Il faut faire la volonté de mon Père qui est aux cieux |
Il faut faire la volonté de mon Père qui est aux cieux (9ème dimanche ordinaire – Année)
Textes: Dt 11, 2. 26-28. 32; Ps 30, 3b. 4a. 17. 20b. 24a. 25; Rm 3, 21-25a. 28; Mt 7, 21
Premier texte : veillez à mettre en pratique les commandements
Ces derniers dimanches, Jésus nous parle des commandements de Dieu, qui sont un signe de l'amour de Dieu, car les commandements sont là pour nous aider à marcher dans la voie qui conduit au royaume de Dieu. Ils sont le chemin incontournable pour vivre l'amour véritable pour Dieu et pour nos frères, et pour être en communion avec eux. Aujourd'hui, la première lecture revient sur le même sujet, avec une insistance toute particulière. Les commandements, que Dieu nous a transmis par Moïse, sont les commandements de Dieu lui-même; c'est le chemin que Dieu lui-même nous prescrit. Nous devons écouter Dieu qui nous parle et ne jamais oublier ce qu'il nous dit. Il ne suffit pas d'écouter ou de lire, mais il faut mettre en pratique (cf. v32).
Deuxième lecture : sauve-moi par ton amour
Même si le Seigneur nous dit: « Si tu le veux, tu peux observer les commandements, il dépend de ton choix de rester fidèle » (Si 15, 15), c'est toujours lui qui reste notre « forteresse et notre roc », et c'est donc à lui que tous les jours, pour lui rester fidèles, nous devons demander de nous guider et de nous sauver par son amour » (v17). Dans la ligne de ces paroles, nous sommes invités à agir toujours comme si tout ne dépendait que de Dieu, et en même temps comme si tout ne dépendait que de nous. Les commandements de Dieu sont pour chacun et chacune d'entre nous, mais nous ne devons jamais oublier de les présenter à tous nos frères et sœurs comme le chemin par lequel nous témoignons notre amour pour le Seigneur et qui nous ouvre la voie de sa protection: « Aimez le Seigneur, vous ses fidèles; le Seigneur veille sur les siens » (v24).
Deuxième lecture : l'homme devient juste par la foi
Ce que nous dit l'apôtre Paul rejoint l'essentiel du message du psalmiste. Mais il donne une précision capitale en nous orientant, de manière claire et définitive, sur « la rédemption accomplie par le Christ Jésus ». En effet, « Dieu a exposé le Christ sur la croix afin que par l'offrande de son sang, il soit le pardon pour ceux qui croient en lui » (vv26-26). Puisque le Seigneur nous a dotés de volonté, nous devons, chaque jour, faire tout notre possible pour obéir à Jésus et le suivre. Mais en même temps, bien conscients de notre incapacité à suivre Jésus par nos seules forces, nous devons chaque jour lui demander la force, car « sans lui, nous ne pouvons rien faire » (cf. Jn 15, 5). Voilà ce que l'apôtre résume en nous disant que « l'homme devient juste par la foi, indépendamment des actes prescrits par la loi de Moïse » (cf. v28).
Evangile et conclusion : il faut faire la volonté de mon Père qui est aux cieux
Après avoir présenté des éléments importants concernant la nouvelle loi qui permet d'entrer dans le royaume des cieux (Cf. Mt 5, 1-7, 20), Jésus, avant d'aller plus loin dans son enseignement, nous parle en deux temps. Ce qu'il nous dit, nous avons le devoir de le transmettre aux autres. En acceptant de le suivre, il nous donne même le pouvoir « d'être prophètes, en son nom; de faire des miracles, en son nom » (Cf. v22). Etre prophète, c'est parler aux hommes au nom de Dieu et leur présenter le message de salut. Faire des miracles, c'est montrer, par des signes, la présence et la puissance de Dieu. Ces deux aspects de la mission de tout homme envoyé par Dieu sont importants. Ils fascinent même les foules, comme cela a été le cas pour Jésus. Par exemple, en nourrissant les foules, Jésus a accompli un grand miracle, digne des prophètes. La foule, émerveillée, a voulu le prendre pour faire de lui son roi. C'était là une très grande tentation pour lui, Fils de Dieu, qui est venu uniquement pour faire la volonté du Père qui l'avait envoyé.
