Tirer profit de la municipalisation accélérée dans le Pool

 

Tirer profit de la municipalisation accélérée dans le Pool

 

Profitant d’un séjour de travail en France, Mgr Louis Portella Mbuyu, évêque de Kinkala, administrateur apostolique d’Owando et président de la Conférence épiscopale du Congo, s’est rendu dans le diocèse de Grenoble-Vienne (département de l’Isère), du samedi 5 au dimanche 6 mars 2011. Là, il a rencontré son confrère, Mgr Guy de Kérimel, évêque de Grenoble-Vienne, avec qui il a déjeuné le samedi, avant de se retrouver, le dimanche, autour d’une agape fraternelle, avec huit prêtres congolais (représentant trois diocèses et une congrégation) en mission d’études et/ou pastorale dans ce diocèse de France. Dans l’entretien que nous avons eu avec lui, Mgr Louis Portella affirme que le diocèse de Kinkala initie actuellement des projets en lien avec la municipalisation accélérée, qui interviendra dans le département du Pool en 2012, et dont son diocèse espère bien tirer profit. Il a par ailleurs évoqué le problème de la réouverture des paroisses fermées parce que détruites par le conflit armé, ainsi que le redéploiement du personnel ecclésiastique sur l’ensemble du diocèse.

 

       

Mgr Portella, l'Abbé Isaac et les enfants de                          Mgr Portella, déjeunant avec les prêtres, au

choeur, à la sortie de la messe                                               presbytère du Grand Lemps

 

P.R.M. : Excellence, nous voulons profiter de votre présence pour avoir quelques nouvelles fraiches du diocèse, si cela ne vous gêne pas, bien sûr. Quels sont surtout les grands projets en cours au niveau du diocèse ?

 

Mgr Louis Portella : Eh bien, disons que nous avons  eu d’abord une rencontre au niveau du Conseil des consulteurs, puis avec le Conseil diocésain pour les affaires économiques, afin de voir ce qu’on pouvait lancer comme initiatives, pour entrer un peu dans cette dynamique de la municipalisation accélérée, étant donné qu’il y aura un certain nombre de projets au niveau de l’Etat, bien sûr ; des projets qu’on pourrait appeler « régaliens », c’est-à-dire les structures, par exemple, [l’hôtel de] la Préfecture, les bâtiments, etc. Il y a aussi les projets des routes… Il y a même le projet d’un palais présidentiel. Et nous aussi, de notre côté, on voudrait un peu s’investir dans ce qu’on pourrait appeler le bâtiment, que ça soit au niveau de la paroisse, c’est-à-dire dans l’ancienne résidence épiscopale, que ça soit au niveau du nouveau site de l’évêché. On voulait lancer un projet de maisons d’accueil. On a essayé de développer cela avec nos experts du Conseil [diocésain] pour les affaires économiques, comme M. Mankenda, pour élaborer ce projet. Nous sommes donc là-dessus.

 

Actuellement, nous sommes en pourparlers avec une entreprise chinoise, un Chinois qui est venu au Congo depuis un certain nombre d’années, d’abord comme médecin, puis s’est lancé dans certaines affaires personnelles, et il s’intéresse beaucoup à ce genre de projets, de construction, de briqueterie. Nous allons voir, avec lui, ce qui est possible de faire dans ce domaine. Ça, c’est pour essayer de profiter un peu de cette opportunité de la municipalisation accélérée. On espère profiter de cette grâce, pour essayer d’aménager l’accès à l’évêché ; ils nous l’ont promis, et on verra ce qui va se réaliser. Il y a donc cela. Ce qui nous préoccupe aussi aujourd’hui, c’est la construction de l’église de Kibouende. Là, au début du mois de mai, je vais aller à Kibouende, pour pouvoir poser la première pierre.

 

P.R.M. : Il y a un financement qui serait déjà acquis ?

 

Mgr Louis Portella : (Rires) C’est dans l’espérance ! Il s’agit de lancer un appel pour la fondation. Il faut prévoir au moins dix millions de francs CFA. Je lance l’appel, et là, je suis en train d’en parler à qui veut l’entendre, pour qu’on puisse déjà faire ce petit pas. C’est un grand défi de pouvoir lancer ce projet-là. Il était d’ailleurs temps de le faire, parce que la paroisse de Kibouende est une paroisse importante ; elle a toute une histoire derrière elle, et elle mérite une considération. Nous sommes préoccupés par ça, en ce moment. Il y a aussi d’autres projets au sein même du site de l’évêché : la maison du clergé, l’administration diocésaine, etc. Actuellement, on a, avec la paroisse où se trouve l’Abbé Sévère [Boukaka, en Italie], la possibilité de proposer des projets à hauteur d’une vingtaine de mille euros. Et là, actuellement, il y a un projet que j’ai fait élaborer par le vicaire général ; c’est une maison des jeunes. On cherche comme ça, des opportunités.

