Le Christ m'a envoyé porter l'Evangile

 

Le Christ m'a envoyé porter l'Evangile (3ème Dimanche du temps ordinaire – Année A)

 

Textes: Is 8, 23-9, 3; Ps 26, 1. 4a. 13-14; 1, 10-15.17; Mt 4 12- 23

 

Premier texte: Isaïe

 

Nous pouvons considérer l'expression « des ténèbres à la lumière » comme une sorte de résumé du contenu et de la structure de ce texte. Nous avons, tour à tour, le passage de la honte à la gloire, des ténèbres à la lumière, et de la défaite à la joie de la victoire. Ici, l'auteur montre que l'histoire conduite par Dieu va, de façon inéluctable, vers un accomplissement, une issue finale heureuse.

 

Psaume 26: Le Seigneur est ma lumière et mon salut

 

Ce texte se situe toujours dans la perspective de la lumière, du désir et de l'espérance. Là où l'homme met son espoir dans le Seigneur, il ne peut y avoir ni crainte ni tremblement, et la vie est comme une ville entourée d'un rempart imprenable. Une condition, toutefois : que l'homme soit en communion avec son Seigneur et demande au Seigneur la grâce de cette communion. La certitude de voir les bontés du Seigneur est, pour lui et pour nous, une source de joie, de force et de courage.

 

Deuxième texte : I Corinthiens

 

Au nom du Seigneur Jésus Christ, Paul appelle les Corinthiens à être tous vraiment d'accord. L'apôtre est loin de cette communauté, mais par la pensée, la prière et les différentes communications avec elle, il lui reste toujours très proche. Bouleversé par les informations sur les divisions au sein de cette communauté, il leur écrit pour leur demander de rester unis, et de fonder leur foi et leur comportement sur un seul baptême et sur  Jésus Christ, un Jésus Christ crucifié, leur véritable sagesse. Que ce passage nous inspire en cette semaine de prière pour l'unité des chrétiens.

 

Evangile et conclusion: Jésus proclamait la Bonne Nouvelle du Royaume

 

Ces derniers dimanches, nous avons entendu parler du baptême à la suite duquel Jésus, montré par Jean-Baptiste comme l'Agneau de Dieu, a été proclamé solennellement Fils de Dieu et investi de sa mission. Peu après un temps passé au désert où il a été tenté par le diable, apprenant que Jean-Baptiste a été arrêté, il se retire en Galilée, il quitte Nazareth et vient habiter à Capharnaüm. Ce dernier lieu devient comme une sorte de quartier général où il reviendra régulièrement, et la Galilée sera  comme le lieu privilégié de son ministère.

 

C'est là le début de son ministère. Uni à son peuple et solidaire avec lui, il va le faire passer justement des ténèbres à la lumière, de l'ombre de la mort à la victoire de la résurrection. Une des clés de ce ministère est contenu dans ces paroles solennelles: « Convertissez-vous, le Royaume des cieux est tout proche » (Mt 3, 2; 4, 17; Mc 1, 15). Notons que c'est par ces mêmes paroles que Jean-Baptiste avait commencé le sien. Un des objectifs de Jésus et de Jean-Baptiste a été de faire prendre conscience à son peuple de ses péchés et de s'en détacher par une conversion sincère, comme le rappelait le précurseur (Lc 3, 7-14). Aujourd'hui, nous devons continuer dans le même sens.

 

Notre salut a été opéré par Jésus, seul sauveur et unique Médiateur entre Dieu et les hommes. Et cela s'est réalisé par sa passion, mort et résurrection. Jean-Baptiste a été associé à cette mission en le payant de sa vie. Le rapprochement du sort de Jean-Baptiste, au début de l'évangile, et le début du ministère de Jésus nous rappelle que tous ceux qui sont appelés par le Seigneur se rappelleront toujours des points de similitude entre ce qu'ont vécu Jean-Baptiste et Jésus lui-même, c'est-à-dire le passage par la croix (cf. Mc 8, 34).

