Par le bain du baptême, Dieu nous a fait renaître

 

Par le bain du baptême, Dieu nous a fait renaître (Baptême du Seigneur - Année C)

 

 

Textes : Is 40, 1-5. 9-11; Ps 103; Tt 2, 11-14; 3, 4 -7; Lc 3, 15-16. 21-22

 

 

Consolez, consolez mon peuple (Isaïe) 

Ce passage introduit la partie du livre d’Isaïe, appelée « Deutéro-Isaïe » (Is 40-55), ou encore « livre de la consolation ». Jérusalem - deux fois dans ce passage - est un lieu géographique, mais il pourrait être considéré aussi comme une désignation du peuple de Dieu lui-même. Ce peuple qui est sur le point de terminer son temps de l’exil, de sa punition  à Babylone (v2).

 

A qui sont adressées les paroles du v2 ? Aux vv3-4, quelle est la voix qui proclame ? A qui sont adressées les paroles des vv9-10 ? Aucune réponse précise ne peut être donnée à ces questions. Toutefois elles nous permettent de penser, par exemple, à des personnes providentielles envoyées par Dieu, comme les prophètes, pour annoncer la « bonne nouvelle » à Sion, à Jérusalem (v9). Les évangélistes les ont appliquées, en partie, à Jean Baptiste. Ces lignes font penser à un nouvel exode, dans lequel le peuple part de Babylone pour rejoindre Jérusalem et Juda. C’est Dieu lui-même qui agit, dans sa puissance (vv9-10). Les versets 5 et 11 présentent la révélation de sa gloire et la sollicitude pour son peuple. Après leur exil, Dieu prend soin d’eux, les conduit, les rassemble et les porte sur son cœur (v11)

 

Tous, ils comptent sur toi (Psaume)

Ce psaume est une reconnaissance joyeuse de la présence, de la grandeur (vv1-4) et de l’action du Seigneur en faveur de son peuple. En effet, c’est lui qui crée, remplit, nourrit, donne la vie ou la reprend (vv24-30). Et il est capable de redonner la vie, de renouveler la face de la terre.

 

Par le bain du baptême, Dieu nous a fait renaître(Tite)

La lettre à Tite nous présente ici une belle synthèse de l’amour miséricordieux de Dieu, qui nous a manifesté sa grâce pour le salut de tous les hommes. Tout part du Père, passe par Jésus-Christ et nous arrive par la puissance de l’Esprit Saint qui nous renouvelle.

 

Le but final, c’est le bonheur que nous attendons, vers lequel nous marchons, reprenant à notre tour la merveilleuse histoire de l’exode ; et cela, jusqu’à la fin des temps (v13). Cela passe nécessairement par Jésus Christ, notre grand Dieu et Sauveur, qui s’est donné pour nous, afin de nous racheter et de nous purifier, pour faire de nous son peuple ardent à faire le bien (v14). Cela passe par l’Eglise : « Par le bain du baptême, il nous a fait renaître et nous  a renouvelés dans l’Esprit Saint » (ch.3, 5-6).

 

Tout vient de l’action conjuguée du Père, du Fils et du Saint Esprit, pour que nous soyons des justes, et que nous possédions, dans l’espérance, l’héritage de la vie éternelle (ch3, 7). C‘est un don gratuit de la part de Dieu. Nous n’y sommes pour rien. Nous n’en bénéficions pas à cause des actes méritoires que nous aurions accomplis par nous-mêmes (v5). Nous avons donc le devoir, chaque jour, de rendre grâce à Dieu, et par nos paroles, et par la cohérence de notre vie, en apprenant, avec la grâce de Dieu, à rejeter le péché et les passions  d’ici-bas.

