Jean-Baptiste, le témoin de la lumière

 

Jean-Baptiste, le témoin de la lumière (3e dimanche de l’Avent - Année B)

 

 

Texte 1 =  Is 61, 1-2. 10-11 : L’Esprit du Seigneur repose sur son envoyé

Avec ce passage, nous sommes dans la troisième partie du livre d’Isaïe (ch. 50-66), appelé aussi le trito-Isaïe. Cette partie suppose que Jérusalem est déjà prise, que le peuple est captif en Babylonie et que Cyrus, le libérateur, est déjà en action (BJ). Un accent particulier est mis sur l’élu (autre que Cyrus) que le Seigneur enverra pour libérer son peuple. Cet élu du Seigneur sera fort et efficace uniquement par la puissance de l’Esprit que le Seigneur mettra sur lui par l’onction. C’est cette puissance – don de Dieu- qui lui permettra de mener à bonne fin sa mission de libération de tous ceux qui souffrent et qui se résument dans la catégorie des « pauvres ». Cette catégorie est bien mise en exergue par le fait qu’elle est citée en premier. Ceci explique la joie totale qui s’exprime dans la deuxième partie (vv.10-11).

 

Hier comme aujourd’hui, l’envoyé du Seigneur travaille sous l’action de l’Esprit dont il manifeste la puissance. Il est donc appelé à rester à son écoute pour être toujours à son écoute, comprendre ses inspirations et, avec sa force, être en mesure de mener à bonne fin la mission qui lui est confiée.

 

Texte 2 = Lc 1, 46-54 : Ensemble avec Marie, nous aussi, exaltons le Seigneur

Cette hymne à la joie et à l’action de grâces peut se diviser en deux parties. La première parle de Marie et de tout ce que le Seigneur a accompli en elle, et qui concerne toutes les générations. La seconde partie présente ce que le Seigneur fait et fera pour les générations futures et pour Israël. Il est évident que ce passage nous concerne également puisque nous faisons partie de l’histoire de l’humanité, dans laquelle se trouve la nouvelle famille de Dieu, l’Eglise dont nous sommes les membres.

 

Texte 3 = 1Th 5, 16-24 : Soyez toujours dans la joie

Ce petit texte peut se diviser en trois parties. La première, qui est l’introduction et donne le ton à l’ensemble, est une invitation positive à la joie et à l’action de grâces. Cela ne doit pas se faire par simple souci humain mais parce que c’est surtout la volonté de Dieu dans le Christ Jésus. La deuxième partie est comme une condition pour vivre vraiment dans la joie au sein de la communauté, dans l’attention à l’Esprit et le discernement (19-21). La fin est une invitation à s’abstenir du mal (v22). La troisième est comme une sorte de prière où est demandé la grâce de la sanctification de toute notre personne en vue de la venue de notre Seigneur. La finale est un acte de foi et de confiance totale en Dieu : celui qui appelle, qui est fidèle et accomplira tout cela (v24).

 

Texte 4 = Jn 1, 6-8. 19-28 : Jean-Baptiste, le témoin de la lumière

A la lumière de la première lecture, la personne de Jean reçoit une importance particulière. C’est un élu, un envoyé de Dieu, lié de façon toute spéciale à l’Esprit-Saint, dès le sein de sa mère (Lc 1, 42-45), comme le fut d’ailleurs son Seigneur et notre Seigneur, Jésus (Lc 1, 34-36). Cette réalité, comme bien d’autres de sa personne et de sa mission, risquait - dans l’esprit de ses contemporains - d’apporter  une confusion de rôle entre lui et le Christ Jésus. C’est ce danger que flairent ceux qui viennent l’interroger sur son identité et sa véritable mission. L’insistance avec laquelle ils mènent leur investigation prouve l’importance de la question. En effet, il s’agissait de savoir si, en sa personne, c’était déjà  le Messie qui était présent. Trois fois, on lui demande de se présenter, avec des propositions précises de réponse, liées aux personnages importants de l’histoire du salut. Trois fois, par ordre décroissant, il nie être l’un des trois personnages indiqués (v.v.19-21). Tout cela plonge les envoyés de Jérusalem dans l’embarras. Ils veulent une réponse claire et ils reviennent à l’assaut en lui demandant  de se présenter par lui-même (v22).

