Consacrés dans l’amour et la vérité

 

Consacrés dans l’amour et la vérité (7ème dimanche de Pâques – Année B)

Textes : Ac 1, 15-17.20a.20c-26 ; Ps 102 (103) ; 1 Jn 4, 11-16 ; Jn 17, 11b-19

La prière de Jésus, au moment où il passe de ce monde à son Père à travers la souffrance et la mort, n’est pas centrée sur sa propre personne. Dans cette prière, Jésus porte devant son Père, comme il l’a fait tout au long de sa vie terrestre, ses disciples afin qu’ils soient solidement enracinés dans la communion avec Dieu ; cette communion est fondamentale car c’est à partir d’elle que va sourdre et se consolider l’amour et l’unité entre les disciples.   

Pour dire cette exigence fondamentale de la communion des disciples  avec Dieu, l’évangile parle de « la fidélité à ton nom que tu m’as donné en partage ». Nous le savons, dans la Bible comme dans la culture que nous ont transmise nos ancêtres, le nom c’est le tout d’une personne, son identité. La fidélité au nom de Dieu n’est autre chose que l’attachement à sa personne, la réponse positive à sa proposition d’alliance. Cette fidélité des disciples à l’alliance n’est pas gagnée d’avance ; elle n’est pas non plus définitivement acquise. Jésus le sait, c’est pourquoi sa prière insiste sur ce point. Il connaît l’histoire des enfants d’Israël qui est  jalonnée d’infidélités au nom du Seigneur qui les a fait sortir de la terre d’esclavage. Il sait qu’ils ont adoré le veau d’or, ouvrage de leurs mains, tournant ainsi le dos au Dieu Libérateur. Jésus connaît le cœur de l’homme et il sait que ses propres disciples, ceux qui ont marché avec lui sur les routes de Palestine, tout comme les baptisés des siècles à venir, seront tentés de tourner le dos au Dieu-Trinité devant l’adversité ou tout simplement par tiédeur.

La fidélité du chrétien au nom de Dieu est la fidélité à l’Amour, puisque nous avons la révélation, dans la deuxième lecture de ce dimanche que Dieu est Amour. Ne considérons pas l’amour comme un attribut de Dieu ; c’est son être-même, son essence, diraient les philosophes. Il n’est rien d’autre que cela. C’est pourquoi, dans la parabole du Jugement dernier (Mt 25, 31-46), Jésus déclare que les vrais serviteurs de Dieu sont ceux qui ont accompli des actes d’amour envers les personnes que Dieu a mises sur leur route.

La première lettre de Jean  que nous lisons ce dimanche est explicite dans ce sens : « Et nous, nous avons reconnu et nous avons cru que l’amour de Dieu est parmi nous. Dieu est Amour : celui qui demeure dans l’amour demeure en Dieu, et Dieu en lui. » (1Jn 4,16).

La fidélité au nom de Dieu est donc une consécration dans l’amour dont l’un des fruits est l’unité des  disciples du Christ.  « Père saint, garde mes disciples dans la fidélité à ton nom que tu m’as donné en partage, pour qu’ils soient un, comme nous-mêmes » ; à une semaine de la fête de Pentecôte, cette prière de Jésus ravive chez les chrétiens le désir d’accueillir l’Esprit Saint qui rassemble les hommes de toutes nations, langues et cultures pour qu’ils soient le peuple des enfants de Dieu réconciliés avec leur Père et entre eux. C’est l’Esprit qui fait notre unité, ce qui ne nous dispense pas de veiller à promouvoir tout ce qui consolide cette unité et à éviter tout ce qui la sape.

L’unité des disciples est tellement capitale que Jésus ne prie pas seulement pour ceux qui ont marché avec lui sur les routes de Palestine, il prie aussi pour nous aujourd’hui. C’est la suite du texte d’évangile de ce jour qui nous l’indique : « Je ne prie pas pour eux seulement, mais aussi pour ceux qui, grâce à leur parole, croiront en moi, afin que tous soient un. »(Jn 17, 20-21a). Les chrétiens d’aujourd’hui sont au cœur de la prière de Jésus et nous pouvons, nous devons lui dire merci pour cela, surtout lorsque nous prenons conscience de nos péchés contre l’unité.

La fidélité au nom de Dieu est aussi une consécration dans la vérité ; Jésus prie ainsi : « Consacre-les par la vérité : ta parole est vérité ...Et pour eux je me consacre moi-même, afin qu’ils soient, eux aussi consacrés par la vérité. » Qu’est-ce –que la vérité ? La question de Pilate à Jésus, nous pourrions nous la poser ici, mais pas pour longtemps car Jésus lui-même nous fait la révélation qu’il est la Vérité, lui la Parole éternelle de Dieu. Le mystère pascal nous plonge au cœur de la réalité de notre baptême qui est la consécration par excellence dans la vérité du Dieu Père, Fils et Esprit. Enfouis, à travers les eaux baptismales, dans la mort avec le Christ, nous sommes ressuscités avec lui, renés à la vie nouvelle d’enfants de Dieu ; et c’est alors que transparaît notre véritable identité : frères et sœurs de Jésus, porteurs de la parole de Dieu qui chasse les ténèbres et fait briller la lumière dans le cœur des hommes de bonne volonté.

Vienne l’Esprit de Pentecôte réveiller en nous les sources de l’eau vive de notre baptême.

     

                                                 Abbé Olivier MASSAMBA-LOUBELO