Le Souffle Saint redonne vie et rassemble

 

Le Souffle Saint  redonne vie et  rassemble (Pentecôte 2010)

Textes : Ac 2, 1-11 ; Ps 103 (104) ; Rm 8, 8-17 ; Jn 14, 15-16. 23b-26

Comme un violent coup de vent qui ouvre les portes closes, comme un feu qui brûle au cœur et donne la force de croire et d’avancer, le Souffle Saint, l’Esprit  de Dieu, est venu jeter les disciples au cœur du monde et leur donner l’enthousiasme d’annoncer ouvertement à tous la Bonne nouvelle de Jésus mort et ressuscité.

Il fallait un puissant électrochoc pour que ces hommes dispersés par l’arrestation, la condamnation et la mort de leur maître sortent au grand jour et osent proclamer une nouvelle inédite qui risquait de les exclure définitivement de la communion avec leurs frères Juifs. Il n’y avait, en effet, rien de plus scandaleux que d’annoncer un messie crucifié. Il fallait qu’un feu intérieur vienne brûler la peur mêlée de déception qui les emprisonnait pour que ces hommes, qui avaient perdu la langue après la mort de Jésus, soient les messagers d’une Bonne Nouvelle que chacun entendait dans sa propre langue. Regardez Pierre, le premier des apôtres du Seigneur : il tremblait devant la servante qui, dans la cour du grand-prêtre, la nuit de l’arrestation de Jésus, lui demandait s’il n’était pas lui aussi un des disciples de cet homme ; Pierre se mit à nier avec force ; et c’est le même Pierre qui, cinquante jours plus tard, va prendre la parole devant la grande foule rassemblée le jour de la Pentecôte, pour  dire sa foi en Jésus de Nazareth comme le Sauveur de toute l’humanité. C’est  le même Pierre, mais plus tout à fait le même : Pierre et les autres apôtres viennent de connaître une nouvelle naissance dans l’Esprit Saint, une vie nouvelle leur est donnée, celle dont parlait Jésus à Nicodème, ce notable Juif qui était venu le voir de nuit : « En vérité, en vérité, je te le dis, à moins de naître d’eau et d’Esprit, nul ne peut entrer dans le Royaume de Dieu. » (Jn3, 5). Ce sont des hommes nouveaux, ressuscités avec le Christ, car ils viennent d’être baptisés dans l’Esprit, comme Jésus le leur avait promis.

A leur suite, tous ceux qui accueilleront la Parole de Dieu seront investis par le même Souffle et le même feu, afin qu’ils soient messagers de la Bonne Nouvelle par toute leur vie. Nous aussi,  avons reçu l’Esprit à notre baptême et à notre confirmation ; cela ne s’est pas fait d’une manière aussi fulgurante que le jour de la Pentecôte, mais le Souffle créateur n’en est pas moins à l’œuvre dans notre vie, car c’est grâce à Lui que nous sommes enfants de Dieu, frères et sœurs de Jésus ; c’est grâce à Lui que nous sommes des êtres libres, appelant Dieu par le nom affectueux que Jésus nous a révélé, « Abba » (papa). L’Esprit vient chasser la peur qui nous assaille dans les passages difficiles de notre vie et nous établit dans la confiance en notre Père qui met à notre disposition tous ses trésors de grâce, d’amour et de paix, car nous sommes ses héritiers au même titre que Jésus-Christ, « à condition de souffrir avec lui pour être dans la gloire » (Rm 8, 17). En effet, il nous faut prendre notre part de souffrance pour l’annonce de l’évangile, d’abord en nous faisant violence nous-mêmes afin de conformer notre vie à notre vocation d’enfants de Dieu, en tuant les désordres de l’homme pécheur que chacun de nous est ; ensuite, en travaillant solidairement dans nos communautés à créer un esprit et une manière de vivre en enfants d’une même famille, l’Eglise-famille de Dieu.

Eglise-famille de Dieu que le Souffle saint vient constituer à partir de toutes les nations qui sont sous le ciel. En effet, le travail que réalise l’Esprit le jour de la Pentecôte est d’ouvrir les cœurs des fidèles de Jésus à s’accueillir dans la famille de Dieu sans aucune discrimination de race, de langue, d’ethnie ou de culture. L’Eglise naît multicolore, multiculturelle et multiethnique ; si elle cesse de l’être, elle n’est plus l’Eglise. Dans notre pays meurtri par plusieurs guerres civiles, nos communautés chrétiennes n’échappent pas à la tentation de l’affrontement partisan et ethnique. L’Esprit parle et dit que les différences ne devraient pas être des barrières mais des appels à sortir de soi-même, pour s’enrichir de l’apport de l’autre qui est différent et qui m’enrichit. En cette fête de la Pentecôte, que l’Esprit lui-même vienne au secours de nos faiblesses personnelles et communautaires, pour que nous parlions le langage universel de l’amour, le seul que tout homme  peut comprendre et qui fait de nous les enfants d’un même Père.

Béni sois-tu Seigneur, toi qui as fait jaillir en nous la vie nouvelle des enfants de Dieu au jour de notre baptême. Bénis sois-tu, Seigneur, toi qui rassembles en ton Fils Jésus-Christ tous ceux qui sont baptisés dans l’eau et l’Esprit Saint, pour qu’ils deviennent un seul peuple. Bénis sois-tu, Seigneur, toi qui répands ton Esprit d’amour dans nos cœurs, pour nous rendre libres et nous faire goûter la paix de ton Royaume. Béni sois-tu, Seigneur, toi qui choisis les baptisés pour annoncer parmi toutes les nations l’Evangile du Christ (prière de bénédiction de l’eau pour le baptême)

                      Abbé Olivier MASSAMBA-LOUBELO