Entrons dans la joie de l’attente du Jour du Seigneur (1erDimanche de l'Avent – Année A)
Textes : Is 2, 1-5 ; Ps 121 ; Rm 13, 11-14 ; Mt 24, 3744
Bien chers frères et sœurs,
Ce dimanche inaugure le Temps de l'Avent de l'Année liturgique A. C'est un moment favorable que notre mère l'Eglise nous propose, pour que nous nous préparions à recevoir le Seigneur à Noël. C'est donc un temps d'attente, mais d'une attente active qui nous place en face de notre propre conscience. Ce que nous avons et ce que nous sommes, doivent nous prédisposer à accueillir le Maître de l'histoire. Cette foi en l'avènement du Fils de Dieu a été annoncée par les prophètes, en insistant sur la nécessité d'une réelle démarche de conversion de la part de chacun et de tous. Isaïe ne dérobe d'ailleurs pas à cette disposition.
Dans une vision prophétique, le prophète Isaïe déclare que la montagne du temple du Seigneur sera placée à la tête des montagnes et dominera les collines. Pour Israël, cette annonce ne peut pas ne pas être une occasion de joie. C'est une assurance qu'il éprouve face à la menace du voisinage qui devient de plus en plus fort. Pendant longtemps, ce peuple élu a fait l'expérience de la manifestation de Dieu. Cependant, lorsque arrivent les menaces des nations qui l'entourent, la désolation a parfois gagné son cœur. C'est dans ce cadre qu'il nous faut comprendre l'originalité de l'annonce du prophète. Si, dans le passé, ces voisins intraitables sont venus assiéger ses terres, il arrive le jour où elles monteront à Jérusalem, au temple sacré, afin d'écouter les ordonnances du Dieu de Jacob qu'ils s'engageront à suivre de fond en comble. Bonne nouvelle que les lances deviennent des faucilles, et des épées, des socs de charrue ! C'est une ère nouvelle que le Seigneur veut établir sur la terre, une ère de paix où on ne s'entraînera plus pour la guerre.
Bien chers frères et sœurs,
Redécouvrir la grandeur de Dieu, aujourd'hui, devient une question urgente. Reconnaître que seul Dieu peut nous accorder la paix et la fin des conflits, se propose à nous comme indispensable. On ne peut, par contre, espérer une telle gratitude sans, de bout en bout, disposer nos propres cœurs à l'accueil du Fils unique du Père qui nous l'apporte. L'attente de sa venue devient donc une activité qui doit occuper chacune de nos pensées et chacun de nos actes. En cela, nous échapperons certainement au sort infligé aux concitoyens de Noé. Eux, à leur époque, insoucieux, mangeaient, buvaient, se mariaient sans se douter de quoi que ce soit. Ils célébraient la vie sans reconnaître celui qui en est l'Auteur. C'est encore le péché de nombreux d'entre nous aujourd'hui. Le déluge, ce chaos que procure le péché, les a tous engloutis dans la mort. Avec cette présentation de sa venue, le Seigneur tient à nous mettre en garde : c'est à l'heure où on n’y pensera pas, que le Fils de l'homme viendra. Il faut que nous soyons prêts. Il nous faut veiller.
Être prêts et veiller, voilà ce que le Christ veut nous apprendre ce dimanche. Cette disposition est un refus de toute distraction de l'heure qui prend des formes toujours nouvelles. Afin de conserver une relation, un poste de travail, une réputation, un rôle, beaucoup de nos frères ou sœurs tuent, pillent, trahissent, volent, violent, emprisonnent, bref, taisent l'évangile là où ils étaient sensés le proclamer. Ceux qui choisissent de veiller seront les témoins privilégiés d'une sélection divine. Ils entreront dans la vie et dans son éternité.
Bien chers frères et sœurs,
Comme pour faire suite à l'enseignement du Christ, saint Paul trouve les mots pour nous persuader au sujet du jour du Seigneur : C'est le moment, l'heure est venue de sortir de votre sommeil. Le moment et l'heure signifient l'imminence de l'avènement du Fils. « La nuit est bientôt finie, le jour est tout proche », poursuit l'Apôtre des Gentils. La nuit et le jour stigmatisent bien l'ambivalence du cœur de l'homme. La nuit qui est absence de lumière profite à certaines personnes qui veulent agir pensant se cacher, aussi bien aux yeux des hommes qu'à ceux de Dieu. Illusion véritable ! Où que l'on soit et quoi qu’on y fasse, Dieu sait tout ce que nous faisons. La nuit étant aussi le moment de la somnolence et du sommeil spirituels, saint Paul nous invite à un réveil total. Et ce réveil se vérifie dans le rejet des activités des ténèbres en vue d'entrer dans la lumière qui est le temps de Dieu. Le projet de vie que nous propose saint Paul mérite d'être rappelé : « Conduisons-nous honnêtement, comme on le fait en plein jour, sans ripailles ni beuveries, sans orgies ni débauches, sans dispute ni jalousie, mais revêtons le Seigneur Jésus-Christ ; ne nous abandonnons pas aux préoccupations de la chair pour satisfaire ses tendances égoïstes ».
Au lieu de nous enfermer dans la peur du merveilleux Jour du Seigneur, entrons plutôt dans la dynamique de la joie de son attente que nous propose le psalmiste dont nous avons médité le texte ce dimanche : « Dans la joie, nous marchons vers toi, Seigneur ». Puisse ce temps de l'Avent nous y préparer ! Abbé Aimé Thierry HEBAKOURILA
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