Passons sur l’autre rive

 

Passons sur l’autre rive (12ème dimanche du temps ordinaire – Année B)

Textes : Job 38, 1.8-11 ; Ps 106 (107) ; 2 Cor 5,14-17 ; Marc 4, 35-41.

Chers frères, chères sœurs,            

En écoutant l’évangile de ce dimanche, nous y trouvons la révélation de l’identité de Jésus de Nazareth en même temps que l’appel qu’il nous fait de passer de la peur devant les turbulences de nos vies à la confiance en Dieu.

Jésus agit avec l’autorité de Dieu car il est Dieu

La violente tempête qui se lève sur la mer alors que Jésus et ses disciples sont entrain de passer d’une rive à l’autre est le symbole des forces du mal qui se déchaînent pour contrarier l’œuvre de salut de Dieu. Le déchaînement est tellement puissant que la barque prend l’eau de toutes parts et est sur le point de sombrer. Au milieu de cette situation pour le moins tragique, deux attitudes diamétralement opposées se donnent à voir : d’une part, celle de Jésus qui dort comme si rien ne se passe ; d’autre part, celle des disciples qui, pris de panique, se mettent à crier vers Jésus dont la quiétude leur apparaît insolite. Le cri des disciples est un cri de désespoir : « Maître, nous sommes perdus ; cela ne te fait rien ? » Ce n’est pas vraiment un appel au secours, c’est purement et simplement le constat de l’imminence de la mort qui va les engloutir tous, y compris Jésus.

C’est alors que Jésus, leur Maître, va leur révéler sa véritable identité : il agit avec l’autorité que seul Dieu peut déployer pour intimer l’ordre aux éléments de se calmer. Interloqués devant une telle autorité, les disciples se demandent : « Qui est-il donc, pour que même le vent et la mer lui obéissent ? » La réponse, les disciples l’entrevoient déjà , eux qui, comme tous les enfants d’Israël, savent que Dieu seul a l’autorité sur les puissances du mal qui sont dans les fonds marins et qui surgissent de temps en temps pour vouloir anéantir l’œuvre de Dieu ; mais Dieu manifeste sa puissance pour empêcher les forces du mal de détruire la création et l’humanité . Dieu fixe les limites à la mer car elle est sa créature : « Tu viendras jusqu’ici ! Tu n’iras pas plus loin, ici s’arrêtera l’orgueil de tes flots ! » ( Job 38,11). Et si Jésus était Dieu ? La réponse, les disciples la proclameront clairement après Pâques, mus par l’Esprit Saint : Il est Christ et Seigneur.

Les disciples sont invités à la confiance en Dieu

« Pourquoi avoir peur ? Comment se fait-il que vous n’ayez pas la foi ? » Telles sont les deux questions que Jésus pose à ses disciples qui ont déjà vu son autorité lorsqu’il a chassé les mauvais esprits, guéri les malades et surtout remis les péchés (Marc 2,5ss). Il leur demande implicitement de relire leur histoire avec lui pour qu’ils y puisent la confiance devant l’adversité. Il leur demande de croire en lui en tant que présence vivante et agissante de Dieu au milieu d’eux. Si Dieu, le Maître de l’univers, est monté  dans la barque,  ce n’est pas pour la voir couler mais pour la faire traverser jusqu’à l’autre rive. Le mystère pascal qui est le passage de la mort à la vie, de l’esclavage à la liberté, entraîne la barque-Eglise à risquer la traversée du temps et des vicissitudes de l’histoire humaine dans l’assurance de la présence à bord du Maître.

Cette assurance ne signifie nullement une démission des disciples d’hier et d’aujourd’hui : ils doivent continuer à ramer, très souvent à contre-courant, mais en sachant que c’est Dieu qui tient la barre pour que l’Eglise continue, malgré vents et marées, à être la présence du Christ au monde.

Chaque chrétien aussi, dans son itinéraire de vie personnel, est invité par Jésus à s’enraciner dans la confiance en Dieu même quand tout semble s’écrouler, quand les échecs, la maladie, la persécution... s’abattent sur nous. Tout en assumant notre propre responsabilité,  il ne nous est pas interdit de pousser le cri de souffrance du Christ en croix : «  Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » Il ne nous est pas permis, justement parce que le Crucifié est vivant, de douter que Dieu nous assure la victoire dans le combat que nous menons contre le péché et contre les forces du mal.

                    Abbé Olivier MASSAMBA-LOUBELO