C’est toi mon Fils bien-aimé

 

C’est toi mon Fils bien-aimé (Baptême du Seigneur)

 

Texte 1 = Is 55, 1-11 : Ecoutez et vous vivrez

Ce passage, concluant la deuxième grande partie du livre d’Isaïe (ch. 40-55)  peut se diviser en trois parties et nous invite à l’écoute de la Parole de Dieu qui donne la vie.

 

Dans la première partie (vv1-3c), Dieu interpelle les hommes « qui ont soif », - et « qui ont faim »- et les invite à venir boire de l’eau, du vin, du lait, à acheter sans argent, sans rien payer. Une attention particulière est à porter sur les vv 2 à 3c, qui mettent l’accent sur l’écoute : « Ecoutez-moi donc …; Prêtez l’oreille… ; Ecoutez et vous vivrez.»

 

La deuxième partie (vv3d-7), avec Dieu qui se présente à la première personne, continue le discours sous forme de promesse avec comme point d’ancrage l’ALLIANCE : « Je ferai avec vous une alliance éternelle.» Le tout en  référence à la personne de David, « témoin pour les nations, guide et chef pour les peuples.» A cette promesse fait suite une invitation à changer de conduite et à revenir au Seigneur, « notre Dieu qui est riche en pardon.»

 

Dans la troisième et dernière partie (vv8-11), Dieu se présente comme celui qui est différent des hommes tant par ses pensées, ses chemins que par la puissance et l’efficacité de sa parole « qui ne reviendra pas sans avoir accompli sa mission.»

 

Texte 2 = Chant de méditation : Is 12, 2-6 : Ma force et mon chant c’est le Seigneur

Laissons-nous transporter par ce beau et court passage d’Isaïe. De la confession de la confiance au v2, il passe à l’invitation à rendre grâce (vc4-6). Nous avons ici, à la fois, un chant de confiance, d’action de grâce, d’annonce et de jubilation. Et les raisons en sont données progressivement : « parce que le Seigneur est ma force et mon chant ; parce qu’il est pour moi le salut, sublime est son nom, il a fait des prodiges, il est grand au milieu d’Israël. »

 

Texte 3 = 1 Jn 5, 1-9 : Jésus est le Fils de Dieu

Cette affirmation, qui doit être l’objet de notre foi, nous conduit à croire en lui, à aimer Dieu, à vaincre le monde et à croire qu’ils sont trois à rendre témoignage : l’Esprit, l’eau et le sang. Une autre parole-clé de notre passage est son début : « Tout homme qui croit que Jésus est le Christ, celui-là est vraiment né de Dieu.» Nous avons ici comme un écho de Jn 1, 12-13). Nous devons garder fermement les deux trilogies, perceptibles dans notre texte.

-         Aimer les enfants de Dieu (amour fraternel), aimer Dieu (amour filial) et accomplir

      les commandements (obéissance à Dieu).

-         Croire au Père, à son Fils et à l’Esprit Saint. L’eau et le sang sont des allusions au

baptême et au salut qui nous vient de Jésus qui a versé son sang sur la croix, pour

nous.

 

Texte 4 = Mc 1, 7-11 : Tu es mon Fils bien-aimé

Nous voici devant un passage très important pour l’histoire du salut, pour la vie de Jésus et pour l’histoire de l’Eglise. Le rite du baptême existe dans de nombreuses religions. Il indique la purification et l’initiation.

 

Son importance pour la vie de Jésus et l’histoire de l’Eglise vient du fait qu’il est un des rares récit présent dans tous les quatre évangiles (Mt 3, 11-17 ; Lc 3, 16 ; Jn 1, 24-34). L’autre passage qui se réfère surtout à l’histoire de l’Eglise se trouve en Ac 1, 15-26. Lorsqu’il s’agit de remplacer Judas, Pierre dit ceci : « Il y a des hommes qui nous ont accompagnés durant tout le temps où le Seigneur Jésus a marché à notre tête, à commencer par le baptême de Jean jusqu’au jour où il nous a été enlevé : il faut donc que l’un d’entre eux devienne avec nous  témoin de sa résurrection.» Déjà, ici, le lien est clair entre baptême, vie et mission de Jésus, qui inclut nécessairement sa passion-mort et résurrection ; et donc aussi la figure de Jésus telle que la présente Jean : « l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde.»(Jn 1, 29)

 

L’évangile de ce jour peut se diviser en quatre parties.

1) vv7-8 : Jean Baptiste annonce celui qui vient après lui, - qui est, nous le savons, plus jeune que lui humainement parlant – et qui pourtant est plus fort que lui – et plus grand -. Les deux sont liés au baptême, mais pas le même : « Jean a baptisé dans l’eau ; tandis que lui baptisera dans l’Esprit Saint.» Jean proclamait un baptême de conversion en vue du pardon des péchés. « Tout le pays de Judée et tous les habitants de Jérusalem se rendent auprès de lui ; ils se faisaient baptiser par lui dans le Jourdain en confessant leurs péchés.»(Mc 1, 4-5)

 

2) v9 : Normalement, Jésus n’avait pas besoin de ce baptême, puisqu’il est sans péché. Pourtant, partant de Nazareth en Galilée, lui aussi vient se faire  baptiser par Jean. Jean Baptiste voulait refuser, mais devant l’insistance de Jésus, il accepte de le faire (Mt 3, 14-15). En réalité, par ce geste, Jésus montre qu’il est devenu l’un de nous en prenant sur lui nos péchés pour finalement nous en délivrer. Le baptême – immersion dans l’eau et sortie-  symbolise bien la mort et la résurrection.

 

3) v10 : Au moment où Jésus remonte de l’eau – symbole fort de Jésus sortant du tombeau -, les cieux se déchirent et l’Esprit, comme une colombe, descend sur Jésus.

 

4) v11 : Venant des cieux, comme l’Esprit Saint (v10), la voix du Père se fait entendre pour confirmer solennellement à Jésus sa filiation : filiation de toujours et filiation  spéciale à partir de son baptême, qui va inaugurer sa mission officielle sur terre. Cette mission sera une lutte terrible, annoncée déjà en Jn 1, 4-5.

 

Le baptême de Jésus, qui, du point de vue liturgique, fait partie du cycle de Noël, est donc un événement très important qui est en fait une véritable théophanie, la troisième, après la visite des bergers, symbolisant les pauvres et les humbles, et celle des mages qui symbolisent tous les peuples de la terre.

-         L’annonce de l’ange aux bergers dans un contexte de lumière et de joie, ainsi que

la visite des bergers qui se mettent rapidement en route, nous montrent que, pour entrer dans le plan de Dieu, il faut une décision de Dieu lui-même et une obéissance active de notre part.

-         Le récit concernant les mages, toujours dans le cadre de la lumière, mais aussi de

la parole de Dieu et de la lutte entre le royaume de ce monde et le royaume de Dieu, souligne encore le lien entre la naissance de Jésus et la croix.

-         Enfin, le baptême, souligne, une fois de plus, l’intervention de Dieu le Père et de

l’Esprit Saint pour faire connaître à Jean que Jésus est le Fils de Dieu (Jn 1, 29-34).

 

Avec cette fête du Baptême de Jésus, nous sommes invités à voir en lui notre modèle qui nous invite à passer par où il est passé. Nous pouvons dire que notre baptême est comme un double baptême, celui de Jean (dans l’eau) pour le pardon des péchés et celui de Jésus (dans l’Esprit Saint). Les deux sont inséparables. Par le baptême, nous devenons enfants de Dieu, nous naissons de nouveau, nous devons désormais vivre en hommes et en femmes nouveaux par nos pensées, nos paroles, nos actions, et toute noter vie doit être un témoignage permanent de l’amour de Dieu et de l’amour pour tous les hommes. Fils de Dieu avec Jésus Christ mort et ressuscité, membres de la famille de Dieu qu’est l’Eglise, nous avons l’obligation de vivre en témoins de cet amour de Dieu manifesté en Jésus, dans l’Esprit Saint qui est aussi notre force.

 

                       Mgr Bernard NSAYI

                       Evêque émérite de Nkayi