Le baptême de Jésus révèle son identité divine |
Celui-ci est mon Fils bien-aimé (Baptême du Seigneur – Année A)
Textes: Is 42, 1-4. 6-7; Ps 28, 1-4. 9-10; Ac 10, 34-38; Mt 3, 13-17
Première lecture : Isaïe
Le chant du serviteur de Yahvé est un appel à l'espérance en direction d'un peuple abattu, découragé par la situation où il se trouve. Par ce message, le prophète invite ce peuple à croire en la puissance de Dieu, qui agira par un serviteur humble et juste, et qui, avec délicatesse et calme, rétablira la justice. Pilier de l'Alliance avec le peuple et lumière des nations, il viendra pour changer le sort des aveugles, des prisonniers et de tous les enchaînés par le démon. C'est une annonce lointaine du véritable Messie qu'est Jésus Christ.
Psaume 28
Ce psaume chante la puissance et la force du Seigneur, Maître de la nature et de l'histoire. Il invite les peuples à rendre gloire à son nom. Toutes les expressions utilisées par le prophète contrastent avec la situation misérable de son peuple. La puissance de Dieu, non encore exprimée, se vérifiera en la personne de son envoyé qui agira avec douceur, fermeté et efficacité, manifestant ainsi la puissance du Seigneur. Cette personne c'est Jésus Christ.
Deuxième lecture: Actes
Pierre, le premier des apôtres, présente ici un triple témoignage. D'abord un témoignage sur Dieu qui lui a fait comprendre qu'il ne fait pas de différence entre les hommes ; mais que quelle que soit leur race, il accueille les hommes qui l'adorent et font ce qui est juste. Le deuxième témoignage, même s'il est indirect, concerne la personne du centurion, un exemple concret d'un homme juste. Le troisième concerne la personne de Jésus, envoyé par Dieu pour annoncer la paix aux fils d'Israël. Bien noter également le caractère universel de la seigneurie du Christ. La dernière partie est un développement rapide sur la vie de Jésus et de certains faits marquants de sa mission, qui a officiellement commencé avec le baptême de Jésus, ayant parcouru tout le pays des Juifs, depuis les débuts en Galilée. Dieu l'a consacré par l'Esprit Saint et rempli de sa force. Il a passé sa vie à faire le bien et à guérir. Enfin, la finale affirme que Jésus n'est jamais seul mais toujours avec Dieu. Ce que Jésus a été et a fait doit nous servir d'exemple.
Evangile et conclusion: celui-ci est mon Fils bien-aimé
Dieu se manifeste de plusieurs manières dont les plus connues sont la visite des bergers et celle des mages, à Bethléem; ici, éclate la manifestation solennelle, lors du baptême de Jésus par Jean. La première manifestation est pour des hommes simples et obscurs, les bergers, symbole de Dieu lui-même qui s'est souvent présenté comme un berger. Symbole aussi de Jésus qui, comme son Père, a dit qu'il est le bon pasteur. Le tout est baigné dans un contexte de lumière. Lumière dans la nuit, quand les anges ont réveillé les bergers endormis. Lumière pour les mages guidés par une étoile. Et nous pouvons dire aussi lumière, en référence à Jésus, lumière des hommes. Jean est venu pour rendre témoignage à la lumière. Et dans tous ces cas, le but est unique : la rencontre avec Jésus, le Sauveur de tous les hommes.
Il est vraiment surprenant, ce baptême de Jésus par Jean, qui proclamait un baptême de conversion. C'était un baptême pour les hommes qui sont pécheurs, un baptême pour nous. Jésus, qui est Dieu et qui est sans péché, n'avait pas besoin de ce baptême. Voilà pourquoi, d'ailleurs, dans un premier temps, Jean veut l'en empêcher. Mais Jésus, Maître et Seigneur, s'impose, comme il le fera avec Pierre, lors du lavement des pieds. Alors, Jean se soumet et le laisse faire, pour qu'ensemble ils accomplissent parfaitement ce qui est juste, c'est-à-dire conforme à la volonté du Père, qui les a envoyés tous deux.
Jésus qui est Dieu, et donc sans péché, est venu se faire l'un de nous, en prenant notre corps ; il s'est fait semblable à nous, en tout, excepté le péché, pour nous sauver. Il a accepté de se faire solidaire de tous les hommes, de toute l'humanité pécheresse. Il a pris sur lui nos péchés, pour les porter et les enlever. Il est vraiment l'agneau de Dieu qui enlève le péché du monde. Ce qu'il fait ici a des similitudes avec la scène du lavement des pieds. Lui, le Seigneur et le Maitre, s'est fait serviteur et esclave, pour nous donner l'exemple, pour que nous aussi fassions ce qu'il a fait (cf. Jn 13, 14-15).
D'après saint Grégoire de Nazianze, après le péché d'Adam, les cieux avaient été fermés pour lui et pour sa descendance. Ici, en remontant de l'eau, Jésus porte le monde, et il nous porte. Avec lui, il le fait monter. Il voit les cieux se déchirer et s'ouvrir, et l'Esprit de Dieu descendre. Toute la Trinité est là, pour ce moment solennel. Du haut des cieux, une voix, celle du Père, se fait entendre : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé en qui j'ai mis tout mon amour ». Il est vraiment le Fils de Dieu et solidaire des hommes qu'il vient sauver de leurs péchés (cf. Mt 1, 21).
En se faisant baptiser, il nous montre le chemin, car il est lui-même le chemin, la vérité et la vie. Ici, le baptême prend un relief particulier. Comme lui, qui a été investi solennellement comme Fils bien-aimé de Dieu son Père, tous sont invités à se faire baptiser pour être sauvés. Pour reprendre les paroles de saint Grégoire, « soyons parfaitement purifiés et purifions-nous encore ». Car rien ne donne à Dieu autant de joie que le redressement et le salut de l'homme : c'est à cela que tend tout ce discours et tout ce mystère. Soyons comme des sources de lumière dans le monde, une force vitale pour les autres hommes. Nous entendons encore résonner les paroles de Jésus: « Je suis la lumière du monde. Celui qui me suit ne marchera pas dans les ténèbres, il aura la lumière de la vie. Vous êtes le sel de la terre. Vous êtes la lumière du monde » (cf. Mt 5, 13-14).
Jésus se fait baptiser par amour, par obéissance au Père et pour notre salut. Avec lui, prenons conscience que nous sommes désormais en communion avec la Trinité. Rendons grâce à Dieu pour notre baptême. En Jésus, nous sommes fils de Dieu et membres de l'Eglise. Nous sommes tous frères et sœurs de Jésus. Et, par toute notre vie, notre témoignage, nos paroles et notre charité fraternelle, éclairons nos frères qui ne sont pas encore baptisés, pour qu'ils nous rejoignent et entrent dans la grande famille de Dieu qu'est l'Eglise. Prions pour que, dans nos familles et nos communautés, surgissent beaucoup de vocations et beaucoup de catéchistes, et pour que tous les hommes connaissent le chemin du salut, croient en Jésus, et qu’en croyant, ils aient eux aussi aient la vie en nom (cf. Jn 20, 31).
Mgr Bernard NSAYI Evêque émérite de NKAYI
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