Le royaume du Christ n’est pas un territoire, mais une manière de vivre

 

Le royaume du Christ n’est pas un territoire, mais une manière de vivre (Solennité du Christ Roi de l’univers – Année B)

 

 

Textes : Dn 7, 13-14 ; Ps 92 (93) ; Ap 1, 5-8 ; Jn 18, 33b-37.

 

 

En cette solennité du Christ Roi de l’univers, pour nous les chrétiens, c’est déjà la fin de l’année liturgique. La semaine prochaine commence une nouvelle année liturgique avec le premier dimanche de l’avent.

 

L’année se clôture en reconnaissant que Jésus est Roi. Un roi très particulier. Souvenez-vous qu’après la multiplication des pains, il s’était retiré parce que le peuple voulait le faire roi.  L’évangile de cette solennité nous donne à méditer une scène étonnante de la vie du Christ au cœur de sa passion. C’est l’interrogation suprême sur le mystère du Christ : « Pilate demanda à Jésus : « Es-tu le roi des juifs ? ». Cette scène pourrait s’intituler « l’interrogateur interrogé », car Pilate se retrouve mis en question par celui auprès de qui il cherche une réponse… « Dis-tu cela de toi-même ou parce que d’autres te l’ont dit ?» Pilate se dérobe : « Est-ce que je suis juif, moi ? » ; comme pour souligner que l’affaire n’a pas d’intérêt pour un romain. Autrement dit, il se désengage de la question qui pourtant l’intrigue, celle de l’identité et de la mission de Jésus. Pilate manifeste toute  la distance qui peut exister entre la curiosité et l’attitude de foi. Jésus, Lui, ne s’y trompe pas et relance le dialogue, sans pour autant suppléer au jugement personnel de Pilate. Il évoque sa royauté de manière énigmatique au premier degré, mais clairement lorsqu’il la rattache à son incarnation (« je suis venu dans le monde ») et à sa mission (« rendre témoignage à la vérité »). Oui, il faut être bien royal, étant divin, pour se laisser envoyer et choisir de prendre chair, d’en épouser les limites afin de révéler la vérité du Père. Il ne s’agit pas de condescendance, mais de grandeur de l’amour qui s’offre dans la vulnérabilité pour que la fragilité et la finitude de l’homme accèdent au plus ultime, à un bien sublime plus grand.

 

En évoquant de manière énigmatique sa royauté, Jésus se prononce pour elle. Cependant sa réponse est en un sens ambigüe, voire paradoxale, puisqu’il utilise des images, à première vue, peu compatibles avec l’idée de royauté, parce que sa royauté n’est pas de ce monde. Elle lui vient du Père. Son royaume n’est pas un territoire. Il est une manière de vivre, une présence au cœur du monde. Sa charité fondamentale est faite de béatitudes qui sont comme un renversement des valeurs à la mode. Il nous dit « heureux êtes-vous… ». Et nous nous souvenons des paraboles du grain de sénevé ou du grain de moutarde, de la lumière et du sel. Elle n’est pas un pouvoir terrestre : elle ne s’impose pas par force.

 

Même si sa royauté n’est pas d’origine humaine, elle concerne cependant les hommes.  Jésus définit d’ailleurs sa mission comme un témoignage rendu à la vérité. Et qu’est-ce que la vérité sinon le dévoilement du dessein de Dieu ? La royauté de Jésus s’exprime dans cette révélation du mystère de Dieu et de son amour. Par sa parole, jésus propose aux hommes le don de la communion divine.

 

Ce roi dit de nous que nous ne sommes pas des serviteurs, mais des amis. Il nous prend avec Lui dans sa mission : être des hommes et des femmes de paix, témoins de la Vérité qui nous dépasse infiniment. Cette Vérité n’est autre qu’un message d’amour universel et de pardon, donnant à tous ceux qui partagent sa vie, de partager un jour sa gloire.

 

Alors quand nous prions le Pater Noster et disons : « que ton règne vienne », nous affirmons que nous accueillons ce don de Dieu. L’accueillir, c’est aussi s’engager. Comment pouvons-nous donc contribuer à la venue du Règne ? Nous avons d’abord à être des témoins nous aussi de la vérité par nos paroles et par nos actes, en annonçant la Bonne Nouvelle et en étant des hommes et des femmes de communion. L’incarnation du Christ a changé le cours de l’histoire et donné sens au présent et au futur. Alors soyons aussi des sentinelles d’espérance, attentifs à reconnaître les signes du Royaumes déjà à l’œuvre…. .

 

Que la royauté du Christ pénètre chacun de nos cœurs et nous donne d’être des hommes nouveaux, des hommes libres, des hommes qui rendent témoignage à la Vérité. Amen !

    

                                                                                                                                

                                                                                                      Abbé Camille BIEMOUNDONGHAT