L’ange Gabriel fut envoyé par Dieu à une jeune fille

 

L’ange Gabriel fut envoyé par Dieu à une jeune fille (4ème dimanche de l’Avant – Année B)

 

Texte 1 = 2 Sm 7, 8b-12. 14a-16 : J’élèverai ta descendance après toi

 

L’auteur des livres de Samuel essaie de rappeler, en les méditant, les principales étapes de l’histoire du salut, en particulier celle des rois, David en premier. Il nous donne les éléments fondateurs du messianisme royal, aussi bien chez les Israélites, chez les Juifs que chez les chrétiens.  L’introduction souligne deux éléments positifs: le roi est installé dans sa maison et le Seigneur lui a accordé le repos face à ses ennemis (v.1). Devant Nathan, le roi David les reprend, mais de façon contrastée, parce qu’il les met en contradiction avec la situation de l’arche de Dieu qui est installé au milieu d’une tente (v.2).

 

Nathan perçoit l’intention qu’a le roi de faire construire une maison pour le Seigneur. « Maison » présentant une triple signification : maison d’habitation, dynastie ou  royauté davidique et temple. Le prophète autorise le roi à concrétiser son projet. Mais le Seigneur n’est pas de cet avis (cf. v.5), lui qui a accompagné David, qui a  fixé un lieu à Israël et promet d’élever sa descendance après lui. Le v.14 – je serai pour lui un père et il sera pour moi un fils - peut se comprendre de plusieurs manières, mais nous pouvons y voir une allusion au Christ, Fils de Dieu et véritable Messie, par qui la « maison » et la « royauté » seront stables à jamais (cf. v.16).

 

Texte 2 = Ps 88 : Je chanterai toujours les bontés du Seigneur

 

Ce psaume, une sorte d’action de grâces devant les bontés du Seigneur, est comme un écho de la première lecture. Nous y retrouvons les thèmes de l’alliance, de la dynastie, ainsi que celui de la fidélité du Seigneur, dont les projets et les effets valent pour tous les siècles (cf. les vv.3, 5 et 29). Soulignons en particulier la reprise du thème de la paternité de Dieu au v.27a.

 

Texte 3 = Rm 16, 25-27 : A celui qui a le pouvoir de vous affermir selon l’évangile, gloire par Jésus Christ.

 

Nous sommes toujours dans les perspectives des textes précédents, mais dont les promesses arrivent à leur accomplissement avec le Seigneur Jésus Christ. Paul souligne bien que cet accomplissement se réalise selon trois axes :

1)      selon l’évangile qu’il annonce en prêchant Jésus Christ

2)      selon la révélation d’un  mystère « gardé dans le silence », « mais maintenant manifesté  et porté à la connaissance de tous les peuples (devoir missionnaire)

3)      selon l’ordre du Dieu éternel, pour les conduire à l’obéissance de la foi.

Comment, en cette année paulinienne, ne pas voir dans ces lignes un message qui nous est adressé à nous-mêmes aujourd’hui, et qui nous invite à prendre nos responsabilités, nous aussi, pour l’annonce de l’évangile, en prêchant Jésus Christ, pour conduire tous les peuples, - le peuple congolais et le continent africain compris- « à l’obéissance de la foi. » (v.26).

 

Texte 4 = Lc 1, 26-38 : L’ange Gabriel fut envoyé à une jeune fille nommée Marie

 

Nous sommes devant un des plus beaux et des plus profonds textes de la bible qui constituent à la fois un des sommets de la révélation, une des clés de notre salut et un des fondements de notre foi chrétienne. Il est comme une réplique de l’annonciation au prêtre Zacharie (cf. Lc 1, 5-25), dans le temple, qui nous permet de souligner certaines différences importantes :

-         Là, il s’agit d’un homme, qui est âgé et qui est prêtre, ici il s’agit d’une simple jeune fille

-         Là, l’événement se passe dans le temple, ici cela se passe apparemment dans une maison. Là, l’annonce concerne la naissance de Jean Baptiste, à partir d’une vieille femme, appelée stérile, ici, il s’agit d’une jeune fille, une vierge. Là, il s’agit de la naissance d’un homme simple, ici il s’agit de la naissance du Fils de Dieu.

