De toutes les nations, faites des disciples (Dimanche de la Fête du Baptême du Seigneur - Année B) Textes: 1s 55, 1-11; Is 12, 1-6; 1 Jn 5, 1-9; Mc 1, 7-11 Dans notre liturgie, la fête du baptême du Seigneur se situe au dimanche après l'Épiphanie, dont nous avons dit un mot dimanche dernier. Et cette fête clôture le cycle de Noël. C'est donc bien notre Seigneur Jésus, baptisé par Jean dans les eaux du Jourdain, qui est au centre. Et Jean Baptiste tient à souligner à ceux qui viennent vers lui que celui “qui vient derrière lui – c'est-à-dire Jésus - est plus puissant que lui. Ce Jésus est tellement grand que lui, Jean, n'est même pas digne de se courber à ses pieds pour défaire la courroie de ses sandales”. Par ces simples paroles de Jean apprenons, nous aussi, à reconnaître la grandeur de Jésus et à nous faire tout petit devant lui. Mais la grandeur de Jésus ne se situe pas seulement au niveau de la personne même de Jésus, mais également au niveau du fondement de l'action qui constitue le centre de la mission de précurseur: le baptême. Cette pratique rituelle était déjà courante au temps des Juifs et était d'une certaine manière liée à la purification, mais sans nécessairement impliquer une dimension morale. Le baptême de Jean était “un baptême de pénitence pour la rémission des péchés”(Mc 1, 4). Et de façon bien précise et concrète, Jean Baptiste lui donne un contenu moral, car son baptême est un appel à la conversion, à la métanoia, au changement de mentalité. Et cela est très clair dans l’évangile de Luc où Jean demande, de manière aussi bien explicite que vigoureuse, un changement de conduite, de comportement, de façon de vivre, aux différentes catégories sociales qui viennent à lui, tels que les riches, les collecteurs d'impôts, les militaires: “Que celui qui a deux tuniques partage avec celui qui n'en a pas.. N'exigez rien de ce qui vous est prescrit... Ne molestez personne, n'extorquez rien, et contentez-vous de votre solde (Lc 3, 7-18). Le baptême d'eau qu'il donne dans le Jourdain est très différent et il est, de loin, supérieur à celui que donnera Jésus qui baptisera dans l'Esprit-Saint”. Il introduira, dans l'histoire religieuse de l'humanité un nouveau baptême dont il précisera lui-même les termes en Mt: “Tout pouvoir m'a été donné au ciel et sur la terre. Allez-donc, de toutes les nations faites des disciples, les baptisant au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit, et leur apprenant à observer tout ce que je vous ai prescrit” (Mt 28, 18-20). Ce n'est qu'après ces différentes présentations – celle de Jean-Baptiste et de Jésus, ainsi que de leurs différents baptêmes – que Jésus apparaît et se présente à Jean pour être baptisé par lui dans le Jourdain. Normalement, le baptême de Jean était un baptême pour les hommes pécheurs. Il n'était pas pour Jésus. Au contraire, comme cela est souligné en Mt 3, 13-15, il était même bon pour Jean lui-même, que Jésus aurait dû baptiser. Dans un premier temps donc, Jean refuse de baptiser Jésus parce que ce baptême n'est pas pour lui, qui est sans péché. Mais Jésus répond de “laisser faire pour l'instant, car c'est ainsi qu'il nous convient d'accomplir toute justice”, c'est-à-dire c'est cela que demande la volonté du Père que Jésus suit et que Jean, envoyé aussi par le Père, doit également suivre. Alors Jean se laisse faire et le baptise. Ce baptême, qui est déjà un mystère, est suivi aussitôt par un autre: la révélation de l'Esprit Saint et du Père. Nous chrétiens, le baptême que nous recevons dans l'Eglise et qui fait de nous des enfants de Dieu et de l'Eglise, est un baptême radicalement nouveau. Il a été inauguré par Jésus-Christ et nous le recevons, comme lui-même nous l'a dit “ au nom du Père, et du Fils et du Saint Esprit”, ces trois personnes présentes au moment du baptême de Jésus. La présence de l'Esprit Saint fait penser à l'onction, qui elle même nous fait penser au Messie et au prophète, car Jésus est le véritable Messie et le véritable prophète. Mais ce qui ressort ici, et que nous devons bien noter et bien souligner c'est la façon directe dont le Père se manifeste à Jésus, et qui permet à Jésus de bien prendre conscience de son identité : “Tu es mon Fils bien-aimé, tu as toute ma faveur”. En effet, Dieu a un seul Fils, qui est Jésus. Par le baptême, nous devenons fils de Dieu, fils réels – comme le souligne saint Jean dans son Evangile – mais seulement des fils adoptifs, des fils par et en Jésus Crist, l'Agneau de Dieu, qui a donné sa vie pour nous, l'Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde (cf. Jn 1, 36) Par son baptême, Jésus est confirmé officiellement Fils Dieu, Fils bien-aimé de Dieu, par la voix du Père et par la présence de l'Esprit Saint. Son appartenance à la Très Sainte Trinité est donc soulignée et ne devra jamais être oubliée. Le Père et le Saint Esprit seront toujours à ses côtés et se manifesteront d'ailleurs de manière très précise au cours de son ministère. En acceptant de se faire baptiser dans le Jourdain par Jean, Jésus se rend solidaire de notre nature humaine et de toute l'humanité pécheresse, mais sans qu'il y ait en lui une seule trace de péché; au contraire, lui, l'Agneau de Dieu, prend sur lui nos péchés pour les enlever. Ce qui commence ici avec le baptême trouvera sa pleine réalisation avec sa mort sur la croix et sa résurrection. Le baptême de Jésus nous aide donc à reconnaître encore mieux la divinité de Jésus qui est Fils Unique de Dieu, en qui et par qui nous sommes fils. Et ce baptême nous demande d'approfondir le sens de notre propre baptême qui efface en nous la tache du péché originel, fait de nous des hommes nouveaux et des femmes nouvelles et nous demande de vivre également en femmes et en hommes nouveaux purifiés par le baptême et fortifiés par l'Esprit Saint. C'est ce souligne l'apôtre Paul dans la deuxième lecture. Par le baptême nous sommes devenus le temple de l'Esprit saint, mais également de la sainte Trinité. Par le Baptême, nous est ouverte également la porte de la miséricorde divine et de son pardon par le sacrement de réconciliation, auquel nous sommes invités à recourir chaque fois que nous nous serons écartés du chemin que nous trace Jésus. C'est également l'occasion de nous rappeler la loi du Christ qui consiste à aimer Dieu et notre prochain comme nous-mêmes. Et cette loi du Christ se résume dans la loi d'amour exprimée dans les dix commandements, résumés par Jésus en Lc 18, 18-19. Ce serait une bonne chose pour nous tous si nous pouvons redire, au cours de cette fête du baptême de Jésus, les formules du baptême par les quelles nous exprimons ce à quoi nous attachons par notre foi et ce à quoi nous renonçons. Nous prierons de façon spéciale pour nous tous et nous toutes qui avons été baptisés, surtout ceux qui l'ont été au cours de l'année passée. Que notre témoignage de vie soit vraiment “sel de la terre” et “lumière du monde”. Prions pour tous ceux qui se préparent au baptême et pour tous les catéchistes de nos paroisses, de nos diocèses, de notre pays et du monde entier. Mgr Bernard NSAYI, Évêque émérite de Nkayi
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