Pour obéir à cette volonté du Père, il s'est retiré sur la montagne. Mais le lendemain, les gens l'ont cherché et l'ont rejoint. En fait, ils le cherchaient, non à cause des signes, mais parce qu'ils avaient bien mangé. Et c'est alors qu'il poursuit sa mission, en approfondissant son enseignement, en leur révélant la centralité de la foi en lui, l'envoyé du Père, qui est venu pour leur offrir le vrai pain, celui qui donne la vie éternelle, son propre corps et son propre sang, pour le salut du monde (Cf. Jn 6, 15. 34-40). Et cela rejoint ce que nous dit l'apôtre Paul. Jésus ne fait pas des signes pour faire des signes, mais c'est pour que les gens, en voyant les signes, puissent croire en lui et avoir la vie en son nom » (Cf. Jn 20, 31).
Nous connaissons beaucoup de personnes totalement inconnues qui, brusquement, se présentent comme des pasteurs, des prophètes, des guérisseurs, des faiseurs de miracles. Ils provoquent des assemblées dans les stades et les grandes salles de réunion. Et nous savons que, à chaque fois, les gens accourent très nombreux pour les écouter, « se faire guérir » et satisfaire leur curiosité. Beaucoup de ces pasteurs instantanés, après avoir recueilli beaucoup d'argent, disparaissent aussi vite qu'ils sont venus. Malgré le fait que beaucoup de personnes, qui faisaient confiance à leurs discours, se sont fait avoir, se sont fait voler leur porte-monnaie, les gens accourent toujours quand un « nouveau prophète » se présente.
Dans un deuxième temps, Jésus nous présente, sous forme de parallélisme antithétique, « un homme prévoyant » et « un homme insensé ». Notons avec attention comment Jésus parle en insistant sur le fait « d'écouter », donc sur le sens de ses paroles, de son enseignement. Or, nous savons très bien que cet enseignement concerne le royaume des cieux, le bonheur éternel. Les miracles, s'ils sont réels, ne sont là que pour mener à la voie qui conduit au salut, pour mener à la rencontre personnelle avec Jésus, notre unique Sauveur. Notons que ce discours s'adressait en tout premier lieu à ceux qui suivaient déjà Jésus, mais aussi à ceux qui enseignaient le peuple, en particulier les scribes et les pharisiens qui « disaient et ne faisaient pas », qui écoutaient sans mettre en pratique la parole qu'ils écoutaient.
Aujourd'hui, elles s'adressent à tous les baptisés, mais de manière plus particulière aux pasteurs, qui ont la mission de paître les brebis que le Seigneur leur confie. Et ce ministère consiste à leur annoncer la parole de Dieu, à leur parler de Jésus Christ, pour qu'ils puissent le connaître, l'aimer, le suivre et le servir, chacun dans la situation concrète où il se trouve. Cela devrait amener les chrétiens à prier chaque jour, en plaçant l'eucharistie, particulièrement la messe dominicale au premier rang, pour qu'un jour Jésus puisse leur dire « qu'il les connaît » (cf. v23). Prenons la route que nous indique l'Eglise et que le pape Benoît nous rappelle presque chaque jour : pratique des sacrements, en particulier ceux de l'eucharistie et de la réconciliation, connaissance, méditation et pratique de la parole de Dieu…
En un mot, chercher à faire toujours la volonté de notre Père qui est aux cieux, que Jésus est venu nous révéler par toute sa vie, sa mort et sa résurrection. Ce Père, qu'il appelle ici « mon Père », est également « notre Père », comme le montrent de façon particulière la prière du notre Père (Mt 6, 7-15) et les paroles liées étroitement à la résurrection, qui sont comme un appel à pendre, nous aussi, le chemin de la résurrection, par notre conversion permanente (Cf. Jn 20, 17). Et c'est cela, faire la volonté de notre Père qui est aux cieux.
Mgr Bernard NSAYI Evêque émérite de Nkayi
|