Jésus rencontre les trois premiers disciples

 

Jésus rencontre les trois premiers disciples (2ème Dimanche ordinaire – Année B)

 

Textes: Sm 3, 3b-10.19; Ps 39(40); 1 Co 6, 13b-15a. 17-20; Jn 1, 35-42

 

Samuel 3: Parle, ton serviteur écoute

 

Pour bien saisir le sens de ce passage, les trois premiers versets de ce chapitre sont d'une grande importance: Samuel est encore jeune, il continue à servir le Seigneur, et il le fait sous la direction d'Elie. La parole de Dieu était rare en ces jours-là. La lampe de Dieu n'était pas encore éteinte, et Samuel était couché dans le sanctuaire de Yahvé, là où se trouvait l'arche de Dieu (vv1-3).

 

Ce texte nous montre comment Dieu appelle Samuel. Il s'agit d'un  appel unique, mais qui se présente en plusieurs étapes, étroitement liées entre elles. Trois fois, le Seigneur appelle Samuel qui dort. Trois fois, pensant que c'est Elie qui l'appelle, Samuel se lève et va le trouver. Mais par trois fois, Elie dit qu'il ne l'a pas appelé, et il lui dit de retourner se coucher. Le petit Samuel a dû se poser bien des questions sur ce phénomène plus ou moins étrange. Mais, de son côté, Elie a sans doute été intrigué. Quand le jeune Samuel revient pour la troisième fois, Elie comprend que c'est Dieu qui appelle, et il dit à Samuel ce qu'il doit faire s'il entend encore l'appel. Effectivement, une quatrième fois, le même appel revient, et le jeune Samuel répond comme le lui a indiqué Elie: « Parle, ton serviteur écoute ». La scène est censée se dérouler dans le temple. Sans chercher à forcer le sens de ce qui est écrit dans la Bible, nous avons le droit, sans faire violence au texte et à l'histoire, de chercher les pistes d'interprétation qui peuvent nous aider aujourd'hui dans notre vie personnelle, ecclésiale, diocésaine et paroissiale.

 

Psaume 39: Voici, je viens

 

Le psalmiste parle à la première personne, et il s'adresse à Dieu, lui avouant l'espérance qu'il place en lui. Non seulement il s'exprime en paroles, mais il le fait par le chant et la louange. Il est attentif à ce que le Seigneur enseigne dans sa loi, dans son livre. Mais plus que tout cela, ou mieux encore avec tout cela, c'est la personne même du psalmiste que Dieu demande. Et la réponse est dans ces trois mots: « Voici, je viens », qui indique sa disponibilité par rapport au Seigneur. 

 

1 Co 6: Rendez gloire à Dieu dans votre corps

 

Comme clé d'interprétation, nous prenons simplement quelques versets: « Tout m'est permis, mais tout n'est pas profitable » (v12), « Notre corps n'est pas fait pour l'impureté, il est pour le Seigneur Jésus » (v13), « Dieu qui a ressuscité le Seigneur, nous ressuscitera aussi » (v14), « Vous êtes le temple de l'Esprit Saint, qui est en vous et que vous avez reçu de Dieu » (v19) « Rendez gloire à Dieu dans  votre corps » (v20). Ici, l'apôtre Paul nous appelle à la liberté responsable. Dans son message pour la Journée internationale de la paix, voici un aspect de la liberté dont le pape a parlé: « C'est seulement dans sa relation avec Dieu que l'homme comprend aussi le sens de sa propre liberté. Et c'est la tâche de l'éducation de former à la liberté authentique... L'homme est un être relationnel qui vit en relation avec les autres et avec Dieu surtout » (n°3). Et Dieu, nous dit l'apôtre Paul, c'est le Seigneur Jésus, c'est l'Esprit Saint: c'est de Dieu que nous recevons l'Esprit Saint. En d'autres termes, il ne peut pas y avoir de vraie liberté sans une relation personnelle avec Dieu Trinité, qui est lumière et force permanente dans toute notre vie et dans toutes nos relations, lui seul peut nous aider à comprendre notre vocation et le vrai sens de notre corps.

