Les mages se prosternèrent devant lui et lui offrirent leurs présents

 

Les mages se prosternèrent devant lui et lui offrirent leurs présents (Epiphanie 2009)

 

Texte 1 = Is 60, 1-6 : Lève-toi, Jérusalem ! Resplendis, car elle est venue, ta lumière

Dans la troisième partie du livre d’Isaïe (Is 56-66), il est surtout question du salut que Dieu donne à sa communauté. Au centre se trouve Jérusalem, éblouie par la montée des peuples, qui arrivent en son sein, et par la manifestation de la gloire de Dieu. C’est dans ce contexte que se situe notre passage. Malgré la situation sociopolitique très difficile, la foi de l’auteur en un Dieu fidèle, puissant et libérateur, demeure intacte.

 

Ici, c’est Jérusalem qui est au premier plan. Elle est invitée à se lever, à resplendir pour un double motif : sa lumière est venue et la gloire du Seigneur s’est levée sur elle (v.1). Partout, sur toute la terre, ce sont les ténèbres et le brouillard, mais sur Jérusalem le Seigneur va se lever et sa gloire est en vue. A cause de tout  cela, Jérusalem est invitée à lever les yeux et à voir que tous viennent à elle. Elle sera rayonnante, car la fortune des nations viendra jusqu’à elle (vv.5-6). Laissons-nous, nous aussi, emporter par cette joie, même si elle n’est qu’une faible annonce de la joie que nous apporte le Seigneur Jésus notre Sauveur, notre lumière et notre richesse.

 

Texte 2 = Ps 71,  1-13 : Il délivrera le pauvre qui appelle

Dans ce psaume, l’auteur adresse à Dieu une prière en faveur du roi dont il trace en quelque sorte certaines caractéristiques. Nous notons avec insistance cette parole : Qu’il gouverne ton peuple avec justice (v.2). Le peuple, dont le roi aura la charge, n’est pas son peuple, mais c’est le peuple de Dieu. Cela, il ne doit jamais l’oublier. En le gouvernant, il doit tenir compte de la manière dont Dieu gouverne le monde : il le fait avec justice, en tenant compte de tous, spécialement des humbles et des pauvres (vv.2 et 12). C’est vrai qu’il aura une puissance sur toute la terre.

 

C’est vrai que des richesses lui arriveront de partout.  C’est vrai que les rois se prosterneront devant lui, mais sa véritable grandeur sera dans le fait qu’il délivrera le pauvre qui appelle et les humbles privés d’appui (vv.2, 8, 10, 11 et 12). En fait, cela ne s’est vérifié vraiment pour aucun roi, dans l’histoire d’Israël : Seul Jésus, en qui nous devons mettre toute notre foi, le réalise, pour tous les hommes, pour le peuple choisi et pour tous les peuples de la terre.

           

Texte 3 = Ep 3, 2-6 : Les païens (ceux qui ne sont pas Juifs) sont admis au même héritage

Ce petit passage de la lettre aux Ephésiens est en réalité une contemplation et une action de grâce. Il chante la miséricorde infinie de Dieu pour tous les hommes et pour tous les peuples. Cette miséricorde infinie et cet amour sont le fruit de la grâce qu’il a accordée à Paul pour l’intention des Ephésiens et pour nous aujourd’hui (cf. v2). Dans sa bonté, Dieu a révélé ce mystère à Paul, qui fait partie des apôtres et des prophètes. Une fois de plus, l’apôtre montre que Dieu continue à agir, par l’Esprit, en Jésus-Christ. Toute cette révélation arrive à nous par le moyen de l’Evangile. C’est clair, nous aussi, aujourd’hui, nous avons le devoir de continuer à faire retentir ce message pour tous les hommes d’aujourd’hui : en Jésus Christ, tous, nous sommes membre du même corps, associés au mêmes promesses.

