L'appel à la sainteté est l'affaire de tout baptisé

 

L'appel à la sainteté est l'affaire de tout baptisé (Solennité de Tous les Saints – Année B)

 

Textes : Ap 7, 2-4.9-14 ; Ps 23(24), 1-6 ; 1 Jn 3, 1-3 ; Mt 5, 1-12

 

Fêter tous les saints, veut dire regarder tous ceux qui possèdent l’héritage de la gloire éternelle ; ceux qui, en dépit des difficultés, choisissent de demeurer fidèles à Dieu. Leur constance dans l’amour, leur patience dans l’épreuve, leurs fragilités aussi, témoignent de ce que la sainteté est un chemin effectivement praticable. L’essentiel est d’avancer, sans se préoccuper du chemin parcouru, ni des étapes à franchir.

L’appel à la sainteté est l’affaire de tout baptisé, quel que soit son état de vie. C’est l’affaire de tous, parce que la sainteté est accueil de « l’amour dont le Père nous a comblé » (1 Jn 1,1) le jour de notre baptême, lui qui a fait de nous ses enfants dans le Christ Jésus, son Fils unique. En cette solennité, l’Eglise porte ses enfants à une découverte renouvelée de l’amour si grand, si beau, dont le Père les a comblés. Cet amour se manifeste par la présence de Dieu au milieu des siens, par l’attention du Père pour chacun de ses petits, par l’intercession du Fils pour ses frères et sœurs en humanité, par l’œuvre de l’Esprit Saint dans le cœur de tout homme.

Cet état de béatitude dans lequel vivent nos frères et sœurs baptisés en Christ n’est que la participation, de manière pleine, à la vie même de la Sainte Trinité, qui est le fruit de la surabondance de grâce que le sang du Christ leur a acquis. Malgré les nuits à travers les purifications constantes que l’amour exige pour être vrai, et parfois au-delà de tout espoir humain, tous ont voulu se laisser brûler par l’amour de Dieu et disparaître, pour que Jésus soit progressivement tout en eux.

L’Evangile de Matthieu nous donne le mode d’emploi de la sainteté à travers ces huit béatitudes. Celles-ci nous proposent quelques attitudes qui nous aideront à accueillir ce don de la sainteté : la pauvreté et la pureté de cœur, la douceur, les larmes, la pratique de la miséricorde, la quête de la justice et de la paix, la solidarité avec le Christ dans les épreuves, autant de manières de témoigner de l’amour du Père. N’oublions pas que chaque situation de détresse qui fait l’objet de béatitude est porteuse de vie qui ne connaît plus la mort.

La vie selon les béatitudes peut être décrite comme une lente conformation du cœur de l’homme au cœur de Dieu. Elle est justice, paix et joie dans l’Esprit Saint (Rm 14,17). Elle est sainte parce qu’elle a fait sien l’amour de Dieu pour l’humanité. La sainteté n’est donc pas chose compliquée. Elle ne doit pas inquiéter car elle ne dépasse pas les capacités humaines. Bien au contraire, elle rappelle que toute vie réussie trouve son accomplissement dans l’amour.

Le mot « heureux », au début de chaque béatitude, est une invitation à nous mettre en marche. Ce que nous devons faire en toute humilité, c’est d’avancer sans nous préoccuper du chemin déjà parcouru, ni des étapes encore à franchir, comme nous l’avons dit tout au début. Notre préoccupation sera plutôt cette fatigue spirituelle de choisir une béatitude qui nous attire davantage à témoigner l’amour du Père. Avec au cœur, cette béatitude qui nous stimule, nous serons conduits à vivre les autres. Sans doute notre nom ne sera jamais au calendrier. Mais il sera gravé pour toujours dans le cœur de Dieu.

C’est la raison de cette joie. Heureux sont-ils, a déclaré Jésus, non en raison de leur pénible condition d’existence sur la terre, mais parce que Dieu est avec eux. Demandons donc au Seigneur la grâce de rentrer dans cette miséricorde qui est la sienne, et de nous laisser porter pour être un jour heureux du bonheur des cieux.

                                                                

                                                                                                                       Abbé Camille Biemoundonghat