Le chemin de la gloire

 

Le chemin de la gloire (7ème Dimanche de Pâques - Année A)

Textes : Ac 1, 12-14 ; Ps 2 ; I P 4, 13-16 ; Jn 17, 1-11.

L’adieu de Jésus à ses disciples se termine par une longue prière à son Père. Cette prière, dite « sacerdotale », révèle Jésus en tant que prêtre qui offre sa propre vie pour le salut de l’humanité et en tant que celui qui intercède pour ses disciples.

L’heure qu’il attendait ou vers celle qu’il marchait arrive pour Jésus. Dans la tradition biblique, l’heure du Seigneur représente les derniers temps, le moment du jugement. Ce jugement final se réalise déjà en Jésus, qui est sur le point d’entrer dans sa passion, chemin par lequel Dieu va condamner les puissances des ténèbres qui donnaient à croire qu’elles étaient reines du monde. Par l’obéissance du Fils et par sa mort sur la croix, va se produire un incroyable retournement de situation : l’instrument de la déchéance et de la mort, Dieu en fait, par sa puissance souveraine, le chemin de la gloire et de la vie éternelle. La gloire que Satan promettait faussement d’offrir à Jésus si celui-ci se prosternait devant lui pour l’adorer n’était qu’une vaine gloire, illusion et artifice.

Bien souvent, même trop souvent, nous nous laissons séduire et aveugler par cette vaine gloire (recherche de la considération des hommes avec les honneurs qui s’y attachent, accumulation et exhibition des richesses matérielles qui finissent par nous dominer en nous coupant des autres...) alors que Jésus, le premier-né d’entre les morts, nous offre une gloire à nulle autre pareille : faire la volonté de Dieu en toutes choses et faire de notre vie un don pour les autres. Cela ne signifie pas forcément aller jusqu’à verser son sang, mais nous sommes appelés à mourir à nous-mêmes, à notre orgueil surtout, ce péché originel qui nous ferme à l’obéissance à Dieu, comme Adam et Eve. « Glorifie ton Fils afin que le Fils te glorifie » ; cette prière dispose Jésus à faire, non pas sa propre volonté, mais uniquement celle du Père, quoi qu’il en coûte. Le Père, à son tour, va glorifier Jésus en le révélant au monde comme le Seigneur des vivants et des morts, c’est-à-dire le Roi de l’univers, celui par qui toutes choses furent créées, démasquant ainsi la ruse de Satan qui se faisait passer pour le maître et le possesseur de ce monde.

Tourné vers le Père dans une attitude d’abandon filial, c’est-à-dire de confiance totale en Dieu, avec qui il ne fait qu’un, Jésus est en même temps tourné vers ses disciples de tous les temps, pour lesquels il intercède continuellement devant le Père : « Je prie pour eux...pour ceux que tu m’as donnés...et je trouve ma gloire en eux ». Quel bonheur pour les disciples, d’hier et d’aujourd’hui, de savoir que Jésus, le Grand Prêtre, prie pour eux, et qu’ils font la gloire de Jésus ! Pauvres pécheurs que nous sommes, Jésus nous associe intiment au lien vital qui l’unit au Père : Dieu lui donne la gloire, nous aussi nous la lui donnons chaque fois que nous croyons que ce qui fait  la valeur d’un être humain, ce qui donne du poids à sa vie, c’est de se donner pour les autres comme Jésus lui-même l’a fait. La gloire que nous avons reçue de Dieu en Jésus, c’est que nous sommes devenus ses enfants bien-aimés, à l’instar du Fils unique.

Alors, pour que tout soit accompli, nous devons à notre tour rendre gloire à Dieu, en menant une vie nouvelle, celle qui n’est plus soumise aux convoitises ce monde mais qui se complaît dans la volonté du Père, qui doit être pour nous fête et joie. C’est ce à quoi nous invite l’apôtre Pierre dans la deuxième lecture : « Frères, puisque vous communiez aux souffrances du Christ, réjouissez-vous afin d’être dans la joie et l’allégresse quand sa gloire se révèlera... ». Cependant, nous expérimentons combien il est difficile de marcher sur le chemin de la gloire que Jésus trace pour nous ; il faut que nous soyons habités par l’Esprit de Dieu, l’Esprit de Pentecôte, qui ajuste nos désirs à la volonté de Dieu. Retirons-nous dans le silence et la prière, comme Marie et les apôtres, demandons l’Esprit et accueillons-le, afin que nous soyons les témoins d’une autre vie au milieu de notre société qui cherche le bonheur et la vie sans trop savoir auprès de qui les trouver.

Viens, Esprit de Dieu, révèle-nous la vraie gloire de notre vie, fais-nous connaître le Père, révèle-nous le Fils, et donne-nous la force de rendre gloire à Dieu par une vie qui lui plaise.

Abbé Olivier MASSAMBA-LOUBELO