Dieu devient Père et Frère de l’homme |
Dieu devient Père et Frère de l’homme (Solennité de la Nativité de Notre Seigneur Jésus Christ)
Textes : Is 52, 7-10 ; Ps 97(98) ; Héb 1, 1-6 ; Jn 1, 1-18.
En ce jour de Noël, nous touchons au roc de l’Evangile, sa solidité même. Il s’agit aussi d’un fait extraordinaire : le mystère du Verbe de Dieu fait chair. Nous relisons cet événement, que nous avons célébré la nuit, à un autre niveau. Les personnages ne sont plus Joseph, Marie, les bergers et les anges, mais le Père, le Fils et l’Esprit Saint. Nous sommes en plein dans le mystère de l’incarnation dans son caractère transcendantal, c’est-à-dire le Verbe, la deuxième personne de la Trinité, a pris chair dans le sein de la Vierge Marie pour donner à l’homme la possibilité de partager la vie même de Dieu. L’horizon n’est plus Bethléem et l’attente du peuple juif, mais le monde et l’histoire dans leur totalité. La joie des bergers devient celle de tout homme qui peut se découvrir enfant de Dieu. Dans le Verbe incarné, cet enfant de Bethléem, l’homme trouve l’adoption filiale. Dieu n’est plus un être lointain ; il devient son Père. Dieu n’est plus un être lointain ; il devient son frère. N’est-ce pas là une raison d’être dans la joie et de s’extasier devant ce mystère grand et inouï ? Le Verbe s’est fait chair. L’union entre la Parole éternelle de Dieu et la condition humaine dans sa fragilité est difficile à concevoir par la raison humaine. Il a fallu une libre décision de l’amour infini de Dieu pour la réaliser. « Admirable échange », disait Saint Irénée de Lyon, où la toute puissance divine revêt notre faiblesse et où notre faiblesse renaît dans la puissance de l’Esprit. Cela constitue, pour les hommes, un motif d’orgueil, du fait que la deuxième personne de la Trinité ait assumé leur nature, mais c’est en même temps aussi une responsabilité qui nous interpelle à vivre dans la logique de cet admirable échange qui nous fait entrer dans la communion de Dieu. La personne de Jésus de Nazareth, dans l’histoire, est le lieu de la Révélation du Verbe et elle continue de jouer ce rôle irremplaçable. Il est extrêmement difficile de saisir toute la portée de l’Incarnation. Comme Jean, en ce jour de la nativité de notre Seigneur, nous ne pouvons avoir accès au mystère du Christ qu’en tenant compte de sa constance humaine, de la solidité « charnelle » de sa présence rendue visible à nos yeux par des signes sacramentels par lesquels il est présent en nous et autour de nous. Le Verbe fait chair est venu habiter parmi nous en envoyé du Père. Il est venu au milieu des hommes pour leur faire connaître ce Père qui l’a envoyé, afin que nous vivions de sa vie. Il est la Parole de Dieu présente au cœur du monde. A ce point, on peut même dire que Dieu n’a pas laissé le monde à son triste sort, mais il l’habite ; il le remplit de sa présence. Il y est présent non d’une manière neutre, mais d’une manière qui appelle à un choix ; une provocation, puisque, face au Christ, il n’y a pas une autre alternative en dehors du refus ou de l’accueil. Le Verbe s’est fait chair. Quel mystère ! Cette phrase peut nous paraître comme une simple formule. En vérité, elle nous indique la puissance de l’amour divin descendu du ciel pour nous entraîner dans la gloire. « Nous avons vu sa gloire, qu’il tient de son Père comme Fils unique, plein de grâce et de vérité » (Jn 1, 14). Laissons-nous donc conduire par le Seigneur, et tout deviendra simple de la simplicité même de Dieu.
Abbé Camille Biemoundonghat Théologien
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