 

L’introduction est magistrale. Notons que le texte liturgique omet un élément très important de la Bible : la mention du « sixième mois » (cf. les vv.26 et 36, que nous devons rapprocher du v.56). Nous avons d’abord la présentation des personnages : l’ange Gabriel envoyé par Dieu, Marie et Joseph. Marie est présentée : d’abord comme jeune et vierge (deux fois au v.27) et, en finale, son nom. Joseph est présenté comme dépendant un peu de Marie, mais avec un rôle spécial, il en est le fiancé et il est de la maison de David, ce qui nous renvoie à tout l’ancien testament, en particulier à Samuel et aux prophètes. Le reste peut être divisé en trois parties :

 

1)      L’ange entre et intervient en trois parties : il la salue, il dit qu’elle est comblée de grâces et il affirme que le Seigneur est avec elle (v28). Marie est troublée et se demande ce que peut signifier cette salutation (v29)

2)      L’ange la rassure et lui dit de ne pas craindre, car elle a trouvé grâce auprès de Dieu. En plus, elle va concevoir et enfanter un fils, auquel elle donnera le nom de Jésus. Cet enfant sera appelé Fils du Très Haut, il régnera pour toujours sur la maison de David et son  règne n’aura pas de fin. (vv30-33).  Marie se demande comment cela peut se faire, puisqu’elle est vierge.

3)      La dernière intervention de l’ange parle de l’Esprit Saint, par qui Dieu réalise ses desseins, montrant par là que l’incarnation est une révélation simple et claire de la  Sainte Trinité : elle est l’œuvre des trois personnes divines (v35). La finale se présente également en trois séquences :

a.       Elisabeth, sa cousine, a conçu elle aussi un fils dans sa vieillesse

b.      Alors qu’on l’appelait « stérile » (c’est le surnom qui était devenu son nom

c.       Rien n’est impossible à Dieu (manifestation de sa toute-puissance : vv36-37).

La réponse de Marie est un simple « FIAT » devant la volonté de Dieu, manifestée dans les paroles de l’ange. C’est fait, Marie est mère, sa mission terminée, l’ange s’en va (v38).

 

Dans quelques jours seulement, nous allons célébrer la naissance de  notre Sauveur, né de la Vierge Marie, en présence de Joseph. C’est la fête de notre naissance, la fête de notre salut. C’est aussi la fête de la famille. Pour bien la vivre, méditons bien cet évangile qui est une véritable école pour chacun et chacune d’entre nous, pour  notre monde et pour notre société. A la racine, nous avons Dieu le Père, origine de notre salut, qui travaille toujours par son Esprit Saint. Au centre se trouve la personne de Jésus Christ qui se fait homme, pour nous sauver. Mais il y a aussi Marie, qui se présente comme notre modèle à tous et, spécialement, comme le modèle de toutes les femmes et de toutes les jeunes filles auxquelles elle présente encore la valeur de la virginité, dont nous avons peur, dont nous parlons rarement ou, pire, que nous dénigrons parfois, alors que c’est la voie obligée pour nous préparer aux plus grands engagements de notre vie que sont ou bien le mariage véritable, ou le célibat véritable à vie pour les personnes consacrées, en particulier les prêtres, les religieux et les religieuses.

 

Sachons également que ce Noël 2008, pour des millions de personnes, sera vécu, malheureusement, dans la souffrance, la maladie, les guerres, la faim, les injustices de tous genres. ¨Puisse Noël devenir, pour tous, un moment d’engagement pour l’amour vrai, la justice, la solidarité et le partage. Que l’Esprit Saint, la Vierge Marie et l’enfant Jésus nous y aident.

 

                        Mgr Bernard NSAYI

                        Evêque émérite de Nkayi