Faire tout pour la gloire de Dieu (6e Dimanche ordinaire – Année B) Textes : Lv 13, 1-2. 45-46 ; Ps 101(102) 2-6. 13. 20-21 ; 1Co 10, 31-11, 1 ; Mc 1, 40-45 En ce dimanche, nous médions sur Jésus qui guérit un lépreux à qui il donne aussitôt l’ordre de ne dire rien à personne. Une fois de plus, Jésus montre qu’il est venu pour nous guérir, pour nous faire entrer de nouveau dans la communion avec Dieu et avec nos frères. La première lecture nous montre comment la lèpre était considérée dans le monde des Juifs au temps de Moïse. Cette maladie, pourtant extérieure, était considérée comme une sorte de malédiction qui condamnait le lépreux – considérés comme impurs - à vivre à l’écart des autres, à demeurer hors du camp. Aujourd’hui, la façon de traiter les lépreux a changé, mais il n’est pas rare de rencontrer encore des attitudes semblables chez de nombreuses personnes dans notre monde, dans certaines familles. Cette situation est encore plus visible aujourd’hui avec certains malades du VIH-SIDA, qui sont victimes de l’exclusion, du rejet et du mépris. Nous pouvons même étendre notre réflexion à tous les malades. En effet, nombreux sont les malades négligés, abandonnés ou négligés. Le problème de santé, qui a toujours préoccupé les hommes, reste toujours actuel. Dans l’Évangile, Jésus montre qu’il est venu pour nous sauver de façon intégrale, aux niveaux spirituel, moral et physique. C’est le malade lui-même qui prend l’initiative de venir vers Jésus et de le supplier, en disant : « Si tu le veux, tu peux me purifier ». Nous avons ici un modèle de prière de demande qui nous montre comment devrait être la prière d’un chrétien. Comme son Père, Jésus voit et connaît tous nos besoins. Avant que nos lèvres s’ouvrent pour lui exprimer nos besoins, il connaît déjà ces besoins. Si nous étions tentés de dire qu’il est donc inutile de prier puisque Dieu connaît tout, nous devons en même temps nous rappeler que Jésus nous a toujours demandé de prier, et même de prier sans jamais nous fatiguer. Avec la belle prière du « Notre Père », il a révélé, à nous chrétiens, que dans la vie, dans notre vie comme dans la prière, il y a toujours deux volontés, celle de Dieu et la nôtre : « Que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel ». Et c’est cela que nous montre le lépreux de l’Évangile, lorsqu’il dit : « Si tu le veux ». Et ce n’est qu’après cette importante introduction – qui reconnaît la volonté première et souveraine de Dieu – qu’il exprime sa requête : « Tu peux me purifier ». Notons bien les mots utilisés ici par Marc. Le malade dit : « Tu peux me purifier », et non pas tu peux me « guérir ». Cela veut dire que nous devons aller au-delà de la simple guérison physique, à laquelle nous sommes souvent tentés de nous arrêter. Même si elle est importante, nous sommes invités à aller au-delà, à penser à une guérison globale, plus profonde, supérieure, incluant la guérison spirituelle. Quand nous sommes malades, ou quand les autres sont malades, nous ne devons jamais oublier la prière, mais une prière globale incluant le spirituel, le moral et le physique. Dans l’Évangile, Jésus a deux attitudes. La première nous montre sa profonde humanité, qui est la preuve même de son incarnation. Il s’est vraiment fait l’un de nous, et il compatit à nos problèmes, à nos souffrances, comme il le fait ici avec le lépreux. Il n’est pas indifférent, mais il prend part à la souffrance de celui qui se trouve devant lui. Il ne s’agit pas d’une compassion qui empire la situation, mais d’un sentiment qui redonne concrètement espoir parce qu’elle est agissante. La deuxième attitude est celle de l’avertissement, qui semble en contradiction avec ce qui précède : « Il renvoie le malade avec cet avertissement sévère ! Attention, ne dis rien à personne ». Mais il ne s’arrête pas là, car il ajoute : « mais va te montrer au prêtre. Et donne pour ta purification ce que Moïse a prescrit dans la loi : ta guérison sera pour eux un témoignage ». Jésus nous montre de nouveau que le plus important se situe, non pas seulement au niveau des signes qu’il opère sur les malades, mais surtout au niveau du contexte global de sa mission, qui est de montrer qu’il est le Sauveur, le Messie qui est venu de la part de Dieu pour libérer les hommes de leurs maladies, dont la plus grave est celle du péché. Nous ignorons si ce lépreux a vraiment obéi à ce que Jésus lui a dit de faire. Ce qui est sûr, c’est qu’il a fait le contraire, en allant proclamer et répandre la nouvelle de sa guérison. La renommée de Jésus comme thaumaturge continue à se répandre de plus en plus. Et comme il ne veut pas se laisser prendre à ce piège de la vaine gloriole, qui risque de fausser la compréhension réelle de sa mission, il est « obligé d’éviter les lieux habités ». L’essentiel pour Jésus, et pour nous aujourd’hui, est contenu dans les paroles de l’apôtre Paul : « Tout ce que vous faites : manger, boire ou n’importe quoi d’autre, faites-le pour la gloire de Dieu ». Cela signifie « n’être un obstacle pour personne », être ouvert à tous en toutes circonstances, ne pas chercher son intérêt personnel, mais celui de la multitude des hommes pour qu’ils soient sauvés. En un mot, « être un modèle », en ayant pour premier modèle le Christ. Nous sommes donc invités, surtout en ce mois de février, de penser aux malades, de visiter les malades, d’aider les malades, de prier pour les malades. Ce que nous faisons de bien ne doit pas nous gonfler d’orgueil. En effet, nous ne devons pas le faire pour nous, pour notre intérêt ou pour nous vanter, mais toujours pour la gloire de Dieu. Mgr Bernard NSAYI Évêque émérite de Nkayi
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