Seigneur, si tu le veux, tu peux me purifier

 

Seigneur, si tu le veux, tu peux me purifier (6ème Dimanche ordinaire – Année B)

 

Textes: Lv 13, 1-2. 45-46 ; Ps 101(102); 1 Co 10, 31-11, 1; Mc 1, 40-45

 

Lévitique 13: tant qu'il gardera cette plaie, il sera impur

 

Voilà un texte biblique qui touche de façon directe et précise le phénomène de la maladie et du malade dans la communauté. Il s'agirait d'une maladie de la peau, comparable à une sorte de lèpre. L'homme atteint d'une telle maladie devait se présenter à Aaron ou à un de ses prêtres. Nous avons au moins l'indication d'une bonne organisation de la communauté. Quand un cas se présente, les gens savent à qui s'adresser. Et les responsables de la communauté savent ce qu'ils doivent  faire et comment ils doivent orienter le malade. Dans le cas qui nous concerne, si quelqu'un est reconnu vraiment malade, il sera exclu de la communauté pour ne pas contaminer les autres. A première vue, il s'agirait en fait d'une mesure hygiénique. Mais nous devons aller au-delà et y voir une mesure liée également à la participation au culte. En effet, une personne atteinte d'une telle maladie était déclarée « impure », c'est-à-dire mise dans l'impossibilité de prendre part au culte.

 

Psaume 11(112): n'oublie pas, Seigneur, le cri des malheureux

 

Ce psaume, que nous pouvons considérer comme une supplication individuelle au départ,  présente une situation difficile, du point de vue physique, psychologique et spirituel. Mais, vers la fin, le psalmiste exprime sa confiance en Dieu dont la présence est permanente. Tout au long de l'histoire, on fait mémoire de lui, parce qu'il fait attention à ce qui se passe sur la terre, pour avoir entendu la plainte des captifs et libéré ceux qui devaient mourir. En finale, la prière dépasse le plan individuel et se termine sur une note collective. Même aujourd'hui, ces paroles peuvent nous aider dans nos moments difficiles.

 

1 Corinthiens 10: prenez-moi pour modèle

 

Dans son ministère, l'apôtre Paul a rencontré beaucoup d'obstacles, même de la part de ses frères dans la foi. Quand il le fallait, il se défendait. En quatre points, il se présente ici comme fidèle à la mission que le Seigneur lui a confiée. Premier point: agir toujours « pour la gloire de Dieu ». Deuxième point: « N'être un obstacle pour personne, ni pour les Juifs, ni pour les Grecs, ni pour les païens ». Troisième point: « Voir l'intérêt de la multitude des hommes, pour qu'ils soient sauvés ». Quatrième point: « Faire tout pour être un modèle, en se fixant le Christ comme modèle ». Il est clair que ce que dit l'apôtre Paul est très exigeant, parce que son fondement est également clair: la personne de Jésus-Christ. C'est lui que nous devons fixer chaque jour. Et c'est sur sa personne et sur son action que nous devons nous modeler. Cela ne sera jamais une chose facile, parce que nous sommes limités et que nous sommes pécheurs, parce que le trésor que Dieu  nous a confié, nous le portons dans des vases d'argile.

 

Marc 10 et conclusion: si tu le veux, tu peux me purifier

 

Trois mots peuvent résumer le contenu de nos lectures et de notre évangile: supplication, compassion et purification. Le plus important, que nous trouvons dans plusieurs passages, c'est l'amour miséricordieux de Dieu manifesté en Jésus Christ ; il est à la fois central et fondamental. Le lépreux se déplace et vient  à Jésus. Devant lui, il tombe à genoux, presque dans un geste d'adoration et d'humilité. Enfin, arrive le cri de supplication: « Si tu le veux, tu peux me purifier ». Il ne s'agit même pas d'une demande brutale, comme s'il voulait forcer la main de Jésus. Il commence par: « Si tu le veux », laissant ainsi à Jésus le soin de la décision finale. Nous retrouvons ainsi une partie de la prière du « Notre Père »: « Que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel ».

 

Cette belle supplication touche Jésus au plus profond de lui-même: il fut pris de pitié devant cet homme. Il y a dans ces mots tout un ensemble de phénomènes humains, venant du fond du cœur, qui montre l'amour et la tendresse de Dieu au milieu des hommes. A ce bouleversement intérieur, Jésus ajoute l'acte extérieur: « il étend la main ». Malgré le fait que cet homme est un lépreux que la loi interdisait de toucher tant que sa guérison n'a pas été vérifiée par un prêtre, il va jusqu'à braver l'interdit et « touche » cet homme. Enfin, avec les mêmes mots que tout à l'heure, Jésus accède à sa demande. 

 

Notons bien qu'à aucun moment Marc n'utilise les mots grecs qui signifient « guérir » ou « guérison », mais bien ceux de « purifier » et de « purification ». Ce terme dit plus que « guérison », qui risquerait d'être compris uniquement comme un fait purement physique. L'action que Jésus vient de réaliser est à comprendre dans son sens plénier, complet : Jésus guérit l'homme dans sa totalité,  corps, esprit et âme. C'est bien ce que nous voyons quand il guérit le paralytique porté par quatre hommes. Il commence par dire: « Confiance, mon fils, tes péchés te sont remis ».

 

A la lumière du 11 février, fête de Notre-Dame de Lourdes, où nous célébrons chaque année « a Journée Mondiale du malade », rappelons-nous tous ces aspects. Dans la maladie, ne voyons pas seulement l'aspect physique, mais également l'aspect psychologique et spirituel, car la personne humaine est un tout inséparable. Nous devons toujours nous rappeler que la souffrance, ainsi que la maladie, est une réalité que Jésus a assumée et a transfigurée par sa passion, mort et résurrection. Devant la maladie, nous devons faire tout ce qui est humainement possible pour guérir. Mais, en même temps, nous devons supplier le Seigneur pour deux choses: nous donner la force de porter notre maladie et, s'il le veut, nous purifier et nous guérir.

 

Le lépreux de l'évangile avait encore un peu de force, il a pu aller tout seul jusqu'à Jésus. Ce n'est pas le cas pour tous les malades. Certains sont tellement affaiblis qu'ils ne peuvent pas se déplacer tous seuls. Ils ont besoin d'aide. Nous sommes tous interpellés par tous ces malades. L'aide dont il est question n'est pas nécessairement financière, mais par exemple une visite, un service d'eau. N'oublions pas que beaucoup de malade sont abandonnés dans les maisons, surtout les vieillards, même par leurs propres  enfants. Pour nos familles, notre société et notre monde, nous devons demander des grâces abondantes de l'Esprit Saint pour qu'il nous accorde un cœur compatissant envers tous les malades. Rappelons-nous la parole de Jésus lors du jugement dernier: « J'étais malade et vous m'avez visité ». Et demandons à la Vierge Marie, Notre-Dame de Lourdes, la grâce de la conversion et de la compassion.

 

Mgr Bernard NSAYI

Evêque émérite de Nkayi