Le Christ devait souffrir et ressusciter le troisième jour

 

Le Christ devait souffrir et ressusciter le troisième jour (3ème dimanche de Pâques – Année B)

 

   

Ac 3, 13-15 : Dieu a ressuscité des morts son serviteur Jésus

    

Voilà la parole-clé que nous retenons pour notre rencontre avec ces paroles de l’apôtre Pierre. Il a d’abord parlé du Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob. Rien que cette mention suffit pour nous ramener déjà à la vérité de la résurrection, comme l’a montré Jésus lui-même (cf. Mt 22, 2333). Ce dernier, livré, refusé et mis a mort, a été, contre toute attente, glorifié, ressuscité des morts par le Dieu de la Vie. « Jésus est vraiment ressuscité des morts ». En le faisant mourir, les Juifs, ainsi que leurs chefs « ont agi  par ignorance ». Nous avons ici comme en écho, les paroles de Jésus lui-même (cf. Lc 23, 34). Par le mystère insondable du dessein de Dieu, ils ont réalisé ce que Dieu avait d’avance annoncé par la bouche de tous les prophètes, à savoir que son Messie souffrirait » (v17).

   

Reconnaître la réalité des souffrances, de la mort et de la résurrection de Jésus, est un pas important dans l’affirmation de notre foi. Mais cela ne suffit pas, il faut aller dans la totalité du plan de Dieu qui comporte encore ceci : « Convertissez-vous et revenez à Dieu afin que vos péchés soient pardonnés » (v19). Et cela nous touche et nous interpelle directement, pour nous rappeler la nécessité de notre conversion, de notre retour à Dieu et de la confession, pour que nos péchés soient pardonnés.

   

Ps 4, 2. ? 7. 9 : Toi, Seigneur, me fais demeurer en sécurité

    

C’est clair, ce psaume est un appel au secours. C’est une prière de demande. Mais ne nous y trompons pas, la personne centrale n’est pas le psalmiste, mais bien Dieu lui-même, contemplé en quelque sorte par le psalmiste. Ce Dieu est « justice » et « Seigneur ». Il soulage. Il peut écouter la prière. Lui seul peut faire voir le bonheur, faire lever la lumière de sa face et faire « demeurer en sécurité ». Dans un tel contexte, le psalmiste, confiant et déjà sûr d’être exaucé, se couche et dors, parce qu’il « est comblé ». 

   

1Jn 2, 1-5 : Nous savons que nous le connaissons si nous gardons ses commandements

     

Dans ce bref passage de sa lettre, saint Jean nous présente un condensé de la foi chrétienne. « Jésus Christ, le Juste, est la victime d’expiation pour nos péchés, nos péchés et ceux du monde entier. Il invite  à ne pas pécher ; mais s’il arrive que quelqu’un pèche, nous avons un défenseur auprès de Père ». Notons que pour Jean, l’autre défenseur, c’est l’Esprit Saint, qui est également l’Esprit de vérité (Jn 14, 16), par qui passe la rémission des péchés (Jn 20, 21-23).

    

Dans la deuxième partie, Jean insiste sur les commandements qui sont le lieu de vérification de notre double relation par rapport à Dieu. Autour de ce thème gravitent, de façon inséparable, ceux de la connaissance, de la fidélité, de la vérité, de l’amour et de la communion. « Si nous gardons les commandements, c’est le signe que nous connaissons Dieu ». « Celui qui ne garde pas ses commandements, mais dit qu’il connaît Dieu, c’est un menteur, la vérité n’est pas en lui ». « En celui qui garde sa parole, l’amour de Dieu est vraiment accompli, et c’est également le signe de notre communion avec lui ».

   

Lc 24, 35-48 : Le Christ devait souffrir et ressusciter le troisième jour

  

Ici, l’évangéliste donne son témoignage sur la résurrection de Jésus au cours d’une rencontre avec ses disciples. A travers lui, nous recevons le témoignage des premières communautés chrétiennes. Le tout baigne dans un contexte liturgique : il y est question de la fraction du pain (v35), de chair (v39), de repas (vv41-43), de parole de Dieu, de présence et de parole de Jésus lui-même (vv36. 43-47). Ce texte respire vraiment la paix, la joie et la fraîcheur de la résurrection et de la présence de Jésus ressuscité. Luc nous sert la table du pain et de la Parole de Dieu. C’est Jésus qui est présent au milieu des siens pour les aider à croire à l’impossible.

