Message des évêques de I’Acerac au peuple de Dieu Cher(e) s frères et soeurs, Fidèles du Christ, Hommes et femmes de bonne volonté A vous, grâce et paix, par Dieu notre Père et Jésus Christ notre Seigneur
Nous, évêques de Acerac, avons consacré notre VIIIème assemblée plénière au thème: «Pour une meilleure gestion des biens dans nos Eglises d’Afrique centrale». En effet, nous constatons que, malgré la générosité et la bonne volonté de nos fidèles pour subvenir aux besoins de leurs Eglises, nos diocèses, nos paroisses et nos institutions dépendent encore en grande partie de l’aide extérieure. Par ailleurs, nous constatons que nous n’exploitons pas suffisamment toutes les potentialités locales. Nous constatons, également, que les biens de l’Eglise ne sont pas toujours correctement gérés, en vue de la mission qui nous est confiée. Ces constats montrent bien l’importance d’une gestion correcte des biens dans nos Eglises particulières et, en même temps, l’urgence de leur progressive autonomie financière. Nous sommes conscients que cette autonomie ne sera atteinte que comme résultat d’un long chemin qui exige des efforts, des changements de mentalités et de comportements. Cela demande, également, un travail constant de formation des fidèles, des communautés ecclésiales et du clergé.
1- Des serviteurs fidèles et avisés
«Quel est donc l’intendant fidèle et avisé, que le Maître établira sur ses gens pour leur donner, en temps voulu, leur ration de blé? Heureux, ce serviteur que son maître, à son arrivée, trouvera occupé de la sorte». (Lc 12, 42-43). La Parole de Dieu nous rappelle les qualités d’un bon gestionnaire des biens et des personnes dans l’Eglise. C’est ce que nous enseigne la figure de l’intendant fidèle, image de la mission des responsables de l’Église. L’intendant doit être une personne sage. II doit allier l’exigence éthique à l’habileté technique, à l’expérience, à la capacité à gouverner et surtout à la connaissance de Dieu.
Ces gestionnaires proposent un idéal de justice, de partage concret, pour que personne ne soit dans le besoin. La communauté chrétienne devient signe et ferment d’une société d’égalité et de fraternité. Avec Jésus, elle témoigne de la solidarité, surtout avec les pauvres, que rappelle Ecclesia in Africa (n° 44). D’ailleurs, pour Saint Jacques, le souci des pauvres et le respect de leur dignité constituent le signe de la santé spirituelle de la communauté chrétienne (cf. Jc 21-13). Par leurs manières prophétiques de gérer les biens et les personnes, les pasteurs luttent contre le culte de la richesse et témoigne du partage et de la gratuité, comme modèle d’un nouvel ordre économique et humain. Ils montrent la priorité du service et de l’honnêteté. Ils témoignent de la liberté vis-à-vis de toutes les puissances d’argent, pour le service de tous, suivant en cela le mot de Paul: «Libres à l’égard de tous pour être tout à tous» (1 Co 919).
2- Des gestionnaires, témoins de l’évangile
Le problème de l’autonomie financière, pour nos Eglises, est d’abord celui de la mise en place des structures et des moyens de production des biens. Une dynamique vers un autofinancement dans nos milieux ecclésiaux, sans refuser la solidarité, l’aide fraternelle et la communion avec les autres Eglises, vise à exploiter d’abord les potentialités et les ressources propres, afin de satisfaire les besoins essentiels. Plus concrètement, les pasteurs, aidés par des laïcs compétents, doivent trouver des secteurs viables d’investissement et générateurs de richesses.
Le problème d’autonomie financière est aussi celui de la bonne gestion des biens. Ceux-ci exigent d’être administrés dans la transparence, l’honnêteté et le respect du bien commun. Cela exclut tout esprit d’intérêt personnel, de népotisme et de corruption et demande un style de vie simple et évangélique. L’Evangile nous invite à prendre en charge nos communautés ecclésiales et à nous engager pour une maîtrise des ressources humaines et une autosuffisance matérielle. Il nous appelle à exploiter toutes nos capacités et nos potentialités humaines existantes.
