Jésus nous libère du péché

 

Jésus nous libère du péché (5ème Dimanche de Carême - Année C)

 

Textes: Is 43, 16-21; Ps 125, 1-6; Ph 3, 8-14; Jn 8, 1-11

 

 

Voici que je fais un monde nouveau (1ère lecture)

Ce passage d'Isaïe, composé de trois parties, peut être considéré comme une hymne de louange à Dieu, qui fait des merveilles pour son peuple à travers le passage de la mer Rouge. Là sont présentées la défaite et la ruine des Egyptiens (cf.vv16-17). La suite suppose un peuple en marche. Ce peuple est passé par des moments très difficiles qui peuvent rester très vifs dans sa mémoire ; il est invité à tout oublier, parce que le Seigneur parle : « Ne songez plus au passé ; voici que je fais un monde nouveau » (cf.vv18-19). La finale semble plutôt orientée vers le futur, contrairement aux vv16-17. Ici, vv19-21, l'histoire du peuple de Dieu, et donc de l'Alliance, qui semblait entravée pendant un temps, se poursuivra inexorablement. Le Seigneur continuera à combler son peuple de ses bienfaits.

 

Le peuple de Dieu a connu des difficultés dans le désert, mais il s'en est sorti avec l'aide de Dieu. Jésus a souffert la passion et il a fini par la résurrection. L'Eglise, dans son histoire, a traversé et traverse des moments difficiles. Mais, appuyée sur le Seigneur ressuscité, elle s'en sortira. Chaque chrétien est invité à vivre dans la même confiance en Dieu qui donne la victoire sur le péché à ceux qui se confient en lui.

 

Ramène, Seigneur, nos captifs (Psaume)

Dans la première partie (cf. 1-3), notre pensée se tourne presque tout de suite vers la période où le peuple de Dieu est revenu de la captivité de Babylone, pour regagner Sion. C'était là un événement vraiment inattendu. C'était comme un rêve, un moment d'explosion de joie indicible. Cet événement ne concernait pas uniquement le peuple de Dieu, mais il était aussi un témoignage puissant pour ceux qui en entendaient parler. Pour eux, c'était comme une occasion de louer le Seigneur. La deuxième partie (cf. vv4-6) peut être subdivisée en deux petites sections. La première ressemble bien à une prière, une demande (cf. v4). La deuxième s'apparente à une sorte de proverbe sous forme de poésie, mais étroitement liée au thème de la libération de l'Exode. Là est célébré le passage des larmes à la joie (cf. v5) et des semailles à la récolte (cf. v6).

 

Nous-mêmes, dans l'histoire et surtout dans l'Eglise, nous devons nous considérer comme un peuple en marche. Nous allons des larmes vers la joie, de la captivité du péché à libération de la grâce par la foi en notre Seigneur ressuscité.

 

Courons vers le but (2ème lecture)

Dans la vie de l'apôtre Paul, il y a un avant et un après, et, au milieu, l'événement du chemin de Damas, par lequel Jésus ressuscité l'a saisi pour le mettre entièrement à son service. Tout le passé, tout le temps passé dans le judaïsme, au service de la loi, est passé derrière, à cause de la connaissance du Christ, qui est désormais le seul avantage. Tout le passé n'est plus que balayure (cf; vv8-9). Désormais, Paul se considère vraiment comme «juste» ; cette justice ne vient pas de l'obéissance à la loi de Moïse, mais de Dieu, par la foi en Jésus-Christ. Pour lui, il ne s'agit pas d'une affirmation gratuite, mais d'une expérience profonde venant de sa rencontre personnelle avec Jésus ressuscité dont il éprouve la puissance.

 

La résurrection de Jésus, un événement inouïe dans l'histoire, n'est pas seulement un fait du passé. Elle est réellement présente dans la vie de Paul en qui se reproduit physiquement la passion de Jésus. Cette passion personnelle le mènera à la résurrection par et avec le Christ. Contrairement à certains Corinthiens qui se croyaient déjà parfaits, l'apôtre fait remarquer, avec une perspicacité extraordinaire, qu’il n'est pas encore arrivé. Il n'est pas encore parfait. Mais à la manière d'un coureur, laissant le passé, il est tendu tout entier vers le but, là où Dieu nous appelle, dans le Christ Jésus. Sans nous enorgueillir, continuons humblement la route qui mène au salut (cf. vv12-14).

