Voici l'agneau de Dieu qui enlève le péché du monde

 

Voici l'agneau de Dieu qui enlève le péché du monde (2ème Dimanche ordinaire – Anée A)

 

Textes: Is 49, 3. 5-6; Ps 39, 2.4a. 7-9. 10b.11b; 1 Co 1, 1-3; Jn 1, 29-34

 

Premier texte: Isaïe 49

 

Nous sommes ici dans la deuxième partie d'Isaïe, appelée deutéro-Isaïe, dans laquelle se trouvent les chants du serviteur de Yahvé. Dans ce passage très optimiste, à structure très complexe, nous pouvons dégager trois sections où le Seigneur prend la parole (vv3. 5. 6). Le thème dominant est celui de serviteur, quelqu'un en qui Dieu se glorifiera, qui a une mission pour Israël et dont Dieu est la force, une mission non seulement pour Israël, mais également pour toutes les nations. Dans la première section, le serviteur c'est tout Israël, et dans les deux autres, il s'agit plutôt d'un individu qui a une mission en faveur d'Israël.

 

Dieu accompagne toujours celui à qui il confie une mission. Cette mission est un service qu'il doit accomplir conformément au dessein de Dieu. C'est toujours une mission en faveur de son peuple.  Cette mission d'unification et de salut ne s'arrête pas au niveau d'un individu mais est appelé à  s'étendre à tout le peuple dont cet individu fait partie, faisant ainsi et de cet individu et de ce peuple une lumière pour les autres nations.

 

Psaume 39

 

Ce texte, à structure également complexe, trouve son unité par l'unité même de la personne  qui parle de son Seigneur. La personne redit son espérance en lui et proclame  son amour et sa vérité dans la grande assemblée. Attentive à la volonté du Seigneur, elle lui présente sa disponibilité: « Voici, je viens ».

 

Ce petit psaume prend une dimension  toute particulière pour notre Eglise, au temps du Pape Benoît XVI, en retrouvant les thèmes de l'espérance, de l'amour et de la vérité. Nous ne pouvons pas ne pas penser à ses trois principaux documents du Souverain Pontife adressés à soin Eglise : Deus Caritas est, Spe salvi, Caritas in veritate. C'est une occasion qui nous est donnée pour penser à lire ces documents et redécouvrir ainsi les vertus théologales.

 

Deuxième lecture: 1 Co 1, 1-3

 

L'apôtre Paul, avec des mots bien pesés, s'adresse à sa chère et tumultueuse communauté de l'Eglise de Corinthe. Il affirme sa qualité d'apôtre du Christ Jésus par la volonté de Dieu. Il s'adjoint Sosthène pour cette communication. Il précise l’unité de ses destinataires, mais une unité qui s’observe à trois  niveaux: unité de l'Eglise de Corinthe qui est une ; unité de tous ses membres dans une seule Eglise, celle de Corinthe ; et unité de l'Eglise de Corinthe avec tout le reste du peuple saint, c’est-à-dire avec tous ceux qui invoquent le nom de notre Seigneur Jésus Christ, notre Seigneur à tous.

 

Evangile et conclusion: Jn 1, 29-34

 

Jean-Baptiste, après avoir balayé les fausses questions le concernant et clarifié sa place dans le cadre de l'histoire religieuse de son peuple (Jn 1, 19-28), présente Celui qui est l'Agneau de Dieu, qui baptise dans l'Esprit Saint, et qui est le Fils de Dieu. La parole « Agneau de Dieu » nous renvoie à l'exode où, par l'agneau immolé et consommé à la hâte, Dieu a libéré son peuple de l'esclavage de l'Egypte. Là, il n'était pas encore question du caractère rédempteur. C'est à travers une longue  maturation de la foi chrétienne que s'est précisé le rôle de celui qui, en donnant sa vie sur la croix, enlève le péché du monde. Jésus n'est pas seulement celui qui est la vérité et la réalisation du symbole lointain de l'exode, mais aussi celui qui vient prendre sa place après le précurseur, en donnant un baptême supérieur au sien. Il est celui que Jean Baptiste annonçait, celui qui est baptisé par lui et vient continuer sa mission.

