Il fallait que Jésus ressuscite d’entre les morts

 

Il fallait que Jésus ressuscite d’entre les morts (Dimanche de Pâques - Année B)

   

    

Ac 10, 34a. 37-43 : Dieu l’a ressuscité le troisième jour

   

Les Actes des Apôtres ont été écrits bien après le départ de Jésus dont le discours de Pierre présente la figure dans la maison du centurion Corneille. Tout de suite après (vv44-48), « l’Esprit Saint tomba sur tous ceux qui avaient écouté la parole ». Un événement s’est produit à travers toute la Judée, en commençant par la Galilée, après le baptême de Jean. Et cela est supposé connu. Il parle, en bref, de la mission de Jésus, qui ne faisait que du bien, guérissant tous ceux qui étaient asservis par le diable, car Dieu était avec lui (v38). Il n’est pas un simple rapporteur de faits, mais, par un choix de Dieu lui-même, lui et ses compagnons, ont été les témoins de tout cela, y compris de sa mort sur le bois et de sa résurrection le troisième jour (v39). Ils ont désormais la mission de proclamer et de témoigner de cela (v42). Il n’y a pas que leur témoignage, il ya aussi celui de tous les prophètes qui ont annoncé « le pardon des péchés accordé par son nom à tout homme qui croit en lui. Depuis la résurrection, notons bien le lien établi entre croire, recevoir le pardon des péchés et témoigner et proclamer. Il s’agit d’un message qu’il faut porter au peuple, au monde entier (cf. Mt 28, 19-20).

    

Ps 117(118), 1-4. 16-17. 22-23 : Ce jour que fit le Seigneur est un jour de joie

     

Ce psaume est une invitation à rendre grâce au Seigneur dans la joie. En effet, « il est bon, et éternel est son amour ». Cette invitation concerne aussi tous ceux qui craignent le Seigneur. Le Seigneur qui a montré sa puissance en délivrant son élu de la mort, malgré les projets de ceux qui voulaient le supprimer (cf. Ac 10, 39).

     

Col 3, 1-4 : Vous êtes ressuscités avec le Christ

     

Conformément à son génie, l’apôtre Paul, nous présente la résurrection avec ses implications  dans l’existence des baptisés. En effet, par le baptême, nous sommes morts au péché et ressuscités avec le Christ. Nous sommes devenus un avec lui, et nous sommes appelés à vivre en conséquence. Le Christ est « en haut », au ciel, « assis à la droite de Dieu », « d’où il viendra juger les vivants et les morts (cf. le Credo et Ac 10, 42). Il invite ainsi à une transformation de notre être par le renouvellement de notre pensée, qui doit être désormais orientée vers les réalités d’en haut (vv1-2). Désormais, nous ne nous appartenons plus, notre vie n’est plus à nous. C’est le Christ qui est notre vie. Nous sommes appelés à paraître avec lui en pleine gloire (cf.v4). Ceci rejoint les paroles du Pape Benoît XVI dans son homélie de la messe chrismale : « S’unir au Christ suppose le renoncement. Cela implique que nous ne voulons pas imposer notre propre chemin et notre propre volonté ; que nous ne désirons pas devenir ceci ou cela, mais que nous nous abandonnons à lui partout et selon la manière dont il veut se servir de nous ». « Je vis, mais ce n’est plus moi, c’est Christ qui vit en moi » (Ga 2, 20).

    

Jn 20, 1-9 : Il fallait que Jésus ressuscite d’entre les morts

   

Vers la fin du premier siècle, l’apôtre Jean présente une véritable méditation sur la résurrection. Dieu nous a envoyé son Fils qui nous a fascinés par ses actes et par sa parole, il a terminé de façon ignominieuse, pendu sur une croix. Tout le monde, y compris ses disciples, sont désorientés, sauf cette femme dont nous parle l’évangile, Mairie Madeleine.