 

Texte 4 = Mt 2, 1-12 : Nous avons vu son étoile et nous sommes venus nous prosterner devant lui

Dans l’Evangile, avec la naissance de Jésus à Bethléem et l’adoration des mages, nous contemplons la réalisation du plan de Dieu préparé et annoncé par les prophètes. Laissons d’abord parler le texte avant d’esquisser une conclusion.

 

Nous sommes bien chez Matthieu, qui destine son Evangile aux chrétiens venus du judaïsme. Son message est bien enraciné, à la fois dans l’histoire de son temps et dans les Ecritures dont il fait ressortir l’actualité.

 

Le point de départ du texte, c’est la naissance de Jésus, à Bethléem, en Judée, au temps du roi Hérode. Tous ces mots sont bien  pesés et se retrouvent tout au long de notre récit. C’est parce que Jésus naît à Bethléem qu’une étoile se lève à l’Orient. Seuls les mages se rendent compte de la particularité de cette étoile et se mettent à la suivre, jusqu’à Jérusalem. Jérusalem est la capitale de la Judée, la Judée qui est sous la juridiction du roi Hérode, lui-même soumis à l’empereur romain, mais pathologiquement jaloux de son autorité.

 

A Jérusalem, l’étoile qui les guidait disparaît. Ils sont donc désorientés. Mais puisque qu’il s’agit de la naissance d’un roi, le roi des Juifs, les gens doivent en être informés. Finalement, ils arrivent chez le roi, qui n’en sait rien et qui demande conseil à ses collaborateurs les plus qualifiés : les chefs de prêtres et les scribes du peuple. Effectivement, ceux-ci, en fouillant les Ecritures, découvrent le secret, le lieu de l’événement, chez le prophète Isaïe : ce lieu, c’est Bethléem, en Judée, car c’est de là que sortira un chef qui sera le berger d’Israël son peuple (cf. v.6).

 

La lumière de cette révélation est obscurcie par la jalousie et la duplicité du roi Hérode. Il demande aux mages de bien s’informer sur le lieu où se trouve l’enfant. Quand ils l’auront trouvé, qu’ils viennent l’en infirmer, pour que lui aussi aille se prosterner devant lui. Les mages ne se doutent de rien, mais le Seigneur, toujours vigilant et maître de son plan, va déjouer la ruse cruelle d’Hérode en demandant aux mages de retourner chez eux par un autre chemin.

 

Dernière observation : tous les textes d’aujourd’hui respirent la lumière, l’amour, la puissance, la  richesse, la fidélité, l’intelligence de Dieu et l’universalité de son  salut, source de joie pour Israël et pour tous les peuples et, de façon particulière pour les pauvres et les humbles.

 

Dans sa fidélité, il a tout remis entre les mains de son peuple, symbolisé ici par les chefs des prêtres et par les scribes du peuple. Eux, ils détiennent bien le message qu’ils communiquent à Hérode et aux mages. Mais curieusement, ils ne se sentent pas concernés. Ils ne bougent pas, ils ne se mettent pas en marche, comme les mages. Mystère de l’aveuglement du cœur de l’homme devant les manifestations du Seigneur. Mystère qui se poursuit aujourd’hui pour les hommes et les femmes qui entendent le message de Dieu et qui n’y croient pas.

 

Dieu a destiné son  salut, en premier lieu au peuple choisi, mais ce n’était pas pour se laisser enfermer par lui.  Son projet était de faire de ce peuple le messager de son plan de salut, pour lui, mais aussi pour tous les autres peuples de la terre. Soyons donc dans la joie, car, avec les mages et leurs offrandes, nous sommes invités, nous aussi, à nous mettre en marche pour aller vers l’enfant de Bethléem, l’adorer et lui apporter l’offrande de nos biens. Mais nous sommes surtout invités à lui offrir notre cœur et notre vie transformée par la lumière du Christ qui nous qui fait de nous ses témoins par l’annonce de l’Evangile, en paroles et en acte, pour le salut et la joie de tous les hommes, hommes de tous les peuples, de toutes tribus, régions, ethnies, langues et cultures.

 

                 Mgr Bernard NSAYI

                 Evêque émérite de Nkayi