 

La deuxième partie de l'évangile nous présente l'appel, en Matthieu, des premiers disciples. Il s'agit de quatre frères, que Jésus appelle deux à deux. Ils sont dans des conditions à la fois semblables et différentes. Ce sont deux groupes de frères, et ce sont des pêcheurs. Jésus continue à appeler des jeunes à son service dans l'Eglise. Ils auront toujours des points communs, mais aussi des points différents, ne serait-ce que par leurs situations familiales, culturelles et sociales. Mais ce que le Seigneur attend d'eux, c'est qu'ils se rendent disponibles, quittent tout et le suivent, avec une certaine spontanéité, sans jamais oublier que la mission du Seigneur, dans son Eglise, est toujours une mission difficile. Ils ont à se mettre à la suite de leur Seigneur, le Fils de l'homme, qui est venu non pour être servi, mais pour servir et donner sa vie en rançon pour la multitude (cf. Mc 10, 48).

 

Quatre autres points à retenir dans le ministère de Jésus : il parcourait la Galilée, enseignait dans leur synagogues, proclamait la Bonne Nouvelle  du Royaume et guérissait toute maladie. Aujourd'hui, nous pouvons traduire cela de la manière suivante :

 

- Jésus était un homme actif, travailleur, qui considérait son ministère comme un ensemble de rencontres avec les gens de son peuple, qu'il n'attendait pas assis derrière un bureau. Il sortait pour aller à leur rencontre. Sans oublier la nécessité d'une certaine stabilité, nous, envoyés aujourd'hui dans le champ du Seigneur, sachons aller au-devant des gens, sans toujours attendre qu'ils viennent dans nos communautés ou dans nos paroisses.

 

- Il enseignait dans leurs synagogues, ces lieux précis où les Juifs se retrouvaient régulièrement pour prier et écouter la parole de Dieu. Jésus y allait pour son ministère. C'est ce qu'ont fait ses disciples après son départ, au moins dans les premiers temps, avant qu'ils n’en soient expulsés parce que considérés comme une secte. Pour nous aujourd'hui, ces lieux, ce sont les églises et les paroisses.

 

- Il proclamait la bonne Nouvelle du Royaume. Il est difficile de faire la distinction entre « enseigner » et « proclamer la Bonne Nouvelle du Royaume ». Comprenons cela, en partie, comme un travail de formation globale comprenant l'annonce du message de la Bonne Nouvelle, la formation initiale pour que les gens se mettent à la suite de Jésus, et la continuation de cette formation pour que la foi continue à mûrir et à porter du fruit, dans la vie personnelle et communautaire.

 

- Il guérissait toute maladie. Il s'agit d'une activité importante du ministère de Jésus, signe de son amour, de sa compassion et de sa puissance. Cette activité s'est poursuivie avec les disciples et continue aujourd'hui, de différentes manières, dans l'Eglise. Devant les nombreux cas de souffrances dans nos peuples, il est important  que les évêques et les prêtres s'asseyent pour voir comment, concrètement, donner une réponse à ces personnes en détresse et éviter des débordements qui pourraient nuire et aux pasteurs eux-mêmes et à ceux qui souffrent de différents maux.

 

En ce début d’année et dans ce temps de prière pour l'unité des chrétiens, il est très important de cibler notre enseignement sur la prière et  l'appel à la conversion.  Le ministère de guérison doit s'insérer dans notre travail d'évangélisation. Comme Jésus, investissons-nous à fond dans le travail de la formation. En tant que pasteurs, continuons à nous former et faisons tout pour que les autres, en particulier les laïcs, aient le goût et le désir d'être formés. Tout ceci peut se résumer dans cette parole de l'apôtre : « Malheur à moi si je n'annonce pas l'évangile ».

 

Mgr Bernard NSAYI

Evêque émérite de Nkayi