Revenir sur ses pas pour dire merci à Dieu |
Revenir sur ses pas pour dire merci à Dieu (28ème dimanche ordinaire – Année C)
Textes : 1 R 5, 14-17 ; Ps 97 (98) ; 1 Tm 2, 8-13 ; Lc 17, 11-19.
Et c’était un Samaritain (Lc17, 16) qui venait de remercier Jésus après avoir été purifié de sa lèpre. Évocation brève qui nous rappelle, en ce dimanche, la nécessité de l’action de grâce. Le Bon Dieu nous a tant donné qu’une seule seconde d’ingratitude deviendrait insupportable. Jésus donne la leçon à ses auditeurs: il faut revenir sur ses pas pour dire merci à Dieu. Méditons les textes que la liturgie de ce jour nous propose.
L’évangéliste Luc commence son récit : « et il advient comme il faisait route vers Jérusalem, qu’il passa aux confines de la Samarie et de la Galilée » (Lc 17, 11). Nous sommes à peu près certains que la mention de la Samarie n’est pas fortuite. On se souvient de la conversation de Jésus avec la Samaritaine (Jn4, 1-42) et de la parabole du Bon Samaritain (Lc10, 29-37). Que le contexte ambiant avec les judéens soit celui des invectives et des rejets, Jésus n’hésite pas à rehausser d’un cran un Samaritain. C’est bien un Samaritain qui revient sur ses pas pour le remercier. Jésus fait son éloge. Il s’étonne que les neuf autres ne soient pas revenus vers lui. Pour tout dire, Jésus n’exige rien. Il connaît bien le cœur humain. Mais il ne manque pas de donner une leçon magistrate: seul l’étranger s’est souvenu des merveilles de Dieu.
L’histoire d’Israël connaît des personnages illustres qui ont fait le pas de l’action de grâce. C’est le cas de Naaman le Syrien, mentionné dans la première lecture (2 R 5, 14-17). Jésus en fera un modèle narratif pour fustiger l’incrédulité des juifs (Lc 4, 27). Ici encore, un étranger est mis en avant-plan. C’est signe que l’action de grâce rendue à Dieu est un acte de liberté qui jaillit du cœur, du cœur qui se souvient et ne veut point oublier.
Il s’agit bien de se souvenir. Paul, dans la deuxième lecture (2Tm 2, 8-13), confirme celui qui en est le sujet : Jésus Christ ressuscité d’entre les morts; en lui, nous sommes morts pour vivre et régner avec lui. C’est à lui seul qu’il faut rendre gloire et honneur. Paul atteste par là son Évangile, l’Évangile du souvenir. Ce dernier réfère directement à la vie historique de Jésus. Nous avons ici une autre grille de lecture. Celle-ci nous aide à apprécier à sa juste valeur le motif de toute action de grâce. Le Christ est le centre de toute action de grâce rendue au Dieu Père. L’on comprend pourquoi il faut retourner vers lui après avoir été comblé par les prodigalités de Dieu.
Deux messages ressortent de ces textes :
Savoir dire merci à Dieu. Un simple merci peut tout dire. Nous ne saurons jamais comptabiliser ce que nous recevons de Dieu. Au fond, le Bon Dieu pourvoit incessamment à nos besoins. Sa bonté est sans limite, même quand nous ne lui avons rien demandé ou que nous ne savons pas demandé. Mais il arrive parfois que nous en voulons toujours davantage. Et le plus souvent nous oublions de dire merci pour les bienfaits déjà reçus. Que des personnes ont perdu la foi parce qu’elles multipliaient les prières de demande sans avoir pris le temps de rendre d’abord grâce à Dieu. La leçon de Jésus est bien simple: Dieu apprécie l’action de Grâce qui lui est rendue d’un cœur simple. C’est même la meilleure forme de prière que Jésus lui-même recommande.
La volonté de se souvenir et de revenir au Christ. Quand on a oublié le chemin de la foi, de la vie de prière, de la vie ecclésiale, il nous faudra un « antidote » : la volonté de se souvenir. Se souvenir constamment de la relation de vie que nous avons construit avec le Seigneur peut aider à traverser les sécheresses du cœur; se souvenir de ses temps de zèle en Église peut aider à « repartir du Christ », à retrouver un chemin de confiance et d’enthousiasme. Le grand danger de la foi, ce n’est pas tant le doute mais l’oubli, l’oubli de ces neuf autres lépreux.
Abbé Luc Augustin SAMBA
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