 

P.R.M. : Et au niveau du personnel ecclésiastique - qui s’agrandit -, quelles sont les nouvelles perspectives d’ouverture ou de réouverture de paroisses ?

 

Mgr Louis Portella : En fait, ce sont les anciennes paroisses qu’il faut rouvrir […] La prochaine étape que nous avons, c’est la réouverture de la paroisse de Mbanza-Nganga. On a célébré les cinquante ans - si je ne me trompe pas - de la paroisse de Mbanza-Nganga. On était là avec le vicaire général, le nouveau curé de Voka, l’Abbé Armel [Bouiti], etc. Et les gens sont engagés à poursuivre les travaux de réhabilitation. Ils ont déjà réhabilité l’église et la maison des Sœurs […] Il reste à réhabiliter le presbytère. On pense y affecter une équipe de prêtres à la rentrée pastorale prochaine. Une autre paroisse à rouvrir, c’est Vindza. Pour celle-ci, on a été soutenu par le député Matsima [Jean-Paul], qui avait déjà contribué à la réhabilitation de l’église, et qui, maintenant, contribue d’une manière très forte à la reconstruction carrément du presbytère. Là aussi, ça sera une opportunité pour pouvoir envoyer les prêtres ; les gens le souhaitent, le demandent et l’attendent.

 

P.R.M. : Et Mayama ?

 

Mgr Louis Portella : En fait, pour Mayama, nous avons toujours un dialogue permanent avec les Spiritains, pour qu’ils reprennent cette paroisse, en souvenir de leur frère qui y a donné sa vie, le Père Guth [Jean]. Les Spiritains restent ouverts à cette perspective. Mais, pour le moment, ils n’osent pas y envoyer une équipe, par manque de personnel, si bien qu’on a gardé le principe d’y nommer un administrateur paroissial. L’année dernière, c’était l’Abbé Simon Mahoungou ; cette année, c’est l’Abbé Eric Paul Goma, et qui y va régulièrement.

 

I. R. B. : On parle de personnel ecclésiastique, mais il y a aussi cette politique qui voudrait qu’il y ait toujours une communauté religieuse à côté des équipes presbytérales. Est-ce qu’il y a un projet à ce niveau, notamment avec les congrégations de Sœurs et la congrégation diocésaine de Frères ?

 

Mgr Louis Portella : A ce sujet, parlons d’abord de religieux, donc de Frères. Nous avons donc les Frères de campagne qui, pour le moment, ont leur insertion à Mindouli, à Sainte Barbe, qui est un peu le lieu d’origine […] Ça marche, avec leur petite menuiserie, et aussi le projet d’élevage et celui de formation des jeunes désœuvrés, qui sont formés à l’agriculture, à l’élevage. Ils ont maintenant une communauté à Brazzaville ; c’est là que résident les Frères qui sont engagés dans l’enseignement […] Ils sont du côté de Kinsoundi, là où étaient les Sœurs de Marie Madeleine Postel. Et il y aura une troisième communauté à Kinkala même, puisque, à Kinkala, vous avez […] le procureur [diocésain], Frère Abel [Nganga], qui est le supérieur actuel de la communauté, et l’autre Frère […] qui va être surveillant au Collège Saint Augustin ; ils sont donc deux. Pour l’heure, c’est d’abord la mission de formation : il faut qu’on les forme. Moi, je vois plus une formation qui va dans le domaine de l’animation rurale […]

 

P.R.M. : A propos du Collège [Saint Augustin], ça marche ?

 

Mgr Louis Portella : Oui, ça marche. Le challenge, cette année, c’est le BEPC. Et ils se sont battus d’abord, pour qu’on accepte que le collège puisse présenter des candidats officiels. Ç’a pu avoir lieu, et on verra ce que ça va donner [...] Le DDEC [Directeur diocésain de l’Ecole catholique] et le vicaire général sont très impliqués dans ce projet.

 

Propos recueillis par

Pierre Raudhel MINKALA

et Isaac Robert BITSOUMANOU