 

La descente de l'Esprit Saint qui descend sur Jésus est le signe déterminant ayant permis à Jean Baptiste de reconnaître Jésus et de le présenter à Israël comme étant le Fils de Dieu. Ce titre, le plus noble et le plus adéquat qui puisse être attribué à Jésus, en rapport avec les deux premiers, nous renvoie au serviteur souffrant. C'est parce qu'il est Fils et s'est fait solidaire des hommes, en venant habiter parmi eux et en acceptant de se laisser immoler sur la croix où il a versé son sang comme un agneau immolé, qu'il pourra rendre les hommes vraiment libres (cf. Jn 8, 36; 11, 49-52).

 

Dans le cadre de la liturgie, nous venons de voir comment Jésus s'est incarné et s'est manifesté au monde juif avec les bergers, à tous les peuples avec l'adoration des mages et, enfin, de façon solennelle, à tout Israël lors du baptême de Jésus par Jean-Baptiste. Avec le rite du baptême, prend fin le rôle préparatoire de Jean et de l'ancienne Alliance et commencent la réalité annoncée et la nouvelle Alliance. Et l'acteur principal et central, c'est bien Jésus, avec la force de l'Esprit Saint : tous les deux sont envoyés par le Père.

 

De façon solennelle, c'est ici que commence la mission de Jésus, qui atteindra son sommet par la passion, la mort et la résurrection. Tout cela est annoncé par le baptême, comme le diront Pierre et  Paul: « Vous savez ce qui s'est passé à travers tout le pays des Juifs, depuis les débuts en Galilée, après le baptême proclamé par Jean. Frères, nous tous qui avons été baptisés en Jésus Christ, c'est dans sa mort que nous avons été baptisés. Si, par le baptême dans sa mort, nous avons été mis au tombeau avec lui, c'est pour que nous menions une vie  nouvelle, nous aussi, de même que le Christ, par la toute-puissance du Père, est ressuscité d'entre les morts » (Ac 10, 37; Rm 6, 3-5).

 

Le baptême donné par Jean-Baptiste, celui reçu par Jésus et celui que nous recevons au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit, sont bien différents mais complémentaires. Notre baptême, totalement unique, s'explique en partie par les deux premiers. C'est un baptême de l'eau et de l'Esprit Saint. En Jésus, par Jésus et dans l'Esprit Saint, il efface tous nos péchés, nous rend Fils d'un même Dieu et Père, membres de l'Eglise qui est le Corps du Christ, frères les uns des autres (Cf. Catéchisme de l'Eglise Catholique, n°252, 254, 263).

 

Le baptême de Jésus, en lien avec la manifestation solennelle et unique des trois personnes de la Trinité, fait de notre propre baptême une entrée solennelle dans la Trinité, nous mettant ainsi en communion avec le Père, le Fils et le Saint Esprit. Si Jésus est Fils de Dieu de façon unique, c’est-à-dire par nature, nous le sommes, à notre tour, en Lui et par Lui, de façon adoptive mais réelle. Son baptême a sonné le début de sa mission et nous montre que, par notre baptême, nous recevons, nous aussi, une mission qui participe de celle de Jésus.

 

Pour bien accomplir cette mission, nous avons chaque jour à renoncer à nous-mêmes, pour prendre notre croix et suivre le Maître. Et, de façon concrète, nous sommes instamment invités à une vie de prière, nourrie par la pratique des sacrements, particulièrement ceux de l'Eucharistie et de la Réconciliation, ainsi que la récitation quotidienne du Chapelet par laquelle nous honorons la Bienheureuse Vierge Marie, la Mère du Sauveur et notre Mère. Le tout dans une charité qui nous rend plus solidaires des autres.

 

Mgr Bernard NSAYI

Evêque émérite de Nkayi