    

Le sabbat des Juifs est passé, une nouvelle semaine commence. C’est encore l’aube, et il fait encore sombre. Tout semble plongé dans un profond sommeil. Avec Marie Madeleine, nous assistons à un nouveau réveil, à la naissance d’un monde nouveau. Elle va au tombeau et voit que la pierre - une grosse pierre (cf. Mt 27, 60) – a été enlevée du tombeau (v1). Elle va en courant « chez Simon Pierre et chez l’autre disciple ». Notons bien comment l’évangéliste présente les deux disciples, et ce que Marie leur dit : « Ils ont enlevé le Seigneur du tombeau et nous ne savons pas où ils l’ont mis ». Il s’agit de paroles angoissées devant la disparition dont on ignore les auteurs. Ces paroles sont peut-être aussi le témoignage de l’Eglise primitive qui reconnaît déjà Jésus ressuscité, qu’elle appelle « le Seigneur » et non pas le corps. Le « nous », au lieu du « je », indique bien la marque de la communauté. Nous pourrions parler aussi d’une sorte de témoignage de la foi de Marie Madeleine. Cela suffit pour mettre en mouvement les deux disciples. Et ce mouvement qui a été déclenché à Jérusalem ne s’arrêtera plus jusqu’à la fin du monde.

    

Les deux disciples sortent ensemble, vont dans la même direction, mais ils ne courent pas avec la même vitesse. Le plus jeune, qui va plus vite, arrive au tombeau. « Il se penche et il voit les bandelettes qui étaient posées là ». Ces objets ne sont pas en désordre, mais rangés. « L’autre disciple » est arrivé le premier, mais il n’entre pas, parce que ce n’est pas lui qui est le premier, du pont de vue hiérarchique, et du point de vue de l’âge. Enfin, arrive à son tour Simon Pierre. Lui qui était derrière, c’est lui qui entre le premier dans le tombeau. Ce n’est ni Marie Madeleine, ni l’autre disciple, mais lui. Et c’est lui qui « regarde ». Notons bien que dans le texte grec nous avons le même terme pour « voir » (blépô) aux vv1 et 5, pour Marie Madeleine et pour l’autre disciple. Pour pierre, c’est un autre terme (théoreô) « regarder, considérer ». Lui aussi voit les bandelettes, comme au v5, mais pas seulement cela. Il considère « le suaire qui avait recouvert sa tête / non pas avec les bandelettes, mais roulé à part, dans un autre endroit ». Il s’agit bien d’une remarque importante dont il est difficile de donner la signification. Toutefois, la « tête » étant souvent symbole d’autorité et le Christ étant parfois considéré comme la tête du corps qui est l’Eglise, est-ce le signe de la seigneurie de Jésus ressuscité ? Ou encore, est-ce un signe qui indique que l’Eglise est un Corps qui a une tête ? Impossible de trancher. Ce qui est vrai, c’est qu’un tel constat, signe d’un ordre impeccable, montre que le corps du Seigneur n’a pas été l’objet d’un vol. En effet dans la précipitation, un voleur n’a souvent pas le temps de mettre de l’ordre dans ce qu’il laisse.

     

Finalement, celui qui était arrivé le premier, mais qui n’était pas entré, entre à son tour. Pour la deuxième fois, il voit, encore un autre terme (oraô) « voir, juger, comprendre ». Tous les trois ont vu, mais chacun à sa façon. C’est le troisième, « l’autre disciple », qui a vu en dernier, pour la deuxième fois et d’une manière différente, qui croit, sans penser que les deux autres n’ont pas cru. De plus, ce n’est pas seulement le fait de voir qui a permis de croire, mais la lecture et la relecture de toute l’Ecriture.

    

Si nous croyons en Jésus Christ, mort et ressuscité, c’est sur la base du témoignage de Marie Madeleine et des apôtres, ainsi de l’Evangile qu’ils nous ont annoncé et transmis. Aujourd’hui, dans l’Eglise et avec l’Eglise, attentifs à la Parole de Dieu et à tous les événements de notre monde, enracinons-nous en Jésus-Christ, et engageons-nous pour être des hommes d’espérance et de libération. Soyons des hommes et des femmes de prière. Invoquons souvent l’Esprit Saint et Marie, la Mère du Ressuscité et notre Mère. Ils nous aiderons à vivre en hommes nouveaux et en femmes nouvelles, témoins convaincus et convaincants de Jésus mort et ressuscité par la fidélité joyeuse aux engagements de notre baptême, de notre profession religieuse et de notre ordination sacerdotale. 

  

                                                                                                                                     Mgr Bernard NSAYI

                                                                                                                                     Evêque émérite de Nkayi