Le fils de l’homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu

 

Le fils de l’homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu (31èmedimanche ordinaire - Année C)  

 

Textes : Sg 11, 22-12, 2; Ps 145 ; 2 Th 1, 11-1, 2 ; Lc 19, 1-10  

 

 

Il nous arrive souvent de déclarer le ciel ouvert pour les uns, et fermé pour les autres. Le Seigneur envisage les choses autrement. Rien n’est perdu à ses yeux. Au coeur de toute vie, il y a toujours une seconde chance. C’est l’histoire d’un homme de petite taille qui cherchait à voir qui était Jésus...Notre propre histoire commence là nous nous laissons bouleversés par un Dieu qui s’invite chez nous.

 

Il cherchait à « voir » Jésus

 

Parmi les personnes que Jésus a rencontrées dans ses voyages itinérants, Zachée est l’une des plus étranges. Étrange, Zachée l’est : c’est un chef des publicains; il est de petite taille; il court en avant et monte sur un sycomore pour «voir» Jésus; son comportement trahit manifestement un bouleversement intérieur. On s’imagine une scène risible. Mais tout invite à la circonspection. Deux hommes se rencontrent. L’un est une pesonnalité publique pressée de toutes parts.L’autre est un homme dont la stature n’attire personne, au contraire, il est quotient à la malveillance ; d’ailleurs les réactions de la foule ne se font pas attendre : c’est un homme pécheur (Lc19, 7). Jésus est conscient que Zachée fait partie probablement de la pègre locale. Extorqueur de biens, il a pu l’être... et peut-être aussi, à la limite, voleur... Extorquer, c’est obtenir quelque chose par force, violence, menace, ruse, etc. Tout chamboule pour Zachée, lorsque Jésus s’invite chez lui : « Zachée, descend vite, car il me faut aujourd’hui demeurer chez toi ». Que s’est-il vraiment passé? Luc est très sobre. Ce qu’il rapporte se résume à ceci : Zachée a attendu le bon moment pour «voir» Jésus. Jésus vient à sa rencontre; il complète cette soif qui a bien pu être au point de départ une simple curiosité. De toute évidence, le récit de Zachée sort de l’ordinaire des récits de Luc. En général, les personnes que Jésus rencontre confesse la foi en lui. Zachée ne fait aucune confession traditionnelle. Sa décision de donner la moitié de ses biens aux pauvres et de réparer le tord dénote un retournement radical.

 

Que Jésus ait pu susciter chez cet homme un tel enthousiasme de dépossession, cela attire notre attention sur la signification même de la péricope de Lc19, 1-10. Cette signification est indiquée par Jésus lui-même : «...le fils de l’homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu ». Jésus restaure dans sa dignité un fils d’Abraham en brisant le cercle des préjugés.

 

Dieu voit le coeur qui se repent

 

Dans la deuxième lecture de Sg 11, 22-12, 2, l’auteur atteste la conviction selon laquelle Dieu reprend ceux qui tombent. L’auteur va plus loin, en risquant une affirmation fracassante : le Seigneur ferme les yeux sur les péchés des hommes pour qu’ils se repentent. Repentir, conversion, retournement, bien des mots qui disent tout pour Dieu. Tandis que les humains s’épanchent sur la quantité des péchés, le Seigneur regarde la qualité de la démarche de conversion du coeur qui se reprend. Saint Paul, dans sa lettre aux Thessaloniciens, 2 Th 1, 11-1, 2, conçoit une telle démarche de manière conjointe : Dieu et le converti. Le converti fait le pas mais c’est Dieu qui mène à sa perfection toute intention de faire le bien et toute activité de foi (2 Th 1, 11). Dans l’attente du jour du Seigneur, le coeur épris de Dieu doit encore s’armer de patience et de prudence.

 

Les textes lus portent sur deux messages. Premièrement, le Bon Dieu prend en compte l’élan du coeur qui habite l’homme pécheur. nos regards mesquins continuent de condamner, le Seigneur regarde la grandeur du pécheur qui se convertit. Ce regard guérit, relève et rétablit. Deuxièmement, le Seigneur accompagne les désirs de changement qui nous enthousiasment. où nous avons cru que tout était fini, il nous fait repartir sur du neuf. Dans une Afrique où chacun nourrit l’espoir de «voir» fleurir des signes de renaissance, il nous faut redécouvrir l’enthousiasme galvanisateur. Le problème dans nos sociétés et communautés de foi, ce n’est pas pas parce que Dieu n’est pas partie prenante de nos luttes pour la survie, mais parce que nous reportons toujours au lendemain ce qui s’impose comme impératif aujourd’hui. Le « petit bout d’homme » de Jéricho nous met au défi. Notre volonté de changer est toujours au point de départ d’une nouvelle page d’histoire qui sera belle parce que nous l’aurons écrite nous-mêmes. C’est là que Dieu nous attend. Changer, c’est décider de changer.  

 

                Abbé Luc Augustin SAMBA