Progressons dans la connaissance de Jésus Christ (1er Dimanche de Carême – Année B)
Textes: Gn 9, 8-15; Ps 24 (25), 4-9; 1 P 3, 18-22; Mc 1, 12-15
Gn 9: J'établis mon alliance avec vous Ce passage de la Genèse nous situe au centre de notre existence qui est faite de rencontres. Mais n'oublions pas que la rencontre première, qui donne vraiment un sens à nos rencontres humaines, c'est la rencontre avec le Seigneur. Une rencontre dans laquelle l'initiative ne vient pas de nous, mais de Dieu lui-même, parce qu'il nous aime et qu'il veut notre salut, notre véritable bien. C'est à la lumière de cette expérience que nous devons aborder l'alliance de Dieu avec Abraham, une alliance qui ne concerne pas uniquement Abraham en tant qu'individu, mais également ses descendants et tous les êtres vivants. Par cette alliance, Dieu s'engage à ne jamais plus détruire les vivants par les eaux du déluge. Par le baptême, Dieu établit avec chacun et chacune d'entre nous, son alliance. Et cela non seulement pour le bien de chacun d'entre nous, individuellement, mais également pour le bien des autres, ceux qui nous sont chers, ceux qui nous sont proches et ceux qui sont loin. Toute alliance établie avec nous, nous concerne personnellement, et concerne également toute l'humanité. Psaume 24 (25): Tes chemins, Seigneur, sont amour et vérité Si nous voulons vivre un bon carême, nous devons être attentifs à la loi de Dieu, à ses commandements, aux chemins qu'il nous montre, dont la référence fondamentale se trouve dans l'amour et la vérité. Tout cela rejoint le Message du pape pour ce carême, quand il nous dit « d'écouter le cri des pauvres ». C'est là une invitation à fixer chaque jour notre regard sur Dieu lui-même qui est vérité, salut, amour et tendresse, et qui tient toujours compte des humbles et des pauvres. Si nous sommes vraiment les fils d'un tel Père, nous devons tout faire pour vivre et agir comme notre Père, en pratiquant la charité envers tous ceux qui souffrent, et de façon bien précise, envers les pauvres qui sont toujours au milieu de nous. 1 P 3: L'arche de Noé est une image du baptême qui nous sauve maintenant Il y a une seule et unique histoire du salut dont tous les événements restent liés entre eux. C'est ce que nous indique cette épitre qui nous ramène à l'arche de Noé en la mettant en corrélation avec le baptême et le Christ. C'est en entrant dans l'arche que tous ceux qui s'y trouvaient ont été sauvés de la destruction; et nous, c'est en entrant en communion avec le Christ, par le baptême, que nous sommes désormais associés à son mystère de mort et de résurrection. Lui, le Christ, est mort pour nos péchés ; nous devons, à notre tour, nous engager dans une vie de purification permanente pour être dignes « d'être introduits » devant Dieu. Et n'oublions pas que l'aumône, la charité, couvre une multitude de péchés. Marc 1: Convertissez-vous et croyez à la Bonne Nouvelle Cette parole, qui nous est familière, nous rappelle au moins trois références qui sont des invitations: la première vient de Jean Baptiste le précurseur, la deuxième de Jésus lui-même et la troisième de notre Mère l'Eglise, qui nous la présente au début du carême, lors de la cérémonie de l'imposition des cendres. En ce premier dimanche de Carême, nous sommes ramenés à notre baptême, sacrement de notre purification, de notre insertion dans l'Eglise, dans laquelle nous devenons en Jésus et par l'Esprit Saint, fils de Dieu par adoption, frères de Jésus Christ et temples de l'Esprit Saint. Nous sommes morts au péché et ressuscités avec le Christ à la vie. Par le baptême, nous entrons dans une lutte à vie contre le démon et les forces du mal, ce mal qui empoisonne notre vie personnelle et collective. Jean Baptiste a été envoyé par Dieu pour préparer le chemin du Seigneur. Et il l'a fait en administrant d'abord à ceux qui venaient vers lui un baptême de conversion, puis à Jésus lui-même. Et il a rendu au Seigneur le plus beau témoignage, celui du martyre, dont il est déjà question dans la deuxième partie de l'évangile. Ce témoignage, rendu à la vérité, est semblable à celui que Jésus a rendu au cours de sa passion quand Pilate lui a demandé: « Qu'est-ce que la vérité ?» Jésus n'a rien répondu parce que c'est lui-même la vérité. Plusieurs fois, nous avons entendu parler de « conversion », et nous l'entendrons encore. Toute notre vie, nous n'arriverons pas à saisir totalement le contenu de ce mot. Le commencement de sa compréhension ne se situe pas au niveau de notre intelligence et de notre réflexion, mais plutôt au niveau de la prise de conscience de notre incapacité à rencontrer par nos seules forces la personne de Jésus Christ. Pendant le carême, nous sommes invités à suivre le chemin que Jésus a suivi, surtout depuis son baptême au Jourdain, à l'occasion duquel se sont manifestés l'Esprit Saint et le Père, qui a confirmé solennellement la filiation unique de Jésus, son Fils unique, celui en qui il a mis tout son amour et que nous devons écouter. Le temps de l'Eglise, c'est toujours le temps de Dieu, Père, Fils et Esprit Saint, mais c'est principalement le temps de l'Esprit Saint, Esprit de vérité qui nous conduit à la vérité toute entière. Ce qui s'est passé lors du baptême de Jésus, s'est réalisé sacramentellement lors de notre baptême, complété par la confirmation. N'oublions pas que Jésus a été poussé au désert par l'Esprit. N'entrons pas dans le terrible combat du carême sans invoquer chaque jour la lumière et la force de l'Esprit Saint. C'est lui qui nous fera « progresser dans la connaissance de Jésus Christ ». Mais cette connaissance n'a vraiment de sens que si elle « nous ouvre à sa lumière par une vie de plus en plus fidèle ». Au début de cette année, le Pape nous a invités à « éduquer les jeunes à la justice et à la paix ». C'est presque le même thème qu'il approfondit dans son Message du Carême, quand il nous invite à « écouter le cri des pauvres »; Le fruit de notre accueil du Christ est une vie selon les trois vertus théologales: il s'agit de nous approcher du Seigneur avec un cœur sincère et dans la plénitude de la foi, de garder indéfectible « la confession de l'espérance en faisant constamment attention à exercer avec nos frères la charité et les œuvres bonnes » (Message de carême 2012). Il s'agit du « prêter attention, du regard avec amour et compassion. Qu'est-ce qui empêche ce regard humain et affectueux envers le frère? Ce sont souvent la richesse matérielle et la satiété, mais c'est aussi le fait de faire passer avant tout nos intérêts et nos préoccupations. A l'inverse, c'est l'humilité de cœur et l'expérience personnelle de la souffrance qui peuvent se révéler source d'un éveil intérieur à la compassion et à l'empathie ». Pour arriver à vivre concrètement la charité envers tous ceux qui sont dans la besoin, cherchons, de façon régulière, à rencontrer, chaque jour, Jésus Christ dans sa parole et dans la prière. Mgr Bernard NSAYI Evêque émérite de Nkayi
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