    

Après s’être fait reconnaître une première fois, il se présente et se fait reconnaître de nouveau. La première fois, il a procédé de façon presque expéditive, avec tout de même une longue catéchèse. Ici, il procède à la fois de la même façon, mais tout de même de façon différente. Il se présente et leur souhaite la « paix ». Ce qui domine chez eux, c’est la peur : « Effrayés et remplis de crainte, ils pensaient voir un esprit ». Jésus s’étonne qu’ils soient bouleversés, et, sans tarder, passe au concret. Il les ramène à la réalité de sa présence physique. Il leur demande de le « regarder », de le « toucher » et de constater qu’il s’agit bien de lui, en chair et en os, et non d’un esprit. Il ne s’arrête pas aux paroles : « il leur montre ses mains et ses pieds ». Nous voyons déjà ce qui va se passer, huit jours après,  avec Thomas (Jn 20, 24-29). Ils sont envahis par une joie indescriptible qui nous ramène à d’autres paroles aussi éclairantes : « En vérité, en vérité, je vous le dis, vous allez gémir et vous lamenter tandis que le monde se réjouira ; vous serez affligés mais votre affliction tournera en joie » (Jn 16, 20). Malgré cela, ils sont toujours dans l’étonnement et dans le doute. Jésus leur demande à manger. Ils lui offrent du poisson grillé et  il le mange devant eux. Voilà pour ce qui le concerne directement. Mais ce n’est pas tout.

   

Il leur avait parlé plusieurs fois : « Voici les paroles que je vous disais quand j’étais encore avec vous. Il faut que s’accomplisse ce qui a été écrit ». Notons l’insistance, trois fois, sur « ce qui été écrit » (vv44. 45. 46). Le verset 47 montre la seigneurie universelle du Seigneur ressuscité, ainsi que sa puissance qui accompagnera l’Eglise tout au long des siècles : « Et on proclamera, en son nom, la conversion et le pardon des péchés, à toutes les nations, à commencer par Jérusalem ». Ils ont vu, ils sont eux-mêmes témoins de sa résurrection : ils ont la mission d’annoncer cela au monde entier. Aujourd’hui, c’est à nous de l’annoncer.

    

Durant tout le temps pascal, mis à part le chant du psaume, tous les textes sont tirés du Nouveau testament. Ils nous montrent comment, dans la puissance de l’Esprit du Père et du Fils, répandu sur les Apôtres, l’Eglise se développe et se répand dans le monde, malgré et à travers les difficultés de toutes sortes. Le point de départ de tout, c’est évidemment l’amour miséricordieux de Dieu le Père qui, avec la puissance de l’Esprit Saint, nous a ouvert le chemin du salut par la mort et la résurrection de son Fils Jésus Christ, notre Seigneur. Dans la vie de l’Eglise comme dans nos vies personnelles, les difficultés, qui ne manqueront jamais, ne doivent pas nos décourager : « Je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde» (Cf. Mt 20).

   

Nous croyons en Jésus Christ ressuscité, grâce au témoignage des Apôtres. Nous avons reçu leur message. Nous avons à l’accueillir en vérité et dans la sincérité d’un amour vrai envers Dieu et envers tous les hommes. Nous ne devons pas le garder égoïstement pour nous seuls. Aujourd’hui, c’est nous qui devons être, au milieu des hommes et les femmes de notre temps, les témoins de sa résurrection. Comme nous dit le pape Benoît XVI, « Ouvrons notre âme au Christ mort et ressuscité pour qu’il nous renouvelle, pour qu’il élimine de notre cœur le poison du péché et de la mort et qu’il y déverse la force vitale de l’Esprit Saint : la vie divine et éternelle » (Homélie du jour de Pâques 2009). Dans un monde souvent marqué par la mort, les violences, les divisions, les injustices, l’égoïsme et la haine, soyons les témoins de la vie, de la joie, de la paix, de l’unité, de la justice, du pardon, de la solidarité et de l’amour. Tout en demandant à l’Esprit Saint de rallumer notre foi en Jésus ressuscité, de nous donner sa force et sa lumière, implorons l’intercession de la Vierge Marie, la Mère du Ressuscité et notre Mère.

                                                                                                  

                               Mgr Bernard NSAYI

                               Evêque émérite de Nkayi