 

Jésus nous libère du péché (Evangile)

A quelques jours de Pâques, cet évangile, qui se situe dans la droite ligne de celui du dimanche passé, nous place encore dans la dynamique de la miséricorde et de la tendresse de Dieu qui ne veut pas la mort du pécheur, mais sa conversion. C'est le témoignage que donne Jésus, qui ne nie pas le péché, ni l'importance de la loi, mais place au-dessus de tout l'amour, le pardon et la miséricorde. Le récit est mis en lien avec le mont des oliviers, le mont de la passion qui rappelle encore la mort de Jésus, signe unique et inégalable de son obéissance au Père, de son amour et de l'amour débordant du Père. Cette attitude d'amour et de miséricorde envers le pécheur est étroitement unie à son enseignement. Voilà pourquoi cet épisode se passe dans le temple où Jésus enseigne le peuple (cf. VV12-2).

 

Les scribes et les pharisiens, dont il a été question en Lc 15, 1-3, se présentent à Jésus, ayant avec eux une femme surprise en flagrant délit d'adultère. Selon la loi de Moïse, il faut «lapider ces femmes-là». Et ils demandent à Jésus de donner son avis à propos de cette loi. S'il répond mal, ils auront un motif pour l'accuser. Le texte de la loi, en Lv 20, 10, dit ceci : «L'homme qui commet l'adultère avec la femme de son prochain devra mourir, lui et sa compagne». Or, ici, seule la femme a été arrêtée, mais pas l'homme. C'est déjà une injustice flagrante. Mais ce qui est mis en lumière, c'est la réalité même du péché, qui est le lot de tous les hommes, même de ceux qui veulent lapider cette femme. Voilà pourquoi Jésus, Maître et Seigneur, le seul qui est sans péché et qui aurait le droit de juger, s'abstient de juger. Il utilise ici ce qu'il a fait dans l'évangile du troisième dimanche de carême (cf. Lc 13, 1-9).

 

Généralement, nous faisons surtout attention aux fautes des autres, aux péchés des autres, oubliant que nous sommes nous-mêmes pécheurs. Ici, Jésus nous ramène à notre propre conscience, à notre  propre péché. Par deux fois, il se met à écrire sur le sol. Nul ne saura dire, avec exactitude, ce qu'il écrivait. Moi non plus, je ne saurais le dire avec exactitude. Mais, peut-être, c'était tout simplement ceci : «Que dit la loi?» (cf. v6) et «Où est l'homme?» (cf. v8). Et au milieu, une parole à la fois simple et terrible (cf. v7) qui provoque le départ de tous les accusateurs, «en commençant par les plus âgés». Et Jésus reste là, seul, avec la femme. Une femme est en parie libérée, mais pas tout à fait ; elle était condamnée à la mort. En la libérant, Jésus l'a en quelque sorte ressuscitée. Mais la vraie libération vient de son dialogue et de la parole qu'il lui adresse. Il ne la condamne pas. Il la laisse aller en liberté, en lui recommandant de ne plus pécher (cf. v11).

 

Depuis toujours, notre Dieu est un Dieu sauveur, libérateur. Mais sa libération véritable se manifeste en Jésus Christ qui, par sa mort et sa résurrection, nous libère de notre péché et de notre mort: «Car il est l'Agneau véritable qui a enlevé le péché du monde : en mourant, il détruit notre mort ; en ressuscitant, il nous a rendu la vie» (Préface de Pâques)

 

Notre péché aujourd'hui, c'est, par exemple, l'absence de prière dans notre vie, le manque de charité, l'égoïsme, le non respect du célibat et de la chasteté, le non respect du mariage, le manque de solidarité dans les familles, le mensonge, l'amour désordonné de l'argent et des plaisirs, le vol, la paresse, la désobéissance aux parents, l'avortement, les accusations de sorcellerie. Revenons à la prière, l'adoration eucharistique, la récitation du bréviaire et du chapelet, la fréquentation des sacrements de la pénitence et de l'eucharistie. Imitons la miséricorde de Dieu, qui nous a sauvés par la mort et la résurrection de Jésus et nous appelle à la conversion.

 

Mgr Bernard NSAYI

Evêque émérite de Nkayi