disent la nouvelle de la mort de Jésus, mais nous avons le bonheur de savoir que son histoire - et donc aussi la nôtre - n’est pas close avec le tombeau ; nous allons donc repartir dans nos maisons avec la secrète et forte espérance que le bien est plus fort que le mal, la vie plus forte que la mort, la lumière plus forte que les ténèbres. Afin qu’elle ne s’éteigne pas, nous allons, tout au long de cette Semaine Sainte, nourrir cette espérance en veillant et en priant avec Jésus qui entre librement dans sa passion, car, sans la prière, nous céderons facilement à la tentation de la négation de l’amour de Dieu et de sa présence à nos côtés, tant les souffrances et les injustices sont nombreuses dans le monde. Conclusion Chrétiens, nous sommes chargés d’annoncer au monde les merveilles de Celui qui nous fait passer des ténèbres à son admirable lumière. La gloire de Dieu est mieux dite par une vie convertie à l’amour divin que par des palmes agitées avec ferveur. La gloire de Dieu, c’est l’homme vivant, renouvelé dans l’Esprit Saint. Mais il faut mourir à soi-même pour vivre dans l’Esprit. « Dieu, notre Père, qu’il est difficile de mourir à soi-même ! Aide-nous, Seigneur, et nous vivrons avec ton Fils Jésus, mort et ressuscité. » Abbé Olivier MASSAMBA-LOUBELO
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