La Vie a vaincu la mort

 

La Vie a vaincu la mort (Dimanche de Pâques A)

Textes : Ac 10, 34a. 37-43. Ps. 117. Col 3, 1-4. Jn 20, 1-9

Introduction

Nous célébrons depuis Jeudi Saint les trois jours qui ont refait le monde et l’humanité comme création nouvelle libérée des griffes de Satan. Nous sommes, en ce jour de Pâques, au cœur de notre foi car nous proclamons la mort de Jésus et sa résurrection, en attendant son retour glorieux à la fin des temps.

Le passage

Nos langues liturgiques locales sont parfois pauvres pour dire la nouvelle Pâques qui se réalise en Jésus ; elles ont même tendance à édulcorer l’inédit du mystère pascal. C’est le cas, lorsque nous disons, en lari, « Yezu vumbukidi » (Jésus s’est réveillé), comme s’il s’agissait d’un simple retour à la vie. Mais nous savons et comprenons bien que le Christ ressuscité n’est pas revenu à la vie à la manière de Lazare ou de la fille de Jaïre. Ressuscité, le Christ ne meurt plus, il a fait le passage de ce monde à la gloire éternelle de Dieu. En mourant sur la croix, Jésus a remis son esprit entre les mains du Père ; la résurrection est la réponse du Père à la confiance absolue du Fils en l’amour tout-puissant de Dieu, qui restaure sa création en faisant de Jésus le « premier-né » d’entre les morts. Cette nouvelle Pâques est l’accomplissement universel de l’œuvre de libération commencée dans la première pâque, qui vit les enfants d’Israël sortir d’Egypte pour se mettre en route vers la terre promise. La Pâques du Christ enlève la pierre qui bloquait l’entrée du tombeau et  semblait retenir définitivement l’humanité dans les liens de la mort. Cette pierre enlevée jette le trouble dans le cœur de Marie Madeleine qui court trouver Simon-Pierre et Jean ; eux aussi se mettent à courir au tombeau pour constater, Pierre avant Jean, que le tombeau est vide mais que les linges mortuaires sont restés bien à leur place. Il leur faut alors faire le passage du constat à la foi ; et là, c’est Jean qui, avant Pierre, l’effectue : « Il vit et il crut » (Jn 20, 9).

Les apôtres, témoins à titre privilégié de la résurrection prendront du temps à faire ce passage ; Jésus devra leur donner bien des preuves : les marques des clous sur ses mains et son côté transpercé, sa manière habituelle d’agir comme la pêche miraculeuse ; mais le signe le plus fort est celui de la fraction du pain avec les disciples d’Emmaüs, signe qui se perpétue depuis la première Cène et qui nous est donné, à nous aussi, pour reconnaître la présence du Ressuscité et recevoir sa vie en abondance. Et encore, la vie des apôtres et de la première communauté chrétienne est un signe de la résurrection du Christ : comment se fait-il que ces gens qui ont fui à l’arrestation de leur maître et qui se sont emmurés dans leur peur se mettent à proclamer comme bonne nouvelle la mort et la résurrection de Jésus, sans plus craindre pour leur vie ?! Eux aussi sont ressuscités, ils sont passés de la mort à la vie, pour dire que tout homme qui croit en Jésus, mort et ressuscité, reçoit le pardon de ses péchés, c’est-à-dire qu’il est délivré du mal.

Notre victoire

Ce qui s’est réalisé en Jésus, mort et ressuscité, concerne chaque être humain car Celui qui, par son incarnation, a épousé notre condition humaine jusqu’à mourir, nous offre d’épouser la condition divine en entrant dans la vie éternelle, c’est-à-dire la communion avec Dieu, dès ce bas-monde. Les baptisés de la nuit de Pâques nous rappellent que le chrétien est directement et pleinement associé à la mort et à la résurrection du Christ. L’apôtre Paul le sait, lui qui dit à ses frères chrétiens de Colosses : « Vous êtes ressuscités avec le Christ. » ; une façon de nous dire  que la vie nouvelle nous a été donnée, puisque nous avons été baptisés dans la mort et la résurrection du Christ. Cette victoire que, le Christ partage avec nous, appelle chaque chrétien à mettre sa vie en conformité avec le don de Dieu : « tendez vers les réalités d’en haut et non vers celle de la terre » (Col 3, 2).

Si les apôtres sont les témoins privilégiés de la résurrection de Jésus, eux qui ont mangé et bu avec le Ressuscité, il n’en reste pas moins que nous aussi, aujourd’hui, nous devons témoigner de Jésus, mort et ressuscité, par une vie qui rend gloire à Dieu et qui tire notre monde vers le haut ; nous pouvons, dans ce sens, méditer ces paroles du pape Jean-Paul II qui sera béatifié dans une semaine : « le monde dans lequel nous vivons est ébranlé par diverses crises, l’une des plus dangereuses étant la perte du sens de la vie. Beaucoup de nos contemporains ont perdu le vrai sens de la vie ; ils cherchent des succédanés dans une consommation effrénée, dans la drogue, l’alcool et l’érotisme. Ils cherchent le bonheur, mais le résultat de leur recherche est une profonde tristesse, un cœur vide et, assez souvent, le désespoir. Dans cette situation, bien des jeunes se posent des questions fondamentales : comment vivre ma vie pour ne pas la perdre ? (...) Comment me comporter dans des situations souvent complexes et difficiles que je vis – dans ma famille, à l’école, à l’université, au travail, dans le cercle de mes amis ?...Alors regardez devant vous Marie, la Vierge de Nazareth, l’humble servante du Seigneur qui vous montre son Fils et vous dit : "Tout ce qu’il vous dira, faites-le, c’est-à-dire, écoutez Jésus, obéissez à Jésus, à ses commandements, ayez confiance en Lui" » (Message pour les Journées mondiales de la jeunesse de 1988).

Conclusion

Frères et sœurs, laissons éclater notre joie aujourd’hui, car la résurrection de Jésus est aussi la nôtre ; il est le « premier-né » d’entre les morts. Même si nous nous battons encore contre le mal sous toutes ses formes, nous entrevoyons et accueillons en espérance la victoire que le Christ nous donne. Alors, relevons la tête et rendons grâce à Dieu pour notre salut en Jésus- Christ.

Abbé Olivier MASSAMBA-LOUBELO