Détruisez ce temple et en trois jours je le relèverai (3ème Dimanche de Carême – B)
Textes: Ex 20, 1-17; Ps 18(19) ; 1 Co 1, 22-25; Jn 2, 13-25
Exode 20: Je suis le Seigneur ton Dieu Comme nous l'avons déjà fait remarquer en d'autres occasions, ce passage nous place en fait devant la personne même de Dieu qui est amour. Dans cet amour, il se manifeste comme Seigneur et comme législateur. De cette manière, il poursuit son œuvre de salut qui est fondamentalement un acte libérateur. Parce qu'il est amour, Dieu est nécessairement lui-même. Mais son existence est orientée vers un autre, vers les autres, vers nous, les hommes. En effet, un homme, une femme ne peut pas aimer sans être d'abord un homme ou une femme qui a quelque chose à donner. Il ne s'agit pas de l'argent ou de quelque chose d'extérieur, mais de quelque chose d'intérieur qui se manifeste à l'extérieur. Pour aimer, il faut avoir un cœur qui s'exprime, qui guide, qui est libre et qui libère. Tout cela, Dieu l'a montré par Moïse, un homme de foi, comme Abraham, un chef et un libérateur parce qu'il était un homme de Dieu, parce qu'il était à l'écoute de Dieu qui lui a parlé, non pas pour lui seul mais pour que sa parole puisse arriver à son peuple et à tous les peuples. La loi nous est venue par Moïse, nous dit l'apôtre Jean dans son Evangile. Psaume 18: La loi du Seigneur est parfaite Avec ce psaume qui est - comme tout passage de la Bible - un véritable trésor, nous avons la présentation de la loi et de sa signification. La loi existe pour chaque homme et pour chaque femme. Elle est là pour guider et orienter l'homme et la femme, pour que chacun d'eux puisse trouver son bonheur, au niveau personnel au sein de sa société, de sa famille et de sa communauté. Nous avons l'impression d'être vivants alors que, en fait, nous sommes morts à cause de nos péchés. Voilà pourquoi Dieu nous dit que seule sa loi - pour nous pécheurs - est pour la vie. Voilà pourquoi, de façon mystérieuse, il nous dit que sa loi est parfaite parce qu'elle redonne la vie, elle ressuscite. I Co 1: Nous proclamons un Messie crucifié, scandale pour les Juifs, folie pour les païens Avec ce passage, d'une densité que nous n'arriverons jamais à saisir dans sa totalité, Dieu, par l'apôtre Paul, nous montre sa puissance et sa sagesse, qui ont leur racine dans son amour et dans sa miséricorde. Et tout cela, il l'a révélé, il l'a montré en Jésus, son fils, qu'il a envoyé au milieu de nous pour être notre Sauveur, notre force et notre Messie, un Messie crucifié. En acceptant la mort sur la croix, dans la puissance de l'Esprit Saint, par amour pour son Père et par amour pour nous, Jésus est devenu désormais le phare de tous les hommes et de tous les peuples, le Seigneur de chaque homme et de chaque femme, de chacun et de chacune d'entre nous, le Seigneur de l'histoire et de tous les peuples, le Seigneur du peuple choisi, l'Eglise, son nouveau peuple. En effet, c'est l'ensemble des hommes et des femmes que Dieu aime et appelle, pour leur donner, leur redonner la vie, afin que, à leur tour, ils aillent dans tous les lieux et à tous les moments de l'histoire porter, par leur parole et par leur témoignage, ce message qui, seul, mène à la véritable vie et à la véritable libération. Avec Jésus et la famille des baptisés qu'est l'Eglise, notre histoire, coupée en deux, est de façon irréversible, en marche vers la maison du Père. Désormais, tous les peuples, qu'ils soient Juifs ou non Juifs, sont appelés à former un seul peuple, une seule famille : l'Eglise, signe et sacrement de salut pour tous les hommes. Et ce message, que nous sommes appelés à proclamer, passe par Jésus, le Messie crucifié. L'Eglise est le Corps mystique de Jésus dont nous sommes les membres. Mais en même temps, Jésus est le chef, la tête de l'Eglise. Jean 2 et conclusion: Détruisez ce temple et, en trois jours, je le relèverai Normalement, nos maisons sont les lieux où nous prenons nos repas, où nous recevons nos parents et amis, et, parfois, où nous travaillons. Et comme nous sommes des chrétiens, nos maisons devraient aussi être des lieux où nous écoutons la Parole de Dieu et où nous prions. Dans beaucoup de cas, les maisons que nous habitons n'ont pas été construites par nous. Les constructeurs savent comment une maison se construit, combien cela coûte et combien de temps cela dure. C'est un travail difficile qui demande non seulement de l'argent mais encore plus beaucoup d'amour et d'intelligence. La construction du Temple de Jérusalem, voulu et préparé par le roi David, n'a été réalisée que par le roi Salomon. Le prophète Nathan avait fait comprendre à David que ce n'est pas un homme, une créature qui peut bâtir une maison pour Dieu son Créateur, mais c'est au contraire Dieu qui peut bâtir une maison pour l'homme. Par ces paroles, Nathan annonçait, à travers Salomon, une autre descendance et une autre maison, c'est-à-dire Jésus Christ lui-même, le nouveau temple de Dieu, en qui et par qui nous pouvons désormais adorer Dieu en esprit et en vérité. A la lumière de notre évangile, pour adorer Dieu en Jésus Christ mort et ressuscité, nous devons lire la Parole de Dieu dans sa totalité, prier chaque jour et prendre un temps de silence. Dans notre monde et dans notre vie où nous sommes noyés dans le bruit et où nous rencontrons toutes sortes de difficultés et de catastrophes - comme celle de Brazzaville, le dimanche 4 mars -, nous avons besoin de ces trois piliers qui sont étroitement liés entre eux, et qui sont bien présents dans la messe de chaque jour et surtout celle du dimanche. Parce que nous aimons Dieu, nous devons creuser en nous un grand désir, celui d'écouter Dieu chaque jour et de le prier. La Parole de Dieu ne nous livre vraiment ses secrets que si nous cultivons en nous le silence qui est un élément essentiel de toute prière. Il nous permet de goûter la richesse, la douceur, la joie, la paix et la force qui viennent de Dieu. Aujourd'hui, nous apprenons que l'Ancien et le Nouveau Testaments sont un seul et même message que les prophètes et la parole de Jésus nous offrent ensemble. Leur but est de nous enseigner progressivement, jour après jour, que le but et le centre de notre histoire se trouvent en Jésus mort et ressuscité. L'autre enseignement, c'est que par la mort et la résurrection de Jésus, nous pouvons enfin comprendre le vrai sens de la Parole de Dieu, présentée par Moïse et les prophètes, entendue dans la première lecture et que Jésus a résumée en parlant au jeune homme riche en ces termes: « Ne commets pas d'adultère, ne tue pas, ne vole pas, ne porte pas de faux témoignage, honore ton père et ta mère ». En ce temps de carême et de grande épreuve pour notre pays le Congo, rappelons-nous que le bien de notre Eglise, de notre pays, de nos familles et de nos communautés, de chacun et de chacune d'entre nous passe par l'amour de Dieu et du prochain. Nous sommes invités à venir en aide à ceux qui souffrent et qui attendent notre aide, en mettant en pratique les commandements de Dieu, pour être vraiment membres de l'Eglise, membres du Corps du Christ et temples de l'Esprit Saint, pour fêter en vérité, à Pâques, la résurrection de Jésus, annonce de notre propre résurrection. Mgr Bernard NSAYI Evêque émérite de Nkayi
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