| L'Exhortation apostolique Verbum Domini de Benoit XVI |
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Parle Seigneur, ton serviteur écoute… Ecoute Seigneur, ton serviteur parle… Une lecture de l’exhortation apostolique Verbum Domini de Benoit XVI Le Pape Benoît XVI a signé, le 30 septembre 2010, mémoire de saint Jérôme, l'exhortation apostolique Verbum Domini (La Parole du Seigneur), qui fait suite à l'assemblée générale du Synode des évêques, tenue à Rome du 5 au 26 octobre 2008, sous le thème La Parole de Dieu dans la vie et dans la mission de l'Église. Ce document, dans lequel le Saint-Père reprend les 55 « propositions » votées par les pères synodaux, risque de passer inaperçu, non seulement par des simples gens ou autres analphabètes, mais encore plus par ceux qui sont censés être au parfum des publications du Magistère ecclésial et des annonciateurs du Logos éternel. Qu’en retenir, en fait ? Verbum Domini est, « en un certain sens, le cœur même de la vie chrétienne, en continuité avec [...] l'Eucharistie » (VD n°3). Le Saint-Père l'a voulu « pour une redécouverte, dans la vie de l'Église, de la Parole divine [...] qu'elle devienne toujours plus le cœur de toute activité ecclésiale » (VD n°1). Pour Benoit XVI, « Il n'existe pas de priorité plus grande que celle-ci : ouvrir à nouveau à l'homme d'aujourd'hui l'accès à Dieu, au Dieu qui parle et qui nous communique son amour pour que nous ayons la vie en abondance » (VD n°2). Cette Exhortation est comme le fruit de « la grande impulsion que la Constitution dogmatique Dei Verbum a donnée à la redécouverte de la Parole de Dieu dans la vie de l'Église » (VD n°3). Le pape veut donc « renouveler la foi de l'Église dans la Parole de Dieu » (VD n°27). Pour lui, il s'agit d'« intensifier "la pastorale biblique" ». Il ne s’agit pas d'ajouter quelques rencontres dans les paroisses, mais de s'assurer que, dans les activités habituelles des Mbongi ou des Mabundu, on ait vraiment à cœur la rencontre personnelle avec le Christ qui se communique à nous dans sa Parole. Verbum Domini comporte trois chapitres : la Parole de Dieu, la Parole en Église, la Parole pour le monde. La structure du document est simple. La Parole, c'est quelqu'un, le Christ ; elle nous pénètre en Église ; elle fait de nous ses missionnaires dans le monde. Verbum Domini/La Parole du Seigneur Pour les chrétiens, l'originalité des Saintes Écritures, c’est que Dieu parle. Il a parlé dès le début par la création, il a parlé dans une histoire, il a parlé par les prophètes, il a parlé ultimement et définitivement par Jésus : « Dieu a prononcé sa Parole éternelle de façon humaine ». C’est clair, « la foi chrétienne (n'est) pas une "religion du Livre" : le Christianisme est la "religion de la Parole de Dieu", non d'une parole écrite et muette, mais du Verbe incarné et vivant » (VD n°7), même si, bien sûr, la Parole de Dieu « c'est l'Écriture Sainte, l'Ancien et le Nouveau Testament » (VD n°7). De cette façon, la Parole de Dieu est d'abord quelqu'un : « la Parole n'est pas seulement audible, elle ne possède pas seulement une voix, maintenant la Parole a un visage, qu'en conséquence nous pouvons voir : Jésus de Nazareth » (VD n°12). « L'expression "Parole de Dieu" indique la Personne de Jésus-Christ, le Fils éternel du Père, fait homme » (VD n°7). « Jésus est la Sagesse de Dieu incarnée, il est sa Parole éternelle qui s'est faite homme sujet à la mort » (VD5). « La personne du Christ donne son unité aux "Écritures" » (VD n°39). Jésus est « la Parole définitive que Dieu dit à l'humanité » (VD n°11). Si le Christ est la Parole de Dieu, il est clairement affirmé que « c'est (l') Esprit qui inspire les auteurs des Saintes Écritures » (VD n°15). L'Esprit « a lui-même créé les paroles des Saints Testaments, c'est lui-même qui les ouvre » (VD n°16). Ainsi « la Sainte Écriture doit aussi être lue et interprétée à la lumière du même Esprit que celui qui la fit rédiger » (VD n°29). Mais cette Parole de Dieu ne nous est pas seulement destinée. Nous en sommes aussi des partenaires : « Dieu fait vraiment de nous ses "partenaires" » (VD