 

C’est toi mon Fils, moi, aujourd’hui, je t’ai engendré(Luc)

Jésus est le Fils de Dieu, engendré par le Père de toute éternité, engendré dans le temps en Judée, à Bethléem. Il est le Fils Unique de Dieu, et il est sans péché. Nous - les hommes - sommes seulement engendrés dans le temps, dans un lieu donné, dans un pays donné. Nous ne sommes pas engendrés de toute éternité, comme Jésus. Et nous sommes pécheurs. Il a fallu que Dieu envoie Jean Baptiste pour que, par lui, nous acceptions « le baptême de repentir, pour la rémission des péchés ». Ce baptême de Jean était nécessaire pour nous, qui sommes pécheurs. Il était comme un baptême préparatoire, un baptême avec de l’eau (v16). Mais il y a un autre baptême, un baptême complémentaire et parfait, parce que celui qui le fera est parfait, est Dieu (v16).

 

Dans le quatrième évangile, Jean montre Jésus comme « l’agneau de Dieu », celui qui enlève le péché du monde, nos péchés (Jn 1, 36). Pour réaliser sa mission, « il s’est fait chair, il est venu habiter parmi nous (Jn 1, 14). Il n’est pas pécheur, mais il a pris sur lui nos péchés, pour en porter toutes les conséquences, y compris la mort (cf. Gn 2, 16-17). C’est dans ce contexte que nous pouvons essayer de comprendre que Jésus, qui est Dieu et qui n’a jamais péché, soit venu à Jean pour recevoir, de ses mains, le baptême. Par ce baptême, Jésus fait un pas décisif vers la réalisation de sa mission de Sauveur. Ce baptême est le prototype du nôtre : il engendre Jésus à une nouvelle naissance, lui donne une nouvelle puissance, dans l’Esprit Saint, pour lui permettre de mener le combat avec l’ennemi, remporter la victoire finale et nous entraîner dans son combat et dans sa victoire.

 

Le baptême de Jésus est présenté en deux temps, séparés par l’emprisonnement de Jean qui  est, comme nous le savons, une annonce de sa mort, de son témoignage rendu à Jésus, la vraie lumière (cf. Jn 1, 6-7), qui est lui-même venu rendre témoignage à la vérité (cf. Jn 18, 37-38a). Le nom de « baptême » vient du rite central avec lequel il est célébré : baptiser signifie « immerger » dans l’eau. Celui qui est baptisé est immergé (plongé) dans la mort du Christ et ressuscite avec lui comme « nouvelle créature » (cf. 2Co 5, 17). On l’appelle aussi « bain de régénération » et de rénovation dans l’Esprit Saint (cf. Tt 3, 5), et « illumination », parce que le baptisé devient « fils de la lumière » (cf ; Ep 5, 8 ;  CEC, n.252).

 

Une des images les plus éclairantes du baptême est le passage de la mer rouge dans livre de l’Exode. Le peuple élu a échappé à la poursuite des Egyptiens. Il a été libéré par la puissance miséricordieuse de Dieu. Alors que ses ennemis, derrière lui, ont trouvé la mort. Avec Jésus et en Jésus, l’eau du baptême est signe de mort et de résurrection.

 

A la lumière des commandements de Dieu, nous reconnaissons que le péché est présent dans  nos vies et dans notre société, dans notre pays et dans notre monde. Ses signes les plus évidents sont : la haine, l’orgueil, la paresse, l’égoïsme, l’amour de l’argent, le mensonge, la violence, les guerres, les divisions, le mépris des autres, les injustices. A tous les niveaux, y compris dans l’Eglise, dans nos familles, dans notre pays, nous sommes invités à nous rappeler que baptisés, devenus enfants de Dieu, membres du corps du Christ qu’est l’Eglise, nous devons rejeter le péché et vivre en hommes nouveaux, en femmes nouvelles et, en cette année du sacerdoce, en prêtres nouveaux. Et cela, comme le montre l’évangile, passe par la prière (Lc 3, 21 ; Jn 15, 5).

 

                                                                                                    Mgr Bernard NSAYI

                                                                                                    Evêque émérite de Nkayi