Soyons dans la joie car le règne de Dieu est près de nous |
Soyons dans la joie car le règne de Dieu est près de nous (3ème Dimanche de l’Avent - Année C)
Textes : Soph 3, 14-18 ; Is 12, 2.4-6 ; Phil 4, 4-7 ; Lc 3, 10-18
La liturgie de ce dimanche nous invite de manière pressante à entrer résolument dans la joie de la fête toute proche, une joie profonde, sans réticence ni faux-semblant : la « joie d’un si grand mystère » célébré « avec un cœur nouveau », comme on pourrait l’entendre dans la prière d’ouverture de la Messe. « Pousse des cris de joie, tressaille d’allégresse, le Seigneur ton Dieu est au milieu de toi » (3,14). C’est la grande annonce qui est au cœur du mystère d’Israël, l’annonce messianique par excellence, l’annonce de la joie de Dieu au milieu de son peuple. C’est la même annonce que l’on entend chez Paul, celle qui est donnée en ce dimanche qui s’appelait autrefois Gaudete, c’est-à-dire, « Réjouissez-vous ». On peut alors faire résonner l’insistance de l’Apôtre à ce propos : « De nouveau je vous le répète, réjouissez-vous » (Phil 4,4). « Soyez dans la joie, laissez-moi vous le redire, soyez dans la joie ». La joie est un signe que la nature humaine a atteint son but et que s’éclaire à la lumière de cet amour et de cette sérénité. La joie jaillit de notre adhésion à la volonté de Dieu qui repose dans le cœur du Christ et qui nous est transmise, comme ce fut le cas de Jean-Baptiste dans le sein de sa mère Elisabeth, le jour de la Visitation. Le mystère du chrétien, le mystère de l’Eglise est un mystère de joie, parce que Dieu vient habiter parmi son peuple. Et le texte de Sophonie prend toute son ampleur car c’est un appel à la joie messianique. Lorsqu’on trouve dans la Bible cet appel à pousser des cris de joie, à se réjouir, c’est toujours une annonce messianique, l’annonce du Roi-Messie qui vient sauver son peuple. Il est au milieu de son peuple, et désormais le Seigneur peut dire à Israël qu’il n’y a plus rien à craindre : « Ne crains pas Sion, ne laisse pas tes mains défaillir » (Soph 3,16). Une autre donnée très significative dans la Parole de Dieu de ce dimanche, est aussi la présence de Dieu. Sophonie, par deux fois, fait noter : « Le Seigneur est en toi » (3,15.17), et l’original hébreu (qèrèb) fait penser au sein dans lequel Dieu est accueilli comme celui de Marie. Le refrain de l’antienne du Psaume responsorial exclame : « Laissons éclater notre joie, Dieu est au milieu de nous ». Paul, par contre, parle d’un Seigneur qui est proche, et le Baptiste dans l’Evangile lui fait écho : « mais il vient… ». Tout cela montre aussi que, dans le Christianisme, l’homme n’est pas un nomade solitaire qui erre dans sa lande désolée, parce qu’il vit à la lumière d’une espérance, avec la conscience d’une présence. C’est une présence exigeante. Elle ne veut pas réconforter, mais seulement engager ; c’est un appel et une invitation à faire. Que devons-nous faire pour accueillir cette présence ? Peu de choses, et il n’existe pas de réponse plus simple et claire que celle de Jean le Baptiste. L’essentiel est dans les actes concrets qui accompagnent nécessairement toute conversion. Des actes qui engagent sont nécessaires. Luc, dans son évangile, les situe dans le domaine social, dans la vie de tous les jours. Ces actes, parce qu’ils relèvent de l’amour du prochain, sont la pierre angulaire de notre foi, des actes qui nous portent toujours plus là où Dieu est menacé dans l’homme, et l’homme menacé comme image de Dieu. Le Règne de Dieu est là, tout près de nous ! Et, maintenant, que devons-nous faire ? Nous préparer ! Que devons-nous faire ? Poser des choix pour retrouver au cœur de notre vie la trace ouverte par notre baptême, une trace que vents et tempêtes ont parfois partiellement effacée ! Que devons-nous faire ? Nous convertir ! Et la conversion demande des actes ! Il vient, Celui qui nous baptise dans l’Esprit Saint : préparons, aplanissons devant lui les chemins. Demandons au Seigneur la grâce de regarder le monde avec les yeux de Dieu, et que notre sérénité soit connue de tous les hommes, parce que le Seigneur est proche, qu’il habite en nous, qu’il habite l’Eglise, qu’il habite chacun de nous, et qu’il nous donne de le reconnaître avec les yeux de l’amour et de la foi.
Abbé Camille Biemoundonghat
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