Courir vers la vie (Dimanche de Pâques 2015 – Année B) Textes : Ac 10, 34a.37-43 ; Col 3, 1-4 ; Jn 20, 1-9 Vous avez certainement entendu, à moins de les avoir vous-mêmes tenus, ce genre de propos : « j’aime la vie, alors je m’éclate, je mange, je bois, je fais la fête, car un jour, je finirai par mourir… ». Le dimanche de la Résurrection nous enseigne tout autre chose : la vie, la vraie, ne se trouve ni dans la bombance, ni dans la jouissance effrénée. L’homme qui aime la vie n’est pas celui qui court après des choses ou des ombres qui ne comblent pas le désir d’immortalité. L’homme qui aime la vie, c’est celui qui se fait disciple de Jésus, le Maître de la vie, et qui marche à sa suite, quitte à hâter le pas et à courir pour ne pas rater le rendez-vous avec le Ressuscité. 1-Jésus vainqueur de la mort Les chefs politiques et religieux avaient tout déployé : manipulation des foules, intimidations, calomnies, pour en venir à bout de Jésus. Condamné et mis à mort sur la croix, celui qui annonçait la venue du règne de Dieu en sa propre personne semblait être relégué définitivement dans le passé. S’il en avait été vraiment ainsi, alors ils auraient eu raison, ceux qui disaient que Jésus n’était qu’un imposteur : « Je suis la résurrection et la vie...Le Fils de l’homme va être livré aux mains des païens, ils le crucifieront, mais trois jours après, il ressuscitera… ». Mais Dieu ne ment pas et ne se trompe point dans son projet d’amour et de vie pour l’humanité : son propre Fils ne pouvait être retenu par les liens de la mort, au matin de Pâques, il l’a affranchi de la nuit du tombeau pour que la mort devienne un passage vers le salut. Passage, c’est bien ce que signifie Pâques ; la résurrection du Christ n’est pas un retour à la vie terrestre, elle est entrée dans la vie et la gloire de Dieu, en tant qu’elles sont le but et le sens ultimes de toute la création. 2-Le mystère pascal, cœur de la foi chrétienne Pâques est la plus grande fête chrétienne car elle nous permet de replonger au cœur de la foi telle que les premiers témoins l’ont transmise : Marie-Madeleine, Jean, Pierre et les autres disciples ont fait l’expérience mystique de la présence du Crucifié Ressuscité dans leur vie personnelle et communautaire, chacun à sa façon. Pour Marie-Madeleine, le premier mouvement devant le tombeau ouvert est de dire qu’on a volé le corps de Jésus. Simon-Pierre, lui, reste perplexe à la vue du tombeau vide et des linges mortuaires posés à plat ; quant à Jean, devant le même spectacle, il fait le passage du constat à l’intelligence de la foi : le monde nouveau est inauguré : Jésus Christ est vivant, ce qu’il leur avait annoncé avant sa mort vient de se réaliser. Cette foi qui anime Jean va rapidement être donnée à tous les disciples, à commencer par Pierre qui va en faire le cœur de sa prédication à Césarée, telle que la première lecture de ce jour de Pâques nous la livre : « Celui qu’ils ont supprimé en le suspendant au bois du supplice, Dieu l’a ressuscité le troisième jour ». Telle est notre foi aujourd’hui, nous proclamons un Messie crucifié, ressuscité par Dieu et vivant pour toujours. 3- Les chrétiens appelés à partager la vie du Ressuscité Si Christ est ressuscité, c’est pour être le premier-né d’une multitude de frères et de sœurs, car il est venu pour que tous les hommes aient la vie en plénitude. Sa résurrection nous concerne donc au plus haut point. Les baptisés de la nuit pascale ou de ce jour nous le rappellent. En effet, comme l’écrit l’Apôtre Paul dans la lettre aux Romains, « nous tous qui avons été baptisés en Jésus Christ, c’est dans sa mort que nous avons été baptisés. Si par le baptême dans sa mort, nous avons été mis au tombeau avec lui, c’est pour que nous menions une vie nouvelle, nous aussi, de même que le Christ, par la toute-puissance du Père, est ressuscité des morts » (Rm6, 3-4). Dieu a semé en chaque baptisé les graines de la résurrection et, grâce à l’Esprit Saint, notre divinisation s’opère malgré nos péchés et nos faiblesses, pourvu que nous offrions notre liberté à ce travail de l’Esprit. Nous vivons, au milieu des joies et des peines de notre existence, ce passage d’une vie rivée aux choses de la terre vers les biens du ciel : « Si vous êtes ressuscités avec le Christ, recherchez les réalités d’en haut » (deuxième lecture). Attention, n’allons pas imaginer que Saint Paul nous demande de nous évader de notre condition terrestre avec ses réalités. Au contraire, il nous invite à la prendre au sérieux parce que c’est là que le Ressuscité nous rejoint avec les dons de l’Esprit, que sont « l’amour, la joie, la paix, la patience, la serviabilité, la bonté, la confiance, la douceur et la maîtrise de soi. » (Gal 5, 22). À notre tour, courons vers la Vie, la bonne et la vraie. Soyons aujourd’hui les témoins du Ressuscité, en mettant en œuvre les dons de l’Esprit qui a ressuscité Jésus d’entre les morts. Refusons la violence dans nos familles et dans notre pays. Refusons aussi d’être les complices de notre propre misère et de celle des autres, en rompant le pacte avec l’injustice sociale, la corruption, le tribalisme, l’esprit de domination, la résignation… Alors, la gloire du Ressuscité habitera nos cœurs et notre terre. Abbé Olivier MASSAMBA-LOUBELO
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