Les fidèles ont l’obligation «de subvenir aux besoins de l’Eglise, afin qu’elle dispose de ce qui est nécessaire au culte divin, aux oeuvres d’apostolat et de charité et à l’honnête subsistance de ses ministres» (can. 222 §1). Les pasteurs, quant à eux, sont tenus à bien gérer et à rendre compte des biens qui leur sont confiés pour l’annonce de l’Evangile du Christ. 3- Des gestionnaires compétents et responsables
Une bonne gestion des biens de nos Eglises demande, également, un effort pour former des personnes compétentes et capables de les faire fructifier. L’Evangile nous invite à bien calculer, à prévoir avec réalisme, à juger avec précision nos forces avant d’entreprendre nos actions. «Qui de vous, en effet, s’il veut bâtir une tour, ne commence par s’asseoir, pour calculer la dépense et voir s’il a de quoi aller jusqu’au bout? De peur que s’il pose les fondations et ne peut pas achever, tous ceux qui le verront ne se mettent à se moquer de lui, en disant: «voilà un homme qui a commencé de bâtir et il n’a pas pu achever») (Luc 14, 28-30). Le droit de l’Eglise nous offre des structures et une discipline pour une gestion correcte et ecclésiale des biens, qui doivent être respectées et appliquées. Le fonctionnement effectif des conseils pour les affaires économiques au niveau du diocèse, des paroisses et d’autres structures ecclésiales est une des conditions pour parvenir à une gestion transparente et efficace des biens de l’Eglise. D’ailleurs, comment l’Église pourrait-elle réclamer la transparence dans la gestion de la chose publique si elle ne se munit pas, elle-même, d’organes de gestion et de contrôle, prévus par le droit ecclésial et si elle n’organise pas une formation suffisante des agents pastoraux dans ce domaine?
4- Recommandations C’est pourquoi, nous, évêques de I’Acerac, recommandons: -la gestion transparente des biens de l’Eglise qui respecte les règles éthiques, canoniques et civiles; -le souci d’autofinancement dans nos communautés et nos institutions; -la mise sur pied et le fonctionnement effectif des conseils pour les affaires économiques, au niveau diocésain et paroissial, ainsi que d’autres structures de gestion ou d’administration; - la formation des personnes s’occupant de l’administration des biens de l’Eglise; - de pourvoir effectivement à l’honnête subsistance du clergé et à sa sécurité sociale; - le respect de la justice dans la rémunération du personnel ecclésiastique et laïc, engagé de façon permanente, dans nos structures ecclésiales, des initiatives allant dans le sens de la péréquation au sein de nos Eglises particulières; -la clarté et la distinction des rôles de chaque acteur intervenant dans la gestion économique et matérielle des biens de l’Église.
5- Résolutions Nous, évêques de I’Acerac, prenons l’engagement: - de conformer, là où cela n’existe pas encore, la gestion des biens de nos Eglises au cadre comptable retenu, lors de notre assemblée plénière de Bangui 2008; - d’élaborer, au sein de nos Conférences épiscopales respectives, les normes nationales en matière d’administration et d’aliénation des biens temporels, comme le demande le droit universel.
Conclusion
Cher(e)s frères et soeurs,
Fidèles du Christ, hommes et femmes de bonne volonté; l’Eglise Famille de Dieu poursuit la mission qui lui a été confiée par son Seigneur. Pour la réaliser, elle a besoin de moyens matériels et humains. Aujourd’hui, nous avons à relever le défi de la nouvelle évangélisation. Mais, celle-ci n’est pas possible sans autonomie financière, sans une bonne gestion des biens. La nouvelle évangélisation exige, surtout, une bonne gestion des ressources humaines. Celles-ci constituent la première richesse de nos pays et de nos Eglises. - Puisse la Vierge Marie, Mère de notre Rédempteur et notre Mère, nous accompagner dans cette nouvelle dynamique.
Fait à Bangui, le 6 juillet 2008 Pour les Evêques de l’ACERAC
Mgr François-Xavier YOMBANDJE Président
|