Le Seigneur n’est pas un Dieu des morts mais des vivants

 

 

Le Seigneur n’est pas un Dieu des morts mais des vivants (32ème Dimanche ordinaire-Année C) 

 

 

Textes: 2 M, 7, 1-2, 7, 9-14; Ps 17; 2 Th 2, 16-3, 5; Lc 20, 27-38.  

 

 

Nous sommes dans la période allant de 175 à 163 avant Jésus Christ. Un roi devenu célèbre pour sa cruauté, Antiochus Épiphane IV, descendant de la dynastie macédonienne des Séleucides, règne en maître sur la Palestine. Sa politique dictatoriale et sanguinaire précipite le déclin de la dynastie. C’est l’occasion inespérée pour l’émergence d’un groupe de maquisards juifs: les Maccabbées. Ce nom, en hébreu, signifie «marteau», sous-entendu celui qui s’oppose. La révolte des sept frères, qui acceptent les pires exactions au nom de leur zèle pour la Loi, attire l’attention du narrateur. La question stigmatise, en général, le sort de ceux qui meurent pour une juste cause. Nous voici en plein dans l’actualité : y a t-il la vie après la vie, la vie au-delà de la mort, en mot la résurrection des morts ? Cette préoccupation nous entraîne au coeur de la joute oratoire de Jésus et les Sadducéens. La finesse de la réponse de Jésus résume la signification même du livre des Maccabbées.

 

Le Dieu qui ressuscite les justes   

 

Examinons les textes que la liturgie nous propose. Le texte de 2 M, 7, 1-2, 7, 9-14 aborde la foi en la résurrection des corps de manière indirecte. Dans le récit sur les sept frères, l’image la plus présente marque le contraste entre leur sérénité devant la mort et le sadisme de leurs bourreaux. Leurs tourments sont décrits avec précision. Le narrateur exalte leur courage et leur audace. Son argumentation est délibérément apologétique. La logique est la suivante : puisque les sept frères sont restés fidèles à la loi de leurs pères jusqu’à la mort, Dieu les ressuscitera (2 M 7, 14). Il n’y aura pas de résurrection à la vie pour le roi impie. En clair, la résurrection des corps ou des morts concerne les justes ayant été fidèles à Dieu jusqu’au dernier soupir.

 

Le Dieu des vivants, non pas des morts  

 

Saint Paul s’accorde sur la même conviction profonde: Dieu délivre ceux qui l’implorent ; il comble leur espoir et les délivre des mains des hommes égarés et mauvais. Plus loin, Paul recommande la constance du Christ. Dans la péricope de Lc 20, 27-38, Jésus oriente le problème autrement. Il ne s’agit plus d’une confrontation entre le juste et le méchant. La question tourne autour de la pratique juive du lévirat. La finesse de Jésus débrouille bien la tournure des évènements. Puisque sept frères ont marié la même femme, la foi en la résurrection des morts s’y appliquerait d’une manière inconvenante. Jésus donne la leçon judicieuse qui fait l’admiration de ses adversaires : le Seigneur n’est pas le Dieu des morts mais des vivants  (Lc 20, 38).  

 

Quel est le message de ces textes ?

 

La foi en la résurrection des morts éclaire notre manière de comprendre la signification de toute souffrance consentie ou subie. En Afrique, bien des personnes ont péri de façon innocente. Le contexte de leur mort est le même : violence aveugle, tortures, conflits armés, dictatures barbares, atteintes flagrantes aux droits de la personne, etc. L’on se posera toujours la question de leur sort en Dieu et de leur mémoire là justice n’a pas été faite ni réparation envisagée, là les familles peinent encore à panser leurs plaies. Dire qu’il y a une résurrection des morts, c’est affirmer judicieusement que le sang des victimes innoncentes n’aura pas été vain; c’est donner sens à leur juste cause pour la paix et la justice; c’est réinventer un brin d’espoir face à la précarité et la rudesse de la vie. Dire qu’il y a une résurrection, c’est croire en un Dieu vivant : pour ceux qui espèrent la libération dans les prisons et les maisons de torture, pour ceux qui acceptent de recommencer après le chaos sous toutes ses formes. Amen !

 

Abbé Luc Augustin SAMBA