n°22) ; « chaque homme apparaît comme destinataire de la Parole [...] Chacun de nous est ainsi rendu par Dieu capable d'écouter et de répondre à la Parole divine » (VD n°22). Dieu ne parle pas seulement, mais il nous écoute aussi : « Ta prière est ta parole adressée à Dieu. Quand tu lis, c'est Dieu qui te parle ; quand tu pries, c'est toi qui parles avec Dieu » (Saint Augustin, cité en VD n°86). Dans ce sens, le vrai péché, c'est la non-écoute de la Parole (VD n°26). Benoit XVI invite ainsi à « la familiarité avec la Parole de Dieu » comme Marie (Cf. VD n°28). Nos Mabundu, nos Mbongi et nos familles devraient s’ouvrir à cette « familiarité toujours plus grande avec la Parole de Dieu » (VD n°64) et « s'engager pour devenir toujours plus familiers des Écritures Saintes » (VD n°121). A chaque rencontre, méditer un passage de l'Écriture. Et le Pape demande « que chaque foyer ait sa Bible » (VD n°85). Verbum in ecclesia/La parole en Eglise Pour le Pape Benoît XVI, « l'Église ne vit pas d'elle-même mais de l'Évangile » (VD n°51) ; elle ne parle pas d'elle-même mais de son Seigneur. Et c’est dans la célébration eucharistique que nous recevons la parole de Dieu. La liturgie est « le lieu privilégié où Dieu nous parle » (VD n°52). C'est le Christ lui-même qui « est là présent dans sa Parole, puisque lui-même parle pendant que sont lues dans l'Église les Saintes Écritures » (VD n°52). Il nous faut considérer le rôle des lecteurs dans nos célébrations liturgiques : « Tandis que l'Évangile est proclamé par le prêtre ou le diacre, la première et la seconde lectures, dans la Tradition latine, sont proclamées par le lecteur choisi, homme ou femme » (VD n°58). Le Pape demande d'avoir des gens compétents dans l'art de lire devant le peuple. Et pour les prêtres : « On doit éviter les homélies vagues et abstraites, qui occultent la simplicité de la Parole de Dieu, comme aussi les divagations inutiles qui risquent d'attirer l'attention plus sur le prédicateur que sur la substance du message évangélique » (VD n°59). Rien d’autre que montrer le Christ et prêcher avec conviction et passion. L’Eglise doit mettre la Parole au centre dans la célébration des Sacrements, tels que Sacrement de la Réconciliation et celui de l’Onction des malades (VD n°61). Verbum mundo/La parole dans le monde La Parole qui nous pénètre en Eglise fait de nous ses missionnaires dans le monde : « Nous ne pouvons pas garder pour nous-mêmes les paroles de la vie éternelle » (VD n°90). Notre mission de chrétiens est de transmettre, à notre tour, ce que nous avons reçu. C'est l'aspect missionnaire de l'Exhortation : « Puisque tout le Peuple de Dieu est un peuple "envoyé" [...] "la mission d'annoncer la Parole de Dieu est le devoir de tous les disciples de Jésus-Christ, comme conséquence de leur Baptême" » (VD n°94). Si nous devons « communiquer la Parole par toute notre vie » (VD n°93), le Saint-Père souhaite que nous annoncions « une parole de rupture qui invite à la conversion » (VD n°93). C’est le cœur de la foi, le kérygme, qui dépasse les simples valeurs morales, qu’il nous faut annoncer : « Notre responsabilité ne se limite pas à proposer au monde des valeurs communes ; il faut arriver à l'annonce explicite de la Parole de Dieu » (VD n°98). « C'est la Parole de Dieu elle-même qui dénonce sans ambiguïté les injustices et qui promeut la solidarité et l'égalité » (VD n°100). Ainsi, «s'engager pour la justice et la transformation du monde est une exigence constitutive de l'Évangélisation » (VD n°100). Puisse l’Eglise Famille de Dieu qui est au Congo-Brazzaville « s'engager pour devenir toujours plus familier [ère] des Écritures Saintes » (VD n°121) et redécouvrir « le caractère central de la Parole divine » (VD n°122) qui apporte la joie (Cf. VD n°123). « Heureux plutôt ceux qui entendent la parole de Dieu et qui la gardent ! » (Lc 11,28), nous redit le Seigneur. Puissions-nous dire chaque jour, et pas seulement dans nos célébrations : « Parole du Seigneur ... nous rendons grâce à Dieu ». Raphaël BAZEBIZONZA sj
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