L’Eucharistie nous dévoile la présence du Ressuscité |
L’Eucharistie nous dévoile la présence du Ressuscité (3ème Dimanche de Pâques – Année A) Textes : Ac. 2, 14...34 ; Ps 15 ; 1 P 1, 17-21 ; Lc 24, 13-35 Jésus ressuscité n’impose pas sa présence à ses disciples d’une façon qui ferait que ceux-ci le reconnaissent immédiatement ; il arrive souvent que les disciples le prennent pour quelqu’un d’autre (le jardinier pour Marie-Madeleine, un fantôme pour les apôtres en train de pêcher). Deux disciples qui reviennent de Jérusalem et regagnent leur village sont près de ne jamais reconnaître le Seigneur, si celui-ci ne partage pas le pain pour le leur donner, après avoir parcouru les Ecritures avec eux. La route est rude de Jérusalem à Emmaüs, et elle a un goût amer d’espérance brisée pour ces deux hommes qui, parmi tant d’autres, avaient fondé leur espoir en Jésus comme le libérateur d’Israël. L’inconnu qui les rejoint et qui, chemin faisant, leur déroule les Ecritures pour qu’elles deviennent Parole de Vie, passe pour être un ignorant, complètement indifférent à la souffrance des foules qui ont suivi Jésus et en qui ce dernier a semé le désir d’un monde nouveau. Comment peut-il ignorer ce qui est arrivé à Jésus de Nazareth alors qu’il a mis tout le pays en effervescence pendant ses trois années de prédication ? Cet inconnu, qui ne connaît pas l’histoire récente, ne peut pas être crédible quand il prétend expliquer les Ecritures afin d’en dévoiler le sens caché. De toutes façons, l’histoire s’est arrêtée pour eux quand leur Maître a été crucifié ; l’avenir est derrière eux, et ils ont besoin de plus qu’une histoire racontée par des femmes, peut-être victimes d’hallucinations, pour se remettre à espérer et à revivre. La table à laquelle ils accueillent l’inconnu va être pour eux le lieu de dévoilement de ce qui était encore caché à leurs yeux : c’est Jésus qui dit sa présence quand il rompt le pain et le leur donne ; celui qui a dit à ses amis qu’il sera toujours avec eux jusqu’à la fin des temps refait avec eux la cène du Jeudi saint, il continue à se donner pour que ceux qui l’accueillent aient la vie en abondance. La route est joyeuse, d’Emmaüs à Jérusalem, et elle a une saveur de renaissance pour ces deux disciples qui ont repris des forces neuves au repas pascal, fait de Pain et de Parole et qui a pour nom Christ, l’Agneau immolé. En même temps que les yeux du cœur se sont ouverts à la présence mystique du Ressuscité, leur langue s’est déliée pour l’annoncer autour d’eux. C’est là l’action de l’Esprit de Pentecôte que nous voyons à l’œuvre chez Pierre, dans la première lecture ; lui qui avait dit ne pas connaître Jésus la nuit de son arrestation se tient debout devant une grande assemblée, pour proclamer que Jésus ressuscité a été élevé dans la gloire, qu’il a reçu de son Père l’Esprit promis et qu’il l’a répandu sur les apôtres. Cette route joyeuse nous est offerte à chaque eucharistie ; à la messe, nous arrivons avec notre fardeau et peut-être aussi notre désespoir ; à la fin, le Christ, Parole et Pain de vie, nous envoie comme messagers de sa Bonne Nouvelle ; le fardeau n’a pas été détruit mais Quelqu’un le porte avec nous, pour que la puissance de Dieu se déploie dans notre faiblesse. « Ite, missa est », c’est là que commence notre mission de chrétiens chargés de rendre compte de l’espérance qui nous habite. Seigneur Jésus, reste avec nous quand le jour baisse, quand les repères ne nous paraissent plus sûrs, quand la lassitude et le désespoir s’installent en nos cœurs. Donne-nous faim de tes paroles et de ton corps ; restaure-nous, corps et âme, pour que ta Pâques soit aussi la nôtre. Abbé Olivier MASSAMBA-LOUBELO
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