Convertissez-vous et croyez à l’Evangile

 

Convertissez-vous et croyez à l’Evangile (1er dimanche de Carême – Année B)

      

    

Texte 1 = Gn 9, 8-15 : Je vais établir mon alliance avec vous

   

Ce passage de la Genèse nous ramène à la création. Mais nous sommes  orientés résolument vers une nouvelle création, basée sur l’Alliance de Dieu avec Noé et ses fils. Dieu avait créé l’homme à son image pour son bonheur. Mais, trompé par Satan, l’homme avait désobéi. Les hommes continuant à pécher, Dieu a décidé de les détruire par le déluge, mais pas de manière indistincte. Il a tenu compte de Noé, le juste, qu’il a sauvé des eaux du déluge en lui faisant construire une arche. Le déluge terminé, Noé offre un sacrifice à Dieu qui promet d’établir une alliance que nous pouvons qualifier d’universelle avec, en tête, Noé et sa descendance, c’est-à-dire, en fait, tous les hommes (vv9. 10. 11. 12. 15).

      

La décision de cette alliance universelle est souveraine et solennelle. Et pour preuve, la répétition : « J’établis mon alliance avec vous » (vv9 et 11). Il précise qu’il s’agit d’une alliance presque universelle (vv9-10), avec la décision de ne plus jamais exterminer (vv11 et 15). C’est donc une alliance POUR LA VIE. Il s’agit d’une alliance irréversible, avec un signe symbolique permanent, « l’arc dans la nuée » (v13. 14). Dieu n’oubliera plus jamais cette alliance qui devient une promesse (v15).

     

Texte 2 = Ps 24, 4-5. 6-7. 8-9 : Fais-moi connaître tes chemins Seigneur

    

C’est une prière insistante que le psalmiste adresse au Seigneur, qui est celui qui « enseigne » (vv4. 5. 9). Dans sa supplication, il demande d’abord la connaissance nécessaire qui permet de trouver le chemin, puis la force qui permet de cheminer vers la vérité. La prière est confiante parce qu’elle est adressée à « un Dieu qui sauve » (vv4-5).

   

Ensuite, sur la personne même du Seigneur qui, à travers l’histoire, s’est toujours distingué par sa « tendresse, sa fidélité et sa bonté. Il est donc capable de « ne plus penser  aux péchés de la jeunesse et aux fautes » (vv6-7). Enfin, il revient sur la bonté et la droiture du Seigneur : l’auteur se situe dans la catégorie des pécheurs et des humbles, que le Seigneur fait cheminer vers la justice et à qui Dieu montre le chemin (vv8-9). Nous aussi, nous sommes invités à devenir des hommes de prière, pour notre propre conversion et la conversion des autres.

   

Texte 3 = 1P 3, 18-22 : Le Christ lui-même a souffert pour les péchés

   

Après avoir parlé de l’attitude du chrétien devant la souffrance et les persécutions, l’apôtre en arrive à la personne du Christ, dont il présente l’essentiel de la mission salvatrice en deux versets : Il a souffert pour les péchés. Il a été mis à mort, et il a tété rendu à la vie par l’Esprit (vv18 et 21). C’est par sa résurrection que Dieu nous sauve (v21). Nous sommes invités à prendre conscience de notre péché, à nous confesser et à nous convertir.

    

Nous sommes bénéficiaires du sacrifice de Jésus par le moyen du baptême qui, comme les eaux du déluge, nous fait mourir au péché et ressusciter à la vie (v21-22). Son action à efficacité universelle a été bénéfique même aux rebelles d’autrefois auxquels il est allé prêché (vv19-20) : « Il est descendu aux enfers »(Article du Credo).

   

Texte 4 = Mc 1, 12-15 : Convertissez-vous et croyez à l’Evangile

   

Notre évangile se présente en deux parties bien distinctes : vv12-13 et 14-15.  Au baptême de Jésus, le Père et l’Esprit Saint se sont manifestés pour exprimer leur communion avec Jésus, le Fils bien-aimé. Cette communion ne sera jamais rompue, même si à certains moments, comme ici ou au moment de la passion, elle peut sembler absente.