 

Jean 1 et conclusion: Jésus rencontre les trois premiers disciples

 

Le thème de notre évangile est étroitement lié non seulement à celui de la première lecture, mais encore à celui des deux autres textes. Ce thème est souvent entendu comme vocation au sacerdoce et à la vie religieuse; cela est très juste, mais c'est insuffisant. En effet, il ne faut jamais oublier la vocation à la chasteté dans le célibat qui est commune à toutes les formes de vocation.  Rappelons-nous que sans le mariage ou la famille, il n'y aurait pas d'enfants. Par le fait même, il n'y aurait pas de candidat à la vie sacerdotale ou religieuse. Ce thème est amplement développé dans 1 Co 7. Toute vocation est une rencontre qui suppose amour véritable, liberté véritable, service, disponibilité et engagement. Sans amour véritable, c'est-à-dire l'amour de Dieu pour nous, notre amour pour Dieu et pour tous les hommes, il n'y a pas de véritable vocation. Dans ce sens, nous pouvons dire que Dieu nous appelle parce qu'il nous aime. Et pour cela, il vient toujours à notre rencontre, il nous choisit : « Ce n'est pas vous qui m'avez choisi, c'est moi qui vous ai choisis » (Cf. Jn 15, 16).

 

Dieu est venu à la rencontre de Jean-Baptiste. Il l'a choisi et l'a envoyé pour être le témoin de la lumière, afin que tous puissent croire par lui. Témoin de la lumière, il ne s'est pas présenté comme la lumière, mais il a amené deux de ses disciples à la vraie lumière qui est Jésus, qu'il a montré comme celui qui est « l'Agneau de Dieu ». Il a eu assez d'humilité et de force pour se détacher d'eux et les laisser partir. En cela, il est un exemple pour tous les éducateurs qui doivent conduire les jeunes à ce but ultime qu'est la rencontre personnelle avec Jésus. Tout passe par la parole. Après avoir entendu, les deux disciples se sont détachés de Jean et ont suivi Jésus. Entendre, voir, savoir, c'est bien, mais cela ne suffit pas.

 

C'est ici que, dans l'évangile de Jean, nous avons les premières paroles de Jésus aux hommes : « Que cherchez-vous? » Volontairement, la question posée semble concerner non pas une personne, mais une chose. On pourrait même traduire : « quelle chose cherchez-vous? ». Cette question, Jésus nous l'a posée, il la pose continuellement. De chacun et de chacune d'entre nous, Jésus attend une réponse personnalisée. Les deux ont répondu: « Rabbi, où demeures-tu ? ». Ce n'est pas une chose que nous cherchons, mais c'est toi que nous cherchons. Non seulement nous te cherchons, mais nous voulons savoir où tu demeures. Et Jésus de répondre : « Venez et voyez ». Ils allèrent et ils virent où il demeurait, et ils restèrent auprès de lui ce jour-là ».

 

Dans la troisième partie, le déclic historique de la rencontre avec Jésus se poursuit. André, un des deux, rencontre son frère Simon et lui dit: « Nous avons trouvé le Messie, et André amène son frère à Jésus qui change son nom en celui de Képha, ce qui veut dire « Pierre ». Le message? Celui qui rencontre Jésus ne peut pas et ne doit pas garder cette découverte pour lui. Il doit porter la nouvelle à d'autres afin qu'eux aussi puissent faire l'expérience de la rencontre personnelle avec Jésus. Tous, nous avons une vocation. Dieu nous appelle à remplir une mission au niveau de nos familles, de nos pays, de notre société, de notre Eglise. Pour réaliser ce à quoi Dieu nous appelle, nous avons besoin de nous appuyer sur des guides et sur la communauté. Ce qui est demandé à chacun et à chacune d'entre nous, c'est l'humilité, l'obéissance, l'écoute de la parole de Dieu, la pratique des sacrements.

 

Je terminerai par une pratique que le pape Benoit XVI a vulgarisée de façon naturelle: l'adoration eucharistique. Une pratique qui a pris de l'ampleur avec le curé d'Ars et l'Année sacerdotale. Voilà une dévotion que nous devons tous mettre en valeur, aux niveaux personnel et communautaire, mais surtout dans les maisons de formation au sacerdoce et à la vie religieuse. Dans chaque église, le centre c'est le tabernacle : Jésus est là pour nous, et il attend toujours notre visite. Devant le tabernacle, nous pouvons ouvrir notre cœur pour remercier Jésus, le louer, l'adorer, lui demander pardon, lui demander de l'aide, prier pour les autres, demander beaucoup de vocations sacerdotales et religieuses. Chaque jour, demandons la force du Saint Esprit et l'intercession de la Vierge Marie notre Mère qui, par son « Fiat », est notre modèle.

 

Mgr Bernard NSAYI

Evêque mérite de Nkayi