Par Jésus, Dieu ouvre nos tombeaux et vous fait revivre

 

Par Jésus, Dieu ouvre nos tombeaux et vous fait revivre  (5ème Dimanche de Carême – Année A)

Textes : Ez 37, 12-14 ; Ps 129 ; Rm 8, 8-11 ; Jn 11, 1-45

 

Introduction

Dans notre montée vers Pâques, la liturgie de l’Eglise nous invite à méditer sur une réalité fondamentale de notre existence, qu’est la mort, à la lumière de la personne de Jésus, qui se présente comme la vie qui détruit la mort sous toutes ses formes.

La mort est un drame, même pour Jésus

Nous savons tous que l’être humain  est voué à la mort, que chacun de nous devra mourir un jour, tout comme ceux que nous aimons. Pour autant, nous n’acceptons jamais la mort comme un phénomène naturel ; elle est un échec de la vie ; et dans notre culture bantoue, elle suscite des sentiments d’injustice, car celui qui meurt est toujours la victime d’un mauvais sort ; du même coup, la mort génère des comportements collectifs de violence qui détruisent d’autres vies humaines et font se disloquer la paix dans les familles et les villages… Oui, nous portons en nous un désir d’immortalité que Marthe, la sœur de Lazare qui est mort, exprime en ces termes : « Seigneur, si tu avais été là, mon frère ne serait pas mort ». Ce désir s’exprime parfois aussi par l’incroyance : « si Dieu existait, pourquoi tant de morts ! ». Jésus lui-même n’enlève pas à la mort son caractère dramatique, il ne la banalise pas ; au contraire, il est bouleversé quand il voit Marie et les Juifs venus avec elle au tombeau pleurer ; puis, lui aussi se met à pleurer, une façon de nous mettre en garde aujourd’hui qu’il faut éviter de dire à ceux qui sont éprouvés par la mort d’un proche : « ce n’est pas grave, c’est la volonté de Dieu ».

Dieu donne la vie qui ne finit pas

La révélation de Dieu dans la Bible nous le montre en lutte contre la mort qui s’acharne sur ses créatures et sur son peuple ; il ne s’agit pas seulement de la mort physique mais de toutes ces forces du mal qui tirent la vie vers le bas, comme la servitude et le péché qui dénaturent les êtres humains créés à son image et à sa ressemblance. Aux enfants d’Israël, écrasés par la destruction de Jérusalem et l’exil à Babylone, le prophète Ezéchiel ose annoncer, de la part de Dieu, une conviction de foi surréaliste : « Je vais ouvrir vos tombeaux et je vous en ferai sortir, ô mon peuple, et je vous ramènerai sur la terre d’Israël… Je l’ai dit et je le ferai. – Parole du Seigneur ». Déclaration solennelle d’un Dieu qui ne ment pas et qui est fidèle à sa promesse ; il est le créateur qui n’abandonne pas ses créatures à leur triste sort, mais qui les recrée continuellement en leur donnant son Esprit.

Jésus, le Fils unique, fait également ce qu’il a vu faire par son Père ; alors, il fait enlever la pierre qui fermait l’entrée du tombeau de Lazare, qu’il appelle d’un cri fort à venir dehors. Il nous faut voir, dans ce retour de Lazare à la vie, le signe que Jésus est la résurrection et la vie : plus tard, au matin de Pâques, il n’aura besoin de personne pour rouler la pierre qui fermait l’entrée du tombeau, ni pour le délier des bandelettes qui enserraient son corps ; mais surtout, il est vivant autrement que d’une manière physique : il entre dans la gloire de Dieu et y entraîne avec lui l’humanité : « Car pour ceux qui croient en toi, Seigneur, la vie n’est pas détruite, elle est transformée ; et lorsque prend fin leur séjour sur la terre, ils ont déjà une demeure éternelle dans les cieux. » (Préface I des défunts).

L’Esprit est notre vie

Baptisés ou en route vers le baptême dans la nuit pascale, nous n’aspirons pas à revivre une vie terrestre après la mort ; nous voulons que se produise pour nous bien plus que ce qui est arrivé à Lazare de Béthanie, revenu à la vie mais mort une seconde fois. Notre avenir, ce n’est pas de vivre indéfiniment sur cette terre mais de  contempler éternellement le visage de Dieu. Pour cela, Dieu Créateur et Père nous appelle à prendre part au combat de la Lumière contre les ténèbres, de l’Esprit contre la chair. Nous comprenons bien que, pécheurs, ce n’est pas de nos propres forces que nous sortirons victorieux de ce combat, mais en nous rangeant du côté de la Lumière qu’est Jésus, de l’Esprit qui est Seigneur et qui donne la Vie, nous participons à la victoire du Christ qui a ôté à la mort son dard venimeux au matin de Pâques. La préparation aux fêtes pascales qui approchent passe, avec nos efforts de carême, par le sacrement de la réconciliation, amour infini de Dieu qui nous délie, comme Lazare, des attaches de la mort, et qui nous remet dans le circuit de la vie avec Dieu et nos frères et sœurs.

Conclusion

Tant que l’humanité existera, la mort sera toujours là ; mais ceux qui croiront au Christ mort et ressuscité n’auront rien à craindre, car ils seront assurés d’entrer définitivement dans le monde nouveau où il n’y a plus ni deuil, ni larmes, mais seulement la paix et la joie. « Donne- nous ton Esprit, Seigneur, pour que, dès maintenant, nous vivions en enfants de lumière et témoignions de Toi, le Vivant, dans nos familles et notre société ».

Abbé Olivier MASSAMBA-LOUBELO