Venez derrière moi |
Venez derrière moi (3ème Dimanche ordinaire – Année B) Textes: Jon 3, 1-5. 10; Ps 24(25), 4-9; 1 Co 7, 29-31; Mc 1, 14-20 Jonas 3: Les gens de Ninive se détournèrent de leur conduite mauvaise Dans ce passage du livre de Jonas, nous sont présentés à la fois le pouvoir universel et l'amour miséricordieux de Dieu, qui agit par son envoyé. Le message qu'il confie à son prophète est destiné à une ville païenne. Transmis aux gens de Ninive, il leur fait prendre conscience de leurs péchés et de la possibilité d'une destruction. Cette annonce les pousse à une pénitence sincère qui amène le Seigneur à renoncer au châtiment dont il les avait menacés. Le péché est toujours présent dans notre monde et les gens n'en sont pas toujours conscients. Nous apprenons que Ninive était une grande ville, et donc un lieu avec une grande concentration de personnes, un peu comme dans nos villes d'aujourd'hui. Cela donne beaucoup d'avantages, mais aussi beaucoup de problèmes et, malheureusement, aussi beaucoup de péchés, d'injustices et de violences. Il est précisé que c'est une ville païenne, qui est supposée ne pas connaître Dieu, ou, du moins, le Dieu du peuple élu. Or, nous apprenons également que les gens de cette ville, qui sont censés être des païens, sont coupables de péchés graves. Même s'ils ne connaissent pas le Dieu d'Israël, ils peuvent commettre des péchés et être sanctionnés, puisqu'ils ont une conscience, une loi intérieure qui leur montre ce qui est bien et ce qui est mal. C'est sur la base de cette loi intérieure qu'ils peuvent être jugés et punis. Hier, c'était au prophète Jonas de porter la parole aux gens de Ninive pour les éclairer et les inviter à la conversion. Aujourd'hui, ce rôle revient aux pasteurs et à tous les responsables religieux, qui ont accepté la parole de Jésus: « Venez derrière moi » (v17). Psaume 24(25) : Seigneur, enseigne-moi tes voies Tout au long de l'histoire du salut, le Seigneur s'est toujours montré miséricordieux, lent à la colère et prêt à pardonner. Au milieu des nombreuses infidélités de son peuple, il est resté fidèle à son alliance. C'est en se basant sur cette mystérieuse et encourageante réalité que le psalmiste se tourne vers son Dieu. Il reconnaît sa grandeur et lui demande la grâce nécessaire pour qu'il puisse connaître sa voie. Par trois fois, il voit en Dieu celui qui enseigne. S'il s'est montré comme celui qui est tendresse et amour, il peut donc oublier les péchés de sa jeunesse. Enfin, il réaffirme la droiture, la bonté et la justice de Dieu, qui enseigne son chemin aux humbles. Nous pouvons retenir ceci: pour obtenir du Seigneur ce que nous demandons, nous devons vivre l'humilité. 1 Corinthiens 7: Ce monde est en train de passer Après avoir parlé de la manière dont les chrétiens de Corinthe doivent se comporter entre hommes et femmes, en abordant les questions du célibat et du mariage, qui sont des questions très importantes aux niveaux personnel et social, l'apôtre Paul touche ici aux différents aspects de la vie. Il présente son message en trois parties bien précises. L'introduction, sur un ton affectueux, est l'affirmation d'une certitude: « Le temps est limité ». C'est toute une philosophie qui ouvre sur une théologie. Si le temps est limité, nous devons en tirer les conséquences, non pas en optant pour le « carpe diem », mais pour aller à l'essentiel, pour transformer fondamentalement nos relations et la gestion de nos différentes activités. Et l'apôtre le précise: par rapport à ceux qui ont une femme, à ceux qui pleurent, à ceux qui font des achats, à ceux qui tirent profit de ce monde. Dans tout cela, ce qui doit primer, c'est la relation à Dieu, la façon de lui plaire et de suivre ce qu'il nous demande. Ce n'est pas pour rien que l'apôtre tient un tel langage, qui peut paraître étrange. Il se base sur la manière nouvelle de voir le monde que nous donne la foi en Jésus et la lumière de l'Esprit Saint. Ce que nous voyons de ce monde n'est qu'un aspect de la réalité; l'autre aspect, le plus important, qui concerne notre salut, est caché et ne peut se découvrir qu'avec les yeux de la foi : « Ce monde, tel que nous le voyons, est en train de passer ». L'apôtre Paul nous invite à mettre l'accent sur l'essentiel, à relativiser toutes les autres réalités, et même à aller à contre-courant. Tous ces textes nous portent directement au contenu de l'évangile où nous avons le début du ministère public de Jésus, avec les paroles même de Jean Baptiste. Marc 1 et conclusion: Convertissez-vous et croyez à la Bonne Nouvelle En lien étroit avec tout ce qui précède, le Seigneur nous présente une étape de l'histoire de notre salut en trois points: le lien entre Jean Baptiste et Jésus (v14), le début de la prédication de Jésus (v15) et l'appel des premiers disciples (vv16-20). Selon le plan de Dieu le Père, dans la puissance de l'Esprit Saint, tout se tient dans une unité instructive. Nous savons comment Jean Baptiste, qui est en prison, finira comme témoin de la vérité, témoin de la lumière. Son emprisonnement marque déjà la fin de sa mission et le début de celle de Jésus. Les étapes de l'histoire du salut se suivent, sont liées entre elles mais ne se chevauchent pas. Celui qui était annoncé est arrivé; celui qui annonçait, disparaît. Essayons de comparer les paroles par lesquelles Jésus commence sa prédication avec celles de Jean Baptiste: « Repentez-vous, car le Royaume des cieux est tout proche » (Mt 3, 1). Et Jésus: « Le temps est accompli et le royaume de Dieu est proche; repentez-vous et croyez à l'Evangile » (Mc 1, 15). Le noyau du message se trouve bien dans les deux, et il est très bien centralisé en Marc, où les termes sont inversés, montrant ainsi qu'ils sont inséparables. Si le royaume des cieux est proche, il faut nécessairement se convertir. Mais, en Marc, nous avons deux additions importantes au début, « le temps est accompli », et en finale, « croyez à l'évangile ». C'est avec l'arrivée de Jésus et sa prédication que le temps s'accomplit. Et sa prédication, c'est lui-même Jésus, parce qu'il est le Verbe de Dieu. Nous convertir, c'est mettre tout au second plan et mettre Jésus en premier; c'est nous détourner de ce qui ne mène pas à Jésus et nous mettre à sa suite, c'est écouter sa parole et la mettre en pratique. Cette mission d'appel à la conversion a été celle de Jean Baptiste, de Jésus et des quatre disciples qu'il appelle. Et chaque appel est un appel au détachement. André et Simon, Jacques et Jean ont suivi Jésus. A tous les quatre, il a fallu beaucoup de courage pour s'arracher. Les premiers ont laissé leurs filets. Les deux derniers ont laissé et leur barque et leur père et leurs ouvriers. C'est un aspect de la conversion, quitter tout pour suivre Jésus et se mettre à son service. Tous les hommes et toutes les femmes que Jésus appelle à son service doivent nécessairement quitter ce qui fait leur sécurité, en particulier leurs liens familiaux et servir comme Jésus, le Fils de l'homme qui « est venu non pour être servi, mais pour servir et donner sa vie en rançon pour la multitude ». Nous sommes dans la semaine de prière pour l'unité des chrétiens, qui a pour parole phare, « Tous, nous serons transformés... par la victoire de notre Seigneur Jésus- Christ » (Cf. 1Co 15, 51-58). Le Seigneur Jésus, mort et ressuscité, est le centre du message que nous devons porter au monde. Il a vaincu le péché et la mort par la croix, comme le montre bien 1 Co 1, 1-2, 7. Tout baptisé, comme toute personne appelée à la vie sacerdotale ou religieuse doit faire sien ce message que Jésus lui-même a signé dans sa mort et résurrection. Nous serons transformés, transfigurés, comme Jésus l'a été lors de sa transfiguration sur la montagne. Cet évènement, qui a eu lieu peu avant sa passion, indique bien que la glorification est étroitement liée à la passion. Mais le message de la vocation, toujours lié à la croix, a pour but final la joie véritable, car c'est une Bonne nouvelle. Prions pour que tous les chrétiens, appelés à l'unité, et en particulier les éducateurs, les parents, les prêtres, les religieux et les religieuses soient des témoins transfigurés dont la vie, en conversion continuelle, invite tous les hommes et toutes les femmes à connaître Jésus, à croire en lui et à le suivre.
Mgr Bernard NSAYI Evêque émérite de Nkayi
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