Les conférences des évêques |
Les conférences des évêques. Histoire et développement de 1830 à nos jours.
Prêtre de l’Archidiocèse de Brazzaville, en mission d’études en France, l’Abbé Pépin Wenceslas Firmin Dandou vient de publier un livre intitulé « Les conférences des évêques. Histoire et développement de 1830 à nos jours ». Paru aux éditions de L’Harmattan, à Paris, en 2007, cet ouvrage de 266 pages est en fait la première partie de sa thèse de doctorat en Droit canonique, soutenue en avril 2007, à la Faculté de droit canonique de Toulouse. Dans un style à la fois simple et très pédagogique, l’auteur nous fait découvrir la genèse, la nature, la structure et le fonctionnement de l’institution qui coordonne la vie de l’Eglise Catholique dans chaque pays du monde.
Constitué essentiellement de deux grandes parties, Les conférences des évêques. Histoire et développement de 1830 à nos jours est un livre qui fait le point sur la naissance des conférences épiscopales et sur leur structuration actuelle. La première partie est effectivement consacrée à la genèse de cette institution ecclésiale. Faisant le tour d’horizon de toutes les conférences des évêques du monde, de l’Europe en Afrique, en passant par l’Amérique, l’Asie et l’Océanie, l’Abbé Pépin Wenceslas Dandou affirme que les conférences des évêques sont une institution d’existence récente, qui a vu le jour au 19ème siècle, en Europe : « Comme le relève Jean-Paul II dans le Motu Proprio Apostolos suos, « à côté de la tradition des conciles particuliers et en harmonie avec elle », à partir de la première moitié du 19e siècle, « pour des raisons historiques, culturelles, sociologiques et pour des objectifs pastoraux précis, sont nées dans différents pays les conférences des évêques, pour traiter les diverses questions ecclésiales d’intérêt commun et pour y apporter des solutions opportunes » (p.15).
A l’origine de cette institution, il s’agissait d’une initiative isolée de certains épiscopats d’Europe qui s’étaient réunis pour défendre « les intérêts de l’Eglise locale face à certains courants humanistes hostiles à la religion catholique » (p.9). Cette démarche ecclésiale des épiscopats européens s’étant avérée salutaire pour l’Eglise, le Saint-Siège la valida puis la recommanda à tous les autres continents. Toutefois, si « la décadence des conciles particuliers, la laïcisation de la société civile, la séparation des Eglises de l’Etat, ainsi que le phénomène de transformation rapide de la société » sont autant de facteurs socio-historiques qui ont présidé à l’émergence des conférences des évêques, leur institutionnalisation et leur structuration sont néanmoins l’œuvre de certains pontifes romains qui y ont apporté leur touche particulière. Au nombre de ces pontifes romains, l’auteur mentionne les Papes Pie IX, Léon XIII, Pie X, Benoît XV, Pie XI, Pie XII, Jean XXIII, Paul VI et Jean-Paul II.
Après ce panorama historique, Pépin Wenceslas Firmin Dandou aborde, dans la seconde partie de cet ouvrage, la structure et le fonctionnement actuels des conférences des évêques. Conçues, au départ, comme des assemblées de nature purement consultative, les conférences des évêques ont par la suite acquis un vrai pouvoir juridique, notamment avec le Concile Vatican II qui, par la promulgation du décret Christus Dominus, les engagea dans une sorte de logique de « décentralisation de l’autorité de l’Eglise et assurait en même temps aux Eglises particulières la possibilité d’avoir une pastorale qui tînt compte des conditions locales » (p.10). Cette œuvre de structuration des conférences des évêques atteignit sa maturation avec le Code de droit canonique de 1983 qui, suivant les termes du canon 455, leur attribue un pouvoir législatif.
Mais, selon l’auteur, ce pouvoir législatif n’est pas suffisamment exploité par l’ensemble des conférences des évêques : « Pour être assez objectif, nous dirions que l’exercice du pouvoir législatif des conférences des évêques est encore timide. Car, sur l’ensemble des conférences épiscopales à travers le monde, peu ont essayé de porter des décrets généraux en vue de l’établissement d’un droit particulier de la conférence » (pp.10-11). L’autre aspect important, soulevé par l’Abbé Dandou, est celui de la valeur juridique des décisions que la conférence des évêques est autorisée à prendre. En effet, le domaine des compétences législatives de la conférence des évêques est très cadré. Le droit universel de l’Eglise a bien précisé les matières sur lesquelles la conférence des évêques peut porter des décrets généraux. En plus, avant leur entrée en vigueur, ces décrets généraux devront préalablement obtenir l’assentiment des 2/ 3 des évêques ayant voix délibérative à l’assemblée plénière, puis être validés par le Saint-Siège. Ce qui fait dire à l’auteur du livre que les modalités de l’exercice du pouvoir législatif des conférences des évêques, définies au canon 455, constituent en soi « une délimitation claire de la valeur juridique des decreta generalia de la Conférence des Evêques » (p.221).
Quoiqu’il en soit, Pépin Wenceslas Firmin Dandou pense que « les conférences des évêques sont compétentes pour édicter des normes afin d’inculturer le droit » (p.11). Dès lors, l’enjeu consiste, pour chaque conférence des évêques, dans la mise en œuvre effective de cette compétence afin « d’adapter la loi universelle de l’Eglise aux exigences des lieux et des temps et d’œuvrer pour une inculturation du droit de l’Eglise », selon l’expression de S. RECCHI que l’auteur a bien voulu paraphraser. D’ores et déjà, l’Abbé Dandou s’active à mettre sur le marché un autre livre dans lequel il entend dégager quelques défis de l’Eglise du Congo face à l’éducation de la jeunesse, défis qui interpellent la Conférence épiscopale du Congo.
Pierre Raudhel MINKALA
Pépin Wenceslas Firmin DANDOU, Les conférences des évêques. Histoire et développement de 1830 à nos jours, Paris, L’Harmattan, 2007, 266 pages; prix: 27 €
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