Prier sans cesse, et ne pas se décourager

 

Prier sans cesse, et ne pas se décourager (29e dimanche ordinaire - Année C)

 

 

Textes : Ex 17, 8-13 ; Ps 120 (121) ; 2 Tm 3, 14-4, 2 ; Lc 17, 11-1

 

On peut s’entendre dire : on a beau prier, rien n’arrive à point nommé. Nous affectionnons de belles prières mais sommes peu enclins à en assumer le prix. Ce dimance nous donne de revoir notre manière de prier. Jésus ne nous enseigne pas des prières taillées sur mesure mais comment persévérer dans la prière.    

 

La première lecture d’Ex 17, 8-13 nous offre une forme de prière où la persévérance de l’orant est mise à rude épreuve. Moïse doit tenir ses mains levées pendant que le peuple combat les Amalécites sous la conduite de Josué. La logique est celle-ci : aussi longtemps que Moïse gardera ses mains levées, le peuple l’emportera. L’alternative à les relâcher serait suicidaire pour Israël (Ex 17, 11). Le salut est dans les mains tendues avec fermeté jusqu’aucoucher du soleil (Ex 17, 12).

 

La prière porte ses fruits lorsque vouloir et croire se rencontrent

 

Il s’agit toujours de la prière adressée à Dieu. Dans la page d’Évangile de Lc 18, 1-8, Jésus propose une parabole quelque peu étrange. Il cite en exemple tout ce dont la malice et la méchanceté humaine ont érigé en valeurs. Le juge est dit inique. Curieux titre en effet : le juge inique et la veuve importune. Personnalités en contrastes! Inégalité des forces! Bras de fer! Indifférence et ignorance! Tout y passe. Finalement, les pourparlers commencent. Le juge se trouve acculé dans sa logique diaboliquement géniale. Continuer d’ignorer la veuve serait suicidaire à cause de son acharnement intempestif.

 

Le mot est lâché : l’archarnement. De quoi est-il question? Toute l’attention de cette parabole est autant tournée sur le juge que sur la veuve. D’une part, nous avons un mauvais juge qui rejette la requête d’une plaignante. Il ne cèdera que sur son obstination. D’autre part, nous avons une veuve qui ne veut en aucun cas lâcher prise. Elle demande que justice soit faite contre son adversaire. Pourquoi Jésus utilise une parabole dont les traits de comparaison amènent à une position inconfortable? La prière serait-elle un acharnement? Très vite, Jésus introduit une clause de sauvegarde : Dieu n’est pas un mauvais juge. L’orant a tout l’avantage de prendre le modèle de la veuve. Le sens même de la parabole s’éclaire : parce que Dieu n’est pas ce juge inique, il fera justice sans tarder à ses élus qui crient vers lui jour et nuit (Lc18, 7). Mais d’où vient-il que celui qui prie ressente tout de même la lenteur de la réponse ? C’est ici qu’entre en jeu l’aptitude à la persévérance. Jésus se reporte sur la veuve non seulement parce qu’elle persévère mais encore parce qu’elle joue son va-tout. Cependant il n’institue en modèle sa persévérance que sous la condition sine qua non de la foi. Là-dessus, Jésus émet une réserve : «Mais le Fils de l’homme, quand il viendra, trouvera-t-il la foi sur la terre ? » (Lc18, 8).   

 

La prière ne va pas sans la foi

 

Il ne s’agit pas d’une conviction mais d’une disposition totale du coeur qui se laisse modeler par la Parole de Dieu. Dans la deuxième lecture, Paul recommande à Timothée de garder ferme cette relation à la Parole de Dieu. La Parole de Dieu l’aide à s’en tenir à ce qu’il a appris et dont il a acquis la certitude. La Parole de Dieu forme, enseigne, redresse, instruit, etc. (2Tm3, 16).  Une vie de prière nourrie par la Parole de Dieu s’ouvre mieux à l’école du discernement de la volonté de Dieu. Toute la sigfnification de la prière réside à ce degré.    Une leçon est revenue constamment tout au long de notre méditation de ces textes liturgiques: la prière qui persévère : 

 

La prière qui persévère est celle qui contraste avec notre logique de l’immédiateté.  Nous jugeons en fonction de l’efficacité. Dieu juge en fonction de la persévérance du cœur. Nous planifions nos pétitions. Dieu pourvoit à l’inattendu. Nous usons des ressources de l’intelligence et de la volonté. Dieu nous attend du côté de la foi.

 

La prière qui persévère est celle que nous avons continuée de formuler au soir du doute et du découragement, du rejet et de l’abandon.   

 

La prière qui persévère est celle qui nous a fait crier justice en action quand nous croyions tout attendre du ciel.   

 

La prière qui persévère est celle qui nous met à l’école de la volonté de Dieu, nous laissant façonner par sa Parole jour après jour.

 

                           Abbé Luc Augustin SAMBA