Jésus est le chemin qui conduit au Père

 

Jésus est le chemin qui conduit au Père (5ème dimanche de Pâques- Année A)

Textes : Ac. 6, 1-7 ; Ps 32 ; 1 P 2, 4-9 ; Jn 14, 1-12

Avant d’enter dans sa passion, Jésus tient à affermir la foi et l’espérance de ses amis, en ce que son départ de cette terre est le retour à son Père ; ils ne peuvent donc qu’être dans la joie car, en plus, eux aussi feront cette rencontre avec Dieu grâce à lui qui est le chemin qui conduit au Père.

« Seigneur, montre-nous le Père et cela nous suffit ». La demande de Philippe à Jésus est extraordinaire et devrait forcer notre admiration, parce qu’il ne nous vient pas toujours à l’idée que voir Dieu est la finalité de toute vie humaine. Nous sommes tellement préoccupés par mille et une choses que nous en oublions l’essentiel ; nous sommes, comme Marthe, accaparés par des tâches légitimes, au point d’oublier que ce qui nourrit notre vie chrétienne et nous fait porter du fruit est l’intimité avec Jésus, laquelle intimité nous introduit dans le mystère du Dieu-Trinité dont chaque baptisé est le temple. Voir Dieu, le connaître, c’est la quête d’un certain  nombre de personnes qui, à travers des parcours initiatiques marqués par la gnose et des rites magico-religieux, espèrent ainsi mettre la main sur Dieu. Or, à la question de Philippe, Jésus répond en révélant que Dieu ne se trouve pas au terme d’une quête philosophique, gnostique ou rituelle, mais il est Celui qui vient et se donne à voir aux tout-petits, par le Fils qu’il a établi Christ et Seigneur. Jésus est donc pour nous l’image du Dieu invisible, et il nous nous invite à vivre en communion avec lui par la prière, la lecture de la Parole et la charité fraternelle, afin que nous soyons divinisés.

La prière doit être au cœur de notre vie de baptisés car, par elle, nous communions au Souffle divin. Ce ne sont pas nos mots ni notre attitude qui font avant tout la prière chrétienne, mais notre ouverture et notre abandon à l’Esprit Saint qui nous fait reconnaître Dieu comme  Père : le Père de Jésus-Christ devient aussi notre Père, plutôt nous devenons les enfants de Dieu et les frères de Jésus, le grand prêtre, seul médiateur entre Dieu et les hommes. Et, puisque Jésus est notre frère, il nous charge, nous son Eglise, d’exercer sa fonction sacerdotale afin que nous présentions les offrandes spirituelles que Dieu pourra accepter à cause du Christ. Prier ne doit donc pas être un acte aléatoire pour chacun de nous et pour toute communauté chrétienne, mais une nécessité vitale pour nous et pour le monde. La prière universelle dite à chaque messe dominicale nous permet d’exercer au nom de Jésus ce sacerdoce pour tous les hommes tant que nous sommes les pierres vivantes, les membres du corps mystique du Christ qu’est l’Eglise.

La charité fraternelle est la marque de fabrique des chrétiens, et donc le signe par lequel les gens les reconnaissent : « Je vous donne un commandement nouveau : aimez-vous les uns les autres. Comme je vous ai aimés, aimez-vous les uns les autres. A ceci, tous vous reconnaîtront pour mes disciples : à l’amour que vous aurez les uns pour les autres » (Jn 13, 34-35). Forts de cette recommandation du divin Maître, les premiers chrétiens ont pris le soin d’organiser le service de la distribution des repas aux veuves afin qu’aucune ne soit délaissée. Pour ce faire, les apôtres ont demandé à la communauté de choisir sept hommes qui soient estimés, remplis d’Esprit Saint et de sagesse. Sur ces hommes, les apôtres vont ensuite prier et imposer les mains, ce qui veut dire que le service des repas, à côté de la prière et du service de la Parole, n’est pas une vile tâche qui serait dévolue à gens pris vaille que vaille ; au contraire, parce qu’elle est le reflet de la relation qu’entretient chaque chrétien avec Dieu, Père de tous les hommes, cette tâche exige un engagement spirituel et une probité morale de la part de ceux à qui est elle confiée par Dieu  ; celui-ci veut que ses enfants vivent entre eux une fraternité qui ne néglige aucun des aspects de la vie sociale. Aujourd’hui, l’évangile et la doctrine sociale de l’Eglise nous invitent à exercer cette responsabilité de la charité en promouvant la justice sociale. Ce combat pour la justice n’est pas une démarche aléatoire ou secondaire, il est au cœur de l’annonce de la Bonne Nouvelle qui met tout l’homme debout, corps et âme.

Ceux qui exercent un ministère dans l’Eglise, prêtres ou laïcs, se doivent de contempler Jésus, le Fils unique de Dieu qui a accompli sa mission dans la communion avec son Père qu’il rencontrait dans une prière filiale assidue ; ils doivent également, à l’instar de Jésus, être pleins d’amour pour tous ceux vers qui ils sont envoyés. C’est ainsi qu’ils seront les fidèles serviteurs de Celui qui nous offre la vie éternelle qui commence déjà ici-bas.

Abbé Olivier MASSAMBA-LOUBELO