 

Jean-Baptiste répond en se référant au prophète Isaïe. Il est la voix de celui qui crie dans le désert (v23). Cette réponse ne satisfait pas ses interlocuteurs, du groupe des pharisiens. Effectivement, il y a la question du baptême, un signe particulier lié justement au baptême. Et pas n’importe quel baptême. Ici, il s’agit d’un baptême lié à l’arrivée imminente du règne de Dieu. Dans un tel contexte, les pharisiens, gardiens de l’orthodoxie de la religion juive, ont raison de s’inquiéter, eux qui attachent une très grande importance à la figure du Messie.

 

Loin de s’émouvoir, Jean-Baptiste, en trois points, va plus loin dans sa réponse.

a)      Lui, il baptise dans l’eau : sa fonction est liée étroitement au baptême, mais un baptême dans l’eau, ce qui laisse supposer un autre baptême.

b)      « Mais au milieu de vous se tient celui que vous ne connaissez pas, c’est lui qui vient derrière moi ». Ils ne le connaissent pas, et pourtant il est en train de venir : celui-là lui est supérieur et il  donnera un baptême supérieur au sien.

c)      Et je ne suis pas digne de défaire la courroie de sa sandale : Jean-Baptiste exprime ici sa petitesse devant la personne de Jésus, le Messie attendu, qui accomplira ce qui était annoncé par Isaïe.

 

Le baptême de Jean-Baptiste, baptême du peuple, auquel se soumettra le Messie lui-même, marque un tournant dans l’histoire du salut, dans celle de Jean-Baptiste et dans celle de Jésus lui-même. Cette importance est telle qu’aucun des évangiles ne l’a omis. Et Marc, le plus bref des évangélistes, commence par lui (Mt 3, 1-12 ; Mc 1, 1-11 ; Lc 3, 3-18).

 

Que pouvons-nous retenir de toutes ces lectures ?

Le plan de salut est entre les mains de Dieu. Un Dieu tout-puissant qui agit par son Esprit-Saint. L’Esprit-Saint déverse ses dons sur l’élu pour qu’il puisse être en mesure de réaliser sa mission. Sans cette force, il ne pourrait rien faire. Tout au long de sa mission, l’Esprit sera toujours à ses côtés, pour le guider. Il devra donc être à son écoute, lui obéir, rester toujours à sa place, celle de serviteur et laisser toujours la première place au Christ.

 

Une double tentation est toujours présente parmi les hommes. Tentation pour celui qui est envoyé de se prendre pour le Christ et de se gonfler d’orgueil devant certaines de ses réalisations. Tentation pour ceux auxquels il est envoyé, qui peuvent considérer l’envoyé comme plus qu’un envoyé,  comme plus que ce qu’il est réellement.

 

Nous sommes appelés à faire attention pour bien connaître notre place dans le plan de Dieu, dans l’Eglise et dans le monde. Le Sauveur, le Messie, la lumière, c’est Jésus-Christ, mort et ressuscité. C’est lui le seul Sauveur, dans l’Esprit Saint. Comme Jean-Baptiste, nous ne sommes pas la lumière, nous ne sommes pas le Christ. Pour comprendre ce message qui semble facile, nous devons continuellement nous mettre, chaque jour, à l’écoute de l’Esprit Saint, qui nous fera entrer plus profondément dans l’amour, la connaissance et le service de Jésus, pour que nous puissions mieux accomplir la mission qu’il nous confie.

 

            Mgr Bernard NSAYI

            Evêque émérite de Nkayi