14ème Dimanche du Temps ordinaire (Année A) Texte 1 : Za 9, 9-10 : Voici ton roi qui vient vers toi. Le livre du prophète Zacharie est difficile à aborder. Nous pouvons tout de même y découvrir la présence agissante de Dieu qui vient pour renouveler la terre et, de façon spéciale, Israël. Dieu agira par le roi qu’il enverra à Jérusalem. Un roi juste, victorieux et humble (verset 9). - La première caractéristique de ce roi est LA JUSTICE, une réalité souvent évoquée aussi bien dans la Bible que dans notre monde d’aujourd’hui. Comme ce que nous rencontrons souvent c’est l’injustice, la JUSTICE est présentée comme un objet de désir et d’espérance. - La deuxième caractéristique de ce roi est LA VICTOIRE. L’évocation de ce mot fait immédiatement penser à une lutte, à une guerre, à un affrontement d’où ce roi sort victorieux. Ici encore, dans un monde comme le nôtre, souvent dominé par les conflits de toutes sortes, avec des conséquences que nous connaissons, la victoire est également un objet de désir et d’espérance. - La troisième caractéristique est L’HUMILITE. Ce terme, qui peut aller de pair avec la Justice, ne semble pas s’accommoder avec la victoire, qui s’accompagne souvent de manifestation d’orgueil. A ces caractéristiques, liées surtout à la personne de ce roi, s’ajoutent trois autres éléments qui l’accompagnent (cf. verset 10) : - Il fera disparaître les instruments de guerre - Il proclamera la paix aux nations - Sa domination s’étendra d’une mer à l’autre. Tout cela, Zacharie le présente au futur. Mais ce futur est tellement certain qu’il équivaut, en réalité, à un présent : voilà pourquoi il invite Jérusalem à exulter de toutes ses forces, à pousser des cris de joie. Texte 2 : le Psaume 144. C’est une invitation à exalter notre Dieu, à le bénir chaque jour, à louer son nom toujours et à jamais. Texte 3 : Rm 8, 9.11-13. Jésus-Christ est mort et ressuscité pour nous. Désormais, nous sommes en Christ. Il n’y a plus de condamnation pour personne (Rm 8, 1). Mais attention ! Car tant que nous sommes sur cette terre, nous sommes devant une alternative terrible. Nous devons faire un choix : le désir de la chair, c’est la mort, tandis que le désir de l’Esprit, c’est LA Vie et LA PAIX (verset 6). L’Esprit Saint est à la fois l’Esprit de Dieu et l’Esprit du Christ. C’est l’Esprit du Père et du Fils. Et cet Esprit habite en nous (versets 9 et 11). L’apôtre Paul nous invite, avec l’aide de l’Esprit, à faire mourir les œuvres du corps, afin que nous puissions vivre. Texte 4 : Mt 11, 25-30. Le genre littéraire de ce passage est difficile à définir. Mais nous pouvons le présenter comme une action de grâce, un remerciement, une prière que le Fils adresse à son père (versets 25-26). Et la deuxième partie est une invitation que Jésus, lui-même Seigneur et Sauveur, nous adresse (versets 27-30). Au verset 25, l’introduction chronologique, semblable à celle de Mt 12, 1, nous demande de le rapprocher de Mt 12, 1-8, lui-même lié à Mt 12, 9-14. Dans ces deux passages, nous voyons Jésus qui affronte ses adversaires, les pharisiens, sur la question du sabbat. L’introduction du verset 25 arrive de façon brusque. Jésus rend grâce à son Père, à qui il donne le titre de Seigneur du ciel et de la terre. Ce titre nous renvoie aux deux « récits » de la création, qui indiquent la seigneurie de Dieu sur tout le créé. Et comme tout est créé par l’intermédiaire du Verbe, la seigneurie de Dieu le Père sur la création est également la seigneurie du Fils à qui le Père a tout donné. Tout ce qui est au Père est au Fils, et ce qui est au Fils, le Fils le donne à l’Esprit et à nous. (cf. Jn 16, 13-15). Tout au long de l’histoire du salut, Dieu s’est manifesté comme un Père plein d’amour, capable de punir, mais aussi toujours prêt à pardonner quand on se repent et qu’on revient vers lui (cf. Mt 11, 20-24). Mais selon la volonté souveraine de Dieu, tout le monde ne peut pas comprendre cela (cf Mt 11, 25b). En effet, les hommes se divisent en deux groupes : - Il y a ceux qui pensent et croient qu’ils sont sages et intelligents. Ils pensent qu’ils ont tout, qu’ils sont riches, qu’ils n’ont besoin de personne, et même pas de Dieu. Ils se suffisent à eux-mêmes. Ils sont exactement comme une bouteille fermée, ou pleine, dans laquelle on ne peut rien mettre. A ceux et celles-là, Dieu ne révèle rien, Dieu ne donne rien. - Le deuxième groupe, c’est celui des tout-petits, des personnes humbles, pauvres. Ils sont comme une bouteille ouverte et vide, prête à recevoir ce qu’on veut bien lui donner. Ce sont ces personnes-là que Dieu préfère. C’est à elles que Dieu se révèle e révèle ses mystères. C’est dans ce deuxième groupe que Jésus lui-même est venu se situer (cf. Mt 25, 31-46). C’est cela la volonté du Père depuis toujours ( Cf . le Magnificat, Lc 1, 51-54). Jésus rend grâce pour tout cela, mais aussi parce que : - c’est cela sa volonté, que lui, le Fils, accepte (verset 26) - tout lui a été remis par son Père (verset 27a) - il n’existe aucun secret entre le Père et le Fils (verset 27b) - il n’existe aucun secret entre le Fils et celui à qui le Fils veut révéler son Père (verset 27b). Ce mystère de communion entre le Père et le Fils, entre le Fils et nous, Jésus nous le précise encore mieux dans les versets 28-30. Le centre du mystère de notre salut se trouve dans le mystère de la croix, dans le mystère de la passion, mort et résurrection de Jésus, pour notre salut. Or ce mystère, comme nous le montre l’apôtre Paul dans la 2e lecture, est un mystère trinitaire qui implique également l’Esprit-Saint (cf. Rm 8, 6, 9 et 11). Pour que nous puissions bénéficier des fruits de ce mystère qui nous sauve, Jésus nous invite à aller à lui. Et il invite de façon spéciale tous ceux qui souffrent, tous ceux qui peinent, tous ceux qui ploient sous le fardeau. Et je pense que tout homme normal, ouvert aux autres et à leurs besoins, se reconnaît dans cet appel. Nous sommes invités à répondre à cet appel. Nous sommes invités à faire entendre cet appel à tous, pour qu’ils puissent également y répondre. C’est ainsi que tous, avec l’aide du Saint Esprit, connaissant le Père, son Fils et l’Esprit Saint, et quelle est la beauté et la richesse du salut qu’il nous apporte, nous pourrons, nous aussi rendre grâce au Père. Mais cela passe par l’acceptation humble de notre croix de chaque jour, que Jésus, doux et humble de cœur, nous aidera à porter. +Mgr Bernard NSAYI Evêque émérite de Nkayi
|