   

Dans la première partie, les acteurs principaux sont, dans l’ordre,  l’Esprit Saint, Jésus, Satan et les anges. La personne centrale est Jésus. Le cadre chronologique, symbolique, est de 40 jours : ce qui fait penser à Moïse, au peuple de Dieu dans le désert, à Elie (Ex 34, 28 ; 1R 19, 8). Par contre le désert nous fait penser à Jean Baptiste, à Moïse et au peuple de Dieu. Jésus va connaître la crise de la solitude, de la faim et de la soif, ainsi que la menace des bêtes sauvages, devenus méchants depuis le temps de Noé (Gn 9, 2). L’Esprit Saint est présent, mais dans un rôle vraiment mystérieux, parce que le verbe utilisé au v12 « exeballei » (pousse, chasse), est le même que celui que nous trouvons aux vv34 et 39  et qui concerne les démons. Jésus est exposé à Satan et se trouve dans une situation dangereuse, un peu comme Job. En effet, il s’agit du même Satan, l’ange révolté chassé par Michel. C’est un ennemi redoutable que Jésus affronte. Contre lui, il engagera une lutte à mort  dont il sortira vainqueur (vv12-13).

   

Dans la deuxième partie (vv14-15), c’est Jésus seul qui apparaît, avec  Jean Baptiste à l’arrière-plan. C’est le fait que celui-ci est livré qui déclenche le début de la mission de Jésus. Cette indication chronologique indique un modèle et annonce un drame, le drame que vivra Jésus lui-même : la passion et la mort. Le cadre géographique est la Galilée, où il commence à proclamer l’Evangile de Dieu. Il s’agit bien d’une Bonne Nouvelle, une Bonne Nouvelle à laquelle il faut croire (vv14 et 15). Avec l’arrivée de Jésus, « le temps est accompli », l’histoire est changée. « Le règne de Dieu s’est approché ». Et celui de Satan prend fin. Cela, c’est l’œuvre de Dieu, à laquelle nous sommes invités à collaborer, avec sa grâce : « Convertissez-vous et croyez à l’Evangile » (v15).

   

En ce temps de carême, chaque chrétienne et chaque chrétien est invité à se mettre à la suite de Jésus, à faire l’expérience volontaire du besoin, de la faim, de la soif, mais surtout de l’ouverture aux autres, spécialement de tous ceux qui sont dans le besoin. Il ne s’agit pas seulement du besoin de biens matériels comme le pain, l’eau, le vêtement, la maison, le travail, - qui ne sont pas à négliger- mais aussi et surtout du besoin de la Parole de Dieu, de l’amour, de la prière, de la justice, du pardon, de la réconciliation, de la paix et du respect.

   

Ce temps de carême est un temps où nous sommes invités à faire l’expérience de la solitude, de la maîtrise de  nos sens – yeux, oreilles, langue. C’est ainsi que nous allons mieux voir les besoins de nos frères. Il ne s’agit pas tout simplement de regarder ou d’écouter, mais aussi et surtout de chercher les moyens concrets par lesquels nous pouvons nous-mêmes donner une réponse personnelle à ces besoins.

   

Devant les problèmes et surtout la crise généralisée dans laquelle nous sommes plongés, la tentation est grande de se lamenter, de chercher et de désigner des responsables. Cela est trop facile. C’est la « voie large et spacieuse ». Le Seigneur Jésus nous demande de nous mettre à son écoute et de marcher à sa suite : nous sentir plus ou moins responsables des souffrances des autres et responsables aussi de la solution à donner à leurs problèmes. Le temps de carême est une occasion favorable pour passer de notre attitude passive à la solidarité, à notre engagement pour la transformation de notre vie, de notre milieu, de notre famille, de notre société, de notre pays et de notre monde. Et cela, avec la grâce de l’Esprit Saint et l’intercession de la Vierge Marie, dans la paix, la sérénité et la joie de l’Esprit Saint.

                                                                                               

                                     Mgr Bernard NSAYI

                                     